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Violée à 13 ans, cassée quand je porte plainte, sept ans après


Violée à 13 ans, cassée quand je porte plainte, sept ans après
Je fais partie de ces femmes qui ont eu le malheur d’être au mauvais endroit, au mauvais moment. J’ai été violée. A l’époque, j’avais 13 ans, je n’avais même jamais embrassé un garçon. Passons sur les détails sordides. En rentrant chez moi, j’ai fait comme si de rien n’était. Je me suis assise dans le fauteuil et j’ai regardé la télé. Je n’ai rien dit à mes parents, de peur de les décevoir, je me sentais coupable de ce qu’il m’était arrivé.

J’ai passé cette agression sous silence pendant sept longues années. Comme beaucoup de personnes le disent en ce moment, pourquoi attendre aussi longtemps? Si les victimes ne portent pas plainte de suite, c’est louche! Et bien si les victimes attendent aussi longtemps, c’est parce qu’il faut beaucoup de courage pour oser parler.

Il m’a fallu deux ans, entre le moment où je me suis dit qu’il était temps de tout déballer et le moment où j’ai réussi à franchir le pas. Deux années où, chaque jour, je pesais le pour et le contre: car oui, il y a là un dilemne. Continuer à tout taire pour éviter de faire souffrir l’entourage ou au contraire tout dire pour enfin se sentir soulagée? J’ai choisi la deuxième option. Les mots ne sont jamais sortis de ma bouche, mais mes parents ont bien compris mes pleurs.

«Vous pouvez revenir la semaine prochaine?»

Vient le moment de porter plainte. Quand on essaie de faire entendre sa voix à la justice française, on se dit qu’avouer son viol à la famille, c’est vraiment de la rigolade ! Car oui, dans la police, il y a beaucoup d’hommes qui ne sont pas tous fins. Pour citer seulement quelques réactions :

«La brigade des mineurs est en vacances, nous prenons seulement les cas urgents.»

«Vous avez attendu pendant sept ans, vous pouvez bien revenir la semaine prochaine quand nous aurons moins de travail?»

«Désolé, mais le délai de prescription est passé, on ne peut rien faire»

Pour rappel, cela faisait sept ans que j’avais été violée, et le délai de prescription est de dix ans : alors oui, certains policiers ne connaissent même pas les textes de loi...

«J’ai été traité comme si je venais porter plainte pour une CB»

Après avoir tenté de porter plainte sans succès dans trois commissariats (j’habite une grande ville), je décide de m’imposer. Dans le quatrième commissariat, l’accueil est aussi chaleureux que dans les trois premiers. On m’explique qu’il y a beaucoup trop de travail pour pouvoir s’occuper de moi, qui plus est pour une histoire aussi vieille. J’explique donc que je ne partirai pas tant que je n’aurai pas déposé plainte.

Cinq heures après mon arrivée, je suis enfin entendue. Plus de deux heures d’audition, sans pause, où il faut raconter les détails les plus ignobles possibles, toutes ses images que j’essayais d’oublier depuis des années. Bien entendu, je m’attendais à un peu de pitié et de compassion de la part du policier qui prenait ma plainte. Je n’ai eu le droit à rien de cela.

Pas d’affiche sur la porte du bureau pour signaler l’audition en cours, et donc des gens qui entrent dans le bureau pour parler de leur week-end en rigolant pendant la déposition. Dans chaque bureau, il y a deux policiers, deux victimes entendues simultanément. Pour l’intimité, on a connu mieux. A aucun moment on ne m’a proposé un mouchoir, un verre d’eau, ou encore de sortir prendre l’air... J’ai parfois eu l’impression d’être traitée comme si je venais déposer plainte pour une perte de CB.

Ma plainte « par erreur » à la poubelle

Dix mois après mon dépôt de plainte, j’ai contacté mon avocate, m’inquiétant de ne toujours pas avoir de nouvelles. Elle me dit que les délais sont généralement longs pour ce genre d’affaire et qu’il ne faut donc pas s’inquiéter. De part mon insistance, nous décidons ensemble de joindre le commissariat qui a pris ma plainte, histoire d’avoir plus d’infos et de savoir où en est ma plainte. Et là, comme si le chemin parcouru n’avait pas encore été assez dur, l’accueil du commissariat m’informe qu’aucune plainte n’a été enregistrée à mon nom.

Après quelques recherches et trois coups de fils, un policier avoue avoir jeté ma plainte par « erreur » à la poubelle, et que vu l’ampleur de sa boulette, il avait préféré ne rien dire. On me propose donc, de faire un geste exceptionnel pour implorer mon pardon : être entendue une seconde fois, mais sur rendez-vous, histoire de ne pas attendre.

On m’appelle deux semaines plus tard, en me demandant de venir dans la journée pour reporter plainte. J’étais au travail, et on m’a dit clairement que je ne pouvais pas choisir la date et que je devais voir avec mes supérieurs pour pouvoir partir plus tôt du travail. J’ai du insister très lourdement pour pouvoir venir le lendemain, déposer plainte pour la deuxième fois. J’ai cru à ce moment là que j’allais exploser. Je venais à peine de sortir de l’hôpital, j’étais extrêmement fragile, et cette nouvelle m’a fait l’effet d’une bombe.

Comment peut-on jeter à la poubelle une plainte pour viol ? Et si je ne m’étais pas inquiétée, aurais-je su un jour que ma plainte été perdue ?

Avec la psychiatre : « Un calvaire de plus »

J’ai donc eu le droit à être de nouveau entendue (et donc à raconter une deuxième fois mon calvaire), puis le lendemain, et à être interrogée pendant quatre heures par une experte psychiatre. Car oui, une fois la plainte enregistrée, le policier me dit avec un léger sourire que, bien sûr, « certaines filles portent plainte pour se rendre intéressante », et que donc, un expert m’analysera, histoire de savoir si je mens ou non.

En France, la victime doit se soumettre à divers expertises où sa parole est constamment remise en cause. A l’inverse, les « présumés » agresseurs n’ont même pas à rencontrer de psychiatre. Je pense qu’une simple analyse du parcours du combattant que je venais d’accomplir suffirait à prouver ma bonne foi. Je me suis donc retrouvée face à une charmante psychiatre qui, histoire de me faire craquer, prêche le faux pour savoir le vrai, et remet chacune de mes paroles en doute, et me harcèle de questions sur ma vie sexuelle actuelle. Un calvaire de plus.

«La justice n’a toujours rien fait pour moi»

Ma première plainte (perdue), a été déposée en juin 2010, il y a bientôt deux ans. J’en suis toujours au même point. La justice n’a toujours rien fait pour moi. Parfois je me dis que si j’avais été violée par un politique, la machine serait déjà lancée. Moi, jeune femme de classe moyenne, je dois attendre encore, pendant que mon agresseur est bien au chaud. Malgré tout, ma famille et mes amis sont plus que présents pour moi et sont d’un grand soutien.

Beaucoup remettront mes paroles en cause, car dans les esprits, « si on se fait violer c’est qu’on l’a cherché». Oui, quand je dis que j’ai été violée, on me demande toujours si j’étais ivre, si j’avais mis une jupe, si j’ai joué l’allumeuse, s’il était tard... Non, j’avais 13 ans, je n’avais encore jamais eu d’amoureux, je sortais de l’école, et je n’avais rien d’une aguicheuse. Et même si j’avais mis une jupe, ou souri à un homme, cela aurait-il justifié que je me fasse violer?

J’espère que toutes les filles qui ont connu une histoire proche de la mienne sauront se battre pour faire reconnaître leur statut de victime. Le chemin est long et douloureux mais il ne faut pas laisser gagner une deuxième fois nos agresseurs.     


Bamba Toure

Mardi 17 Avril 2012 - 06:36





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