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"Marine, c'est plus facile à assumer que son père"


"Marine, c'est plus facile à assumer que son père"
Un élève de 1re, avec des bagues aux dents. Dans l'Aisne, Damien Nicolas, le responsable du Front national jeunesse, 17 ans, a sa carte depuis un an et... des tas de camarades qui pensent comme lui, au lycée Saint-Jean et La Croix de Saint-Quentin. "Une trentaine, au moins, parmi les premières et terminales", assure-t-il.

Nous en retrouvons une poignée devant l'entrée de ce collège-lycée privé de centre-ville. Un bâtiment moderne, propret, comme les jeunes qui nous attendent. D'allure, ils ressemblent à tous les lycéens du moment : les filles portent le cheveu long, le foulard à fleurs et le talon compensé, les gars ont travaillé la mèche qui barre le front ou l'explosion de cheveux gélifiés. Des lycéens souriants, causants, issus des classes moyennes, qui tous voteront "Marine" ou auraient aimé le faire, s'ils en avaient l'âge.

Cette Marine qui a "beaucoup de charme", tout du moins "une belle prestance". Qui "est moins extrémiste". Et, surtout, "donne l'impression de vouloir faire ce qu'elle dit, et pas seulement de vouloir aller à l'Elysée pour une bonne paye". Marine-la-moderne qui sait leur parler sur le Web. Forums de discussion, Facebook, Twitter, application iPhone diffusant ses meetings en direct... "Elle nous rassure sur l'avenir, elle veut faire des choses pour nous", explique Marion dont le père, fonctionnaire, pense comme elle, à moins que ce ne soit l'inverse.

PEUR ET EXASPÉRATION

"Elle veut orienter dès 14 ans vers des métiers manuels ceux qui n'aiment plus trop l'école, et perturbent la classe. Elle va aussi rendre sa monnaie à la France, et arrêter de donner de l'argent à la Grèce, et les salaires jusqu'à 1 500 euros vont augmenter de 200 euros..." Camille, 17 ans, rêve d'entrer dans la police. "Marine, elle diminuera le taux d'immigrés, et c'est bien !", lance l'élève de 1re STG (sciences et technologies de la gestion). Il y a bientôt plus d'immigrés que de Français ! Nous, on doit faire des études et au final, on laisse le boulot aux immigrés. Quand on va à l'hôpital de Saint-Quentin, les médecins, ils ont tous des noms étrangers."

L'étranger, l'immigré, le musulman concentrent leurs exaspérations et leurs peurs : la viande halal, les cantines d'où l'on retire le porc, le droit de vote des étrangers, les mosquées avec des minarets visibles, comme à Saint-Quentin, le voile, les groupes de rap qui vomissent la France et sa police... Sophie, en 1re littéraire, raconte comment ses parents, aide-soignante et ouvrier, ont basculé de l'UMP au FN. "Parce que l'UMP n'a pas d'effet, ne s'intéresse pas aux vrais problèmes, comme l'immigration. Le FN, lui, est pour l'expulsion des sans-papiers du territoire. Même au lycée, j'en entends qui parlent leur langue, ils ne font pas d'efforts pour s'intégrer ! Sachant qu'on a une histoire catholique, les minarets, ça nous choque, automatiquement. Qu'ils pratiquent leur religion discrètement, sans détruire notre patrimoine !" A Saint-Quentin, toujours des jeunes pour vous "embrouiller" en centre-ville. Question sécurité, seule Marine saura y faire.

La mère d'Antoine, en 1re S, travaille dans une bijouterie à Paris. Dans le métro, le jeune homme se sent "agressé". "On regarde autour de nous, il n'y a que ça, ils sont provocateurs, ils nous poussent, ils nous volent." Et de poursuivre. Chaque fois qu'un emplacement se libère en ville, on construit des HLM qui sont pour "eux". "Ils" ne travaillent pas, "ils" profitent des aides. Avant de conclure, sûr de lui. "Ils sont un peu fainéants. Si on cherche un travail, on trouve." Ici ou là, Damien qui, à 10 ans, préférait un poster de Nicolas Sarkozy à celui d'un footballeur sur la porte de sa chambre, intervient, pondère les propos, tente d'envelopper les colères de formules plus politiques.

Sa mère, animatrice commerciale, et son beau-père, chauffeur routier, étant déjà convaincus, c'est au lycée qu'il prêche la bonne parole de "Marine". Ce qui lui a déjà valu un rappel à l'ordre de la direction, pour lui répéter les valeurs de l'établissement. Chez ses camarades, c'est évident, il y a un "effet Marine". "Quand j'en parlais, en 3e, c'était compliqué. En terminale, je n'ai plus aucun problème." Aux cantonales de mars 2011, rappelle-t-il, le vote FN a atteint près de 40 % dans le centre de Saint-Quentin. "Maintenant, quand je partage un lien sur Facebook, il y a plein de gens qui "like". C'est plus facile d'assumer, avec Marine, elle n'a pas les casseroles de son père."

"TOUS EN DJELLABA"

A l'autre bout de la ville, une autre ambiance, mais une même absence d'inhibition. Le quartier Remicourt, plutôt pavillonnaire, jouxte les barres de la ZUP. Devant le lycée professionnel Colard-Noël, une quinzaine de jeunes fument entre deux cours, assis sur des bancs de pierre qui se font face, au milieu d'une butte herbeuse. Ils sont en BEP ou en bac professionnel restauration, comme le laissent deviner les vestes sombres et les chemises blanches qu'arborent certains. Les filles, moins sobres, jouent du décolleté plongeant et du pantalon moulant. Leur âge ? 15 à 20 ans. Leurs idées pour la présidentielle ? "Le Pen !", répondent-ils dans un cri commun. Avant d'exploser de rire.

Une jeune fille démarre au quart de tour, et ne s'arrête plus. "Sarko, il a fait des promesses mais a tout lâché. Il fait tout augmenter. Faut renvoyer ceux qui n'ont pas de papiers, ils viennent foutre leur gros bordel, comme machin Merah, là. A cause d'eux, on n'a pas de travail. Ils sont contents d'avoir des salaires de misère. Ces putains de bougnoules, ils ont la CMU [couverture-maladie universelle], ils ont tout. Nous, comme on est traités, ça se fait pas! On sait qu'on va travailler dur, on aura des salaires de misère, la vie est chère. On va tous mettre la djellaba, hein !", interpelle-t-elle ses camarades.

Personne ne la contredit. Ses camarades ont l'air ailleurs : "Rien à péter de la politique", disent-ils. De ces gens qui parlent et n'agissent pas, bien payés, et toujours en vacances à l'autre bout du monde. Fabrice, 18 ans, découvre qu'il peut voter le 22 avril. "J'ai une compète, moi, pas le temps." De toute façon, la politique ne changera pas leur vie. "Si le smic augmente, les impôts vont augmenter aussi, ça sert à rien." Sur le banc opposé, deux garçons, qui ont cité François Hollande ("Il dépénalise le cannabis, madame, non ?") ou parlé de voter blanc, osent dire qu'ils n'aiment pas Mme Le Pen. "C'est une raciste." Certains acquiescent. Au milieu de la petite bande, le jeune André, d'origine indienne, se tient coi. Sans toutefois avoir l'air choqué. "Celui-là, on le garde !", rigole l'une des filles, en lui passant les bras autour du cou. "Je suis sa copine, ça n'a rien à voir. Lui, il est né en France, il est français."

Avec Lemonde

Bamba Toure

Mardi 10 Avril 2012 - 06:48





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