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Les mystères de la petite sœur d'Hassan II

Aussi éloignée du peuple qu’elle était proche des chevaux, la plus sportive des tantes du roi était le dernier legs direct de Mohammed V.


Les mystères de la petite sœur d'Hassan II
Pour la famille royale, la fête de l’aïd cette année a été un jour de deuil. Cinquante-et-un ans après le sultan dont elle était la préférée, la princesse Lalla Amina, comme lui,  mourra à la fin du ramadan.

Après une longue lutte contre la maladie, elle a rendu l’âme à l’âge de cinquante-huit ans dans la nuit du jeudi 16 août 2012, comme l’a annoncé un communiqué du Ministère de la Maison royale, du protocole et de la chancellerie.

Ses funérailles ont eu lieu le lendemain à la mosquée Ahl Fès sur la place du Méchouar, en présence des membres de la famille royale. Elle a été inhumée aux côtés de sa mère, Lalla Bahia, troisième épouse de Mohammed V, au Mausolée Moulay el-Hassan, dans l’enceinte même du palais royal.

La mémoire marocaine retiendra d’elle sa passion pour l’équitation et son allure masculine et décontractée qui jure avec les lourds caftans et tailleurs guindés auxquels s’astreignent les autres altesses chérifiennes.

Exil malgache

Pourtant, à la naissance, rien ne prédestinait la petite Amina, que tout le monde appellera Lalla Mina, à mener une carrière de princesse, ni à être enterrée avec les honneurs d’Etat. Elle vit le jour le 14 avril 1954 à Madagascar où son père dut s’exiler après avoir été déposé par le Maréchal Guillaume.

De tous les enfants de Mohammed V, elle était la seule à avoir des papiers français. Le sultan et sa suite de 35 personnes s’installèrent à Antsirabe, dans l’Hôtel Terminus, réquisitionné à leur intention par l’administration française, qui mit également à leur disposition du personnel comorien.

La petite ville thermale de trente mille habitants, située à plus de mille six-cents mètres d’altitude et surnommée la Vichy malgache, fut le théâtre d’intrigues dignes du harem de Soliman, qui faillirent bien coûter la vie à la petite Mina.

Olives assassines

Dans Hassan II entre tradition et absolutisme, Ignace Dalle rapporte le témoignage du docteur Cléret, médecin personnel du sultan, qui assista à l’accouchement difficile de Lalla Bahia à l’hôpital mixte d’Antsirabe. Bien que la santé de la mère et de l’enfant parût compromise, les médecins militaires français refusèrent pourtant de l’évacuer à Tananarive.

«Il y avait de leur part du mépris à la fois pour la famille du sultan et pour l’Eurasien que je suis», se souvient Cléret, qui dut monter en urgence un semblant de salle d’opération où un dentiste malgache a servi d’anesthésiste pour permettre aux médecins de faire une césarienne.

Quinze jours après sa naissance, lorsque l’enfant eut une occlusion intestinale, le docteur Cléret découvrira qu’on lui faisait avaler des olives. D’après cet intime de la famille royale, seule une épouse jalouse pouvait agir ainsi avec l’enfant d’une rivale.

La fille de l’autre

Mina est la dernière d’une fratrie dont tout la séparait: une très grande différence d’âge, et surtout une jalousie entre les mères, qui a mué en haine venimeuse au fil des ans. La toute-puissante Oum Sidi, mère de l’héritier du trône, fera tout pour évincer Bahia et sa fille.

De son vrai nom Zahwa, la mère des princes estoriginaire de Safi. Elle fut la fille du chauffeur de Thami El Glaoui, le célèbre pacha de Marrakech. Alors qu’elle n’avait que 12 ans, celui-ci l’offrit à Mohammed V qui l’épousa et la rebaptisa Abla, du nom de la bien-aimée d’Antar, le légendaire poète et guerrier préislamique.

Elle parvint très rapidement à régner en maîtresse absolue sur tout le harem, en créant son propre service de renseignement, et surtout en écartant la première épouse du sultan, Lalla Amina, qui lui avait donné sa première fille Fatima-Zahra en 1929. Son arme? Les filtres, les grigris des guérisseuses et autres sorcières dont elle s’entoura, mais surtout la naissance du premier enfant mâle du sultan, le futur Hassan II.

Elle lui fera un second fils et trois autres filles. L’arrivée de la belle et blanche Bahia dans le gynécée du maître donna bientôt du fil à retordre à Oum Sidi. La toute jeune concubine de Mohammed V, procurée, elle, par le pacha de Mogador, accaparera bientôt toute l’attention du Sultan qui lui porta un amour fou jusqu’à la fin de ses jours.

Rivalités meurtrières

Une sulfureuse note des Renseignements généraux français, dont fait état Ignace Dalle dans son livre, rapporte même que le jeune et fougueux prince héritier, complice de l’ire maternelle, se serait emparé d’un revolver dans la nette intention de tuer la jeune amante. Bahia s’échappa du Palais et demeura introuvable plusieurs jours.

Les serviteurs du sultan qui la retrouvèrent apparemment chez une voyante d’Akkari, le quartier européen de Rabat, la lui ramenèrent et il l’épousa sans plus attendre pour la soustraire à la vindicte du prince et de sa mère. Ce n’est qu’à la mort d’Oum Sidi en 1992 que Bahia aura enfin la paix, elle lui survivra jusqu’en 2008. C’est ainsi que naquit Mina, qui porte curieusement le prénom de la première épouse de son père.  

    «On comprend ainsi que le sultan n’ait donné aucune publicité à ce mariage et que les milieux nationalistes se montrent très discrets à ce sujet», commente la note des RG.

Les fastes de l’indépendance

Si son arrivée au monde fut entachée par ce péché originel qui en fera une princesse en marge des habitudes de la cour, Mina deviendra aux yeux de son père, dès qu’il renouera avec le Mouvement nationaliste depuis son exil, un présage d’indépendance.

De retour à Rabat, le 16 novembre 1955, le dorénavant roi Mohammed V qui chérissait sa fille plus que tout souhaita qu’elle grandisse loin de l’atmosphère confinée du sérail, sans doute pour la protéger de ses intrigues empoisonnées.

Il lui fit aménager la villa Yasmina, à dix minutes du Palais. Un «domaine de conte de fées» où on lui enseigna l’art d’être princesse, selon Malika Oufkir. Celle qui était alors la fille aînée de l’aide du camp du roi sera adoptée par lui pour être demoiselle de compagnie de Mina. Elle partagea onze années de la vie de la princesse et en passera dix-huit dans les geôles de Hassan II suite au coup d’Etat de son père, le général Mohammed Oufkir.

Dans son livre La prisonnière, elle revient sur son enfance entre la villa Yasmina et le Palais en compagnie d’une princesse dont l’ingratitude l’a éloignée. Elle y décrit un quotidien d’exception, dans une grande maison blanche dont Mina occupait le premier étage avec sa gouvernante allemande, la sévère Jeanne Rieffel. Malika, Fawzia et Rachida, deux fillettes de condition modeste, également adoptées pour grandir auprès de Mina, occupaient une dépendance.

Vie de conte de fée

La petite suite était souvent photographiée et filmée par les médias internationaux qui s’intéressaient à la vie de la fille de Mohammed V. Toutefois, ses camarades de jeu ont tôt fait de comprendre qu’elles n’avaient pas le même statut que Mina. Outre les repas diététiques qui leur étaient imposés en raison des problèmes de poids de la princesse, elles n’avaient ni le droit de porter les mêmes vêtements qu’elle, ni même d’avoir les cheveux longs, parce qu’elle les avait frisés.

    «Lalla Mina était une enfant très gâtée. Du vivant de son père, les chefs d’Etat du monde entier lui envoyaient des milliers de jouets qui s’empilaient dans son immense salle de jeux, au rez-de-chaussée de la villa Yasmina. Walt Disney avait conçu une voiture américaine exprès pour elle», se souvient Malika Oufkir.

En plus de son école primaire et sa salle de cinéma privées, la petite Mina avait aussi son propre zoo, car elle avait une passion pour les animaux, notamment pour les chevaux dont elle a fait sa raison de vivre.

«Toute sa vie tournait autour de l’équitation», confie sa sœur adoptive. A peine âgée de cinq ans, Mina avait des chèvres, moutons, écureuils, pigeons, une chamelle blanche offerte par le gouverneur de Ouarzazate et un éléphanteau offert par Nehru, accompagné de son cornac indien, ainsi que son propre Haras.

Le frère remplaça le père

Mohammed V décèdera précipitamment à l’âge de cinquante-deux ans, alors que Mina n’avait que sept ans. Le protecteur de Bahia que la petite fille appelait Mamaya n’était plus, et Mina fut menacée de perdre ses privilèges. Ce ne fut pas le cas, car Hassan II tint la promesse faite à son père de s’occuper de sa petite sœur comme sa propre fille.

Il fut d’autant plus aisé pour le jeune monarque de trente-deux ans qui n’avait pas encore d’enfants de concéder à sa petite sœur les privilèges dus à la benjamine des Alaouites. Des parties de chasse à la panthère en compagnie de son frère le roi dans la région d’Ifrane, alors qu’elle était à peine âgée de dix ans, elle gardera la passion de la chasse.

Plus tard, dans sa vie de femme adulte, il n’était pas rare qu’elle rapporte un sanglier d’une battue matinale et qu’elle le cuisine avec des ingrédients aussi improbables que des framboises. La bienveillance de Hassan II à son égard ne la dédouanait pas de ses colères lorsqu’il examinait ses carnets de notes, souvent médiocres. Elle s’est souvent vue infliger des corrections sévères par les esclaves du feu, en charge d’administrer les châtiments corporels au Palais.

La passion du cheval

Heureusement pour les Alaouites, nul besoin d’avoir mention très bien au bac pour occuper des fonctions importantes. Du vivant même de son père, Lalla Mina était déjà présidente de la Ligue marocaine pour la protection de l’enfance. Elle entama après le lycée impérial des études de philosophie peu concluantes, mais Hassan II estimait qu’une femme devait avant tout fonder un foyer.

Il la maria à un médecin de bonne famille, Moulay Driss El Ouazzani, avec qui elle eut une fille, Lalla Soumaya. Veuve longtemps avant sa mort, Lalla Mina était réputée aussi peu intéressée par les hommes que par la philosophie. Toute sa vie, elle n’est restée fidèle qu’à sa passion pour les chevaux.

Si elle n’a pas réussi à démocratiser ce sport d’élite, contrairement à ce qu’affirme un portrait dithyrambique publié par Maroc Hebdo, c’est à elle que le Maroc doit la traditionnelle «semaine du cheval»  qu’elle a inaugurée en 1980 en sa qualité de présidente de la Fédération royale marocaine des sports équestres. Cavalière d’exception, elle est aussi entraîneur de l’équipe du Maroc d’équitation, et elle a à son actif quelques prouesses olympiques de chevaux marocains élevés dans son écurie privée de Dar Brini.

Ses nombreux autres titres honorifiques, notamment dans le domaine social, n’ont jamais pris le dessus sur ce que Malika Oufkir a décrit comme une passion très égoïste du cheval. D’ailleurs, un réalisateur mandé pour filmer ses écuries avait eu l’idée incongrue de comparer les luxueux boxes des étalons à la misère où pataugeaient les enfants du bidonville adjacent… Ce qui lui a valu de longues heures de garde-à-vue.

Zineb El Rhazoui

Source: Slateafrique.com


Jeudi 23 Août 2012 - 11:21





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