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SEDHIOU - OFFRE EDUCATIF INADEQUAT, ABRIS PROVISOIRES, MANQUE D’ENSEIGNANTS… Les populations de Bounkiling choisissent les écoles gambiennes

Des abris provisoires pullulent dans la région de Sédhiou mais souvent avec une offre éducative inadéquate. Cependant se développe le long de la frontière avec la Gambie un système dit de «politique éducative choisie» jugé beaucoup plus attractif. Conséquence, des populations de Bounkiling préfèrent envoyer leurs enfants dans les écoles gambiennes tout en restant au Sénégal.


SEDHIOU - OFFRE EDUCATIF INADEQUAT, ABRIS PROVISOIRES, MANQUE D’ENSEIGNANTS… Les populations de Bounkiling choisissent les écoles gambiennes
Reportage - Des élèves assis  sur des troncs d’arbres pour étudier. Des écoles élémentaires,  des collèges et lycées en abris provisoires ou clôturés par des crintins. C’est la conséquence d’une inadéquation entre la demande en éducation des populations et l’offre. Une situation  qui pousse un grand nombre de parents à inscrire leurs enfants dans des écoles gambiennes au niveau de la zone frontalière. Et cela n’est que l’arbre qui cache la forêt des maux qui gangrènent le système éducatif dans le département de Bounkiling.

Ce jeune département, où se pose un problème de couverture du réseau éducatif, se caractérise par l’absence d’infrastructures scolaires dignes de ce nom. Les abris provisoires constituent la règle et les écoles bien construites  l’exception. «Le département est très pauvre en matière d’infrastructures scolaires. Même si elle reçoit des dotations en tables-bancs, la demande est encore supérieure à l’offre. D’ailleurs il y a des écoles où des élèves s’assoient sur des troncs d’arbres pour étudier», informe Sidy Fall l’Inspecteur départemental de l’éducation nationale (IDEN) de Bounkiling.

A l’image de toute la région, il y a beaucoup d’abris provisoires à Bounkiling. Même le lycée de la commune de Madina Wandifa est en abris provisoires, celui de Bounkiling, le chef lieux de département est clôturé en crintins. A cela s’ajoute une  demande sans cesse croissante et de loin  supérieure à l’offre. «Il y a beaucoup de villages qui demandent l’ouverture d’écoles, mais il n’y a pas suffisamment d’enseignants».

L’inspection départementale est aussi, sinon plus malade que les écoles. La mobilité au niveau de cette IDEN créée depuis trois ans est un véritable casse-tête. Pas d’équipements encore moins un moyen de déplacement pour aller voir ce qui se passe sur le terrain ou encadrer des enseignants. C’est souvent le préfet et l’Inspecteur d’académie (IA) de Sédhiou qui vient à la rescousse. A défaut, les inspecteurs ont recours à des motos, ce qui est risqué.

Pour s’adapter à la situation, l’IDEN opte pour une gestion de proximité dans les trois arrondissements. Aussi, l’Inspection d’Académie, de concert avec les IDEN, a mis en place un pool d’inspecteurs chargés  de superviser  tous les candidats aux examens professionnels. Ce pool se déplace et siège dans chaque zone pendant des semaines pour se consacrer aux candidats. Dans les zones  à risque, les candidats sont déplacés vers des endroits sûrs pour bénéficier de l’encadrement.

Gambie : Une «politique éducative choisie» pour capter des élèves sénégalais

Pis, déplore l’IDEN de Bounkiling, le gap  entre la demande en éducation dans cette zone fortement islamisés et l’offre pousse les parents, dans les zones frontalières à inscrire leurs enfants dans les écoles gambiennes répondant à leurs attentes, plus accueillantes et plus attrayantes. «La demande ne correspond pas au modèle d’écoles disponible. Il y a beaucoup de foyers religieux. Ce qui fait que les populations préfèrent des écoles franco-arabes à la place du modèle classique qui offre un enseignement en français. Des écoles sont construites le long de la frontière avec la Gambie, mais les écoles gambiennes sont plus attractives».

Selon l’IDEN, le constat, c’est que le gouvernement gambien mène sur cette bande frontalière une «politique éducative choisie». Contrairement aux abris provisoires notés au Sénégal, la république sœur de Gambie  dispose d’écoles bien construites dotées de cantines scolaires. Aussi, les tenues ou uniformes scolaires obligatoires permettent de mettre au même niveau sur  le plan vestimentaire pauvre et riche au grand bonheur des parents.

S’y ajoute le débouché rapide ou la réussite scolaire. «L’avantage là-bas, c’est qu’à partir du Cours moyen deuxième année (CM2) l’on peut travailler. Il y a beaucoup de cadres gambiens qui ont des origines sénégalaises. Quand ces derniers reviennent ou rendent visite à leurs parents ils sont enviés. Et par effet de mimétisme, des parents envoient leurs enfants étudier de l’autre côté de la frontière pour réussir à l’image de leurs ainés. Il y a également l’enseignement arabe offert sur place», renseigne Sidy Fall.

Insécurité, mariages et grossesses précoces, violences scolaires : Les autres freins à l’éducation

Le département de Bounkiling, c’est aussi l’insécurité avec des attaques et braquages perpétrés par des éléments armés supposés appartenir au Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC). L’une des dernières en date c’est l’attaque du cantonnement  militaire de Kabum en décembre dernier entrainant des perturbations scolaires dans la zone pendant plusieurs jours.

L’IDEN précise que cette insécurité est notée dans les zones de Dioub, à la frontière avec la Gambie et vers Kabum, frontalier avec le Bignona dans la région de Ziguinchor. «C’est une zone où des enseignants sont  des modèles. Ils sont restés à leurs postes malgré l’insécurité. Et c’est heureux que la rébellion n’a pas comme cible les enseignants», reconnaît Sidy Fall.

Cependant s’empresse de souligner l’IDEN «l’insécurité fait que des enseignants n’osent pas aller dans des villages. On a recours dans certaines localités à des volontaires recrutés et pris en charge par des villageois eux-mêmes (VPP). Ils font de bons résultats, mais ils ne bénéficient d’aucun appui des autorités. D’ailleurs, ces VPP ont saisi le médiateur de la République pour que l’Etat pense à eux».

L’autre frein à l’éducation, surtout des filles, dans ce département ce sont les grossesses et mariages précoces qui constituent un obstacle au maintien des filles à l’école. Dans le Sénoba, secteur frontalier avec la Gambie, les filles sont des soutiens de familles. Pour cela, elles s’adonnent au commerce pour subvenir aux besoins de leurs familles. Il y a aussi le «phénomène des violences scolaires, les violences sur les filles qui découragent» ces dernières.  

Un plan spécial en éducation pour combler le retard de Sédhiou

Les autorités en charge de l’éducation sont conscientes du danger au niveau local, «mais il nous faut de l’appui au niveau supérieur. Il nous faut beaucoup d’enseignants en arabe. Et avec des programmes initiés grâce au système de partenariat mis en place, notamment la politique de cantines scolaires (Etat, Programme alimentaire mondial-PAM), les résultats sont satisfaisants».

Il y a également le concours des Ong comme l’USAID et Aide et action qui concentrent leurs actions sur le cycle moyen avec des programmes de construction d’établissements, d’appui aux personnes vulnérables ou vivant avec un handicap et aux parents démunis. Mais au-delà, de toutes ces actions et programmes, «il faut un plan spécial pour hisser cette région au même niveau que les autres sur le plan de l’éducation», suggère l’IDEN de Bounkiling.

A Sédhiou l’IA est attentive à la menace de la politique éducative gambienne dans cette zone fortement islamisée qui subit la «réalité de la proximité, le voisinage, la qualité de l’éducation et  l’accueil» en Gambie. Face à la non satisfaction de la demande qui ne correspond pas forcément à l’offre éducative, «l’alternative c’est aller vers des écoles franco-arabes, l’appui scolaire avec l’ouverture de cantines scolaires (Etat et PAM)», conseille Saliou Faye l’IA adjoint.

En attendant, l’UNICEF vient en appoint aux écoles en creusant des forages, électrifiant des écoles à l’aide du solaire. Aussi, même s’il y a un déficit d’enseignants, notamment en mathématiques, sciences de la vie et de la terre et de philosophie, les «besoins sont minimes. Nous avons reçu des Ordre de service (OS) de la direction des ressources humaines du ministère et nous attendons incessamment de nouvelles OS pour résoudre définitivement le problème», rassure Saliou Faye.

Des écoles franco-arabes et des appuis scolaires comme alternative

D’ailleurs, plus de 120 vacataires viennent de boucler une formation de trois jours (jeudi, vendredi et samedi derniers) à l’école II de Sédhiou. «Le diplôme ne fait pas forcément un bon enseignant, c’est pourquoi nous avons initié cette formation pour fournir à ces enseignants sans formation, les rudiments pédagogiques. Et leur imprégnation  sera complétée dans le cadre des cellules d’animation pédagogique, les camarades enseignants dans les établissements scolaires», ajoute-t-il.

Bounkiling compte 144 écoles élémentaires dont 13 écoles franco-arabes. Ce dispositif est renforcé au niveau supérieur par 15 collèges dont 13 publics et 2 privés avec un franco-arabe. «Mais c’est très faible par rapport à la demande». Pour ce qui est de la petite enfance, l’IDEN en compte 15 à savoir 4 cases des Tout-petits, 2 écoles maternelles et 7 classes préscolaires logées dans des écoles élémentaires, histoire de doper l’enseignement préscolaire. Il y a également 2 garderies privées.

Boukiling dispose d’un centre d’examen franco-arabe, le seul dans toute la Casamance naturelle, logé au niveau de l’unique collège franco-arabe du département. Ici, mêmes des élèves d’autres écoles peuvent faire des examens et ceux qui veulent continuer dans le système franco-arabe sont les bienvenus. Ils peuvent s’y inscrire ou allier les deux systèmes français et arabes.


Bamba Toure

Mardi 14 Février 2012 - 11:28





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