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Alain Giresse, coach des "Lions" : «Le plus fort, c’était Bocandé»

L'entretien a été réalisé au lendemain du retour d'Alain Giresse de sa mission de prospection en Gambie pour trouver un terrain où devrait se jouer le Sénégal-Angola du 23 mars prochain. L'idée, c'était d'aborder avec le sélectionneur des "Lions" ses relations intimes avec le Sénégal et l'Afrique, lui qui sillonne le continent depuis sept ans et va entraîner sa troisième sélection nationale, après celles du Gabon et du Mali. Giresse a forcément des histoires africaines à raconter. Il évoque son Sénégal et sa part d'Africain. Entretien...


Alain Giresse, coach des "Lions" : «Le plus fort, c’était Bocandé»

Coach, quel a été votre premier contact avec le Sénégal?

Cela remonte en 1986, à l'occasion du jubilé de Boubacar Sarr Locotte (ancien international sénégalais des années 80 qui a évolué à Paris et à Marseille : ndlr). C'était en décembre 86, je crois, et ce qui m'avait surpris, c'est qu'il faisait froid à Dakar. J'étais malade en plus. Et comme il y avait eu deux matchs lors de ce jubilé, je n'ai joué que le second.

Quels souvenirs gardez-vous de cette découverte ?

Je m'étais dit, comme je vais en Afrique en plein décembre, je vais en profiter pour me baigner à la mer. Mais, je n'ai pas pu le faire parce qu'il faisait particulièrement froid à Dakar en décembre 1986. Comme quoi, on se fait toujours des idées sur l'Afrique et à l'arrivée, on constate que ce n'est pas l'été tous les jours.

Au détour d'une interview qu'il nous avait accordée juste après votre nomination, votre conseiller, Joe Kamga, révélé que vous venez au Sénégal depuis l'âge de 5 ans. Qu'en est-il?

(Rires) Non, non, je ne sais pas pourquoi il l'a dit, mais comme je vous l'ai avoué, la première fois c'était en 1986. La deuxième fois, c'était la dernière fois (le 9 janvier dernier : ndlr) pour signer mon contrat avec la Fédération sénégalaise de football (Fsf) et prendre fonction comme sélectionneur du Sénégal.

L'autre information surprenante soufflée également par votre Conseiller, c'est que vous connaissez l'hymne du Sénégal par cœur.

Pas par cœur. Disons que je le connaissais par cœur, mais plus maintenant. Mais, il me reste quelques bribes de phrase dans l'hymne que j'ai mémorisées. Comme le passage où on dit: "Le lion rouge a rugi, le dompteur de la brousse…". Je le connaissais parce que j'ai un cousin qui a passé une partie de son enfance au Sénégal, puisque ses parents tenaient la boutique Marzin Sports à Dakar. Il a été à l'école ici et à chaque fois qu'il revenait en vacances en France, il chantait l'hymne sénégalais et ça m'est resté. C'est comme ça que je l'ai appris.

Votre première fois au Sénégal, c'était en 1986. Vous êtes revenu à Dakar, 27 ans plus tard, en 2013. Avez-vous eu un choc en redécouvrant le pays?

Le pays, je l'ai vu vite fait parce que pour aller en Gambie (il s'était rendu en Gambie, le 15 janvier dernier, pour superviser la pelouse du stade de Banjul susceptible à l'époque d'accueillir le Sénégal-Angola du 23 mars : ndlr), j'ai pris la route et j'ai eu une impression assez vague. Maintenant, je me rends compte que Dakar, c'est une grande métropole avec beaucoup d'infrastructures modernes. Comparée à Libreville (Gabon) et Bamako (Mali), où j'ai vécu (il a été sélectionneur de ces deux pays : ndlr), Dakar c'est une autre dimension.

 

"Le plus fort, c'était Bocandé. Un personnageIl ne laissait pas indifférent avec sa ferveur, sa joie de vivre"

 

Pour revenir à 1986quels sont vos rapports avec Boubacar Sarr Locotte ?

Je l'ai eu comme adjoint au Paris-Saint Germain (en 1998). C'est un garçon charmant, très attentionné et tout en gentillesse.

Dans la même génération, il y a les Roger Mendy, Jules Bocandé, Oumar Guèye Sène, Pape Fall, etc., qui ont tous évolué en France, à votre époque. Que retenez-vous d'eux ?

Roger Mendy, Bocandé, c'étaient des joueurs énormes. Jules Bocandé, c'était un grand attaquant, ça c'est sûr. J'ai joué également avec Abdoulaye Diallo (ancien international sénégalais) et Pape Fall (actuel coach adjoint à Caen : ndlr) à Marseille. Avec ce dernier, j'ai d'ailleurs gardé le contact. Mais, c'était tous des garçons charmants, chaleureux, sans problèmes en plus d'être d'excellents professionnels.

Qu'avez-vous pensé du décès de Jules Bocandé ?

J'ai vu ses obsèques à la télé, parce que cela m'a trouvé au Mali. Je pense que Jules a eu les obsèques qu'il méritait. Mais, c'est triste parce qu'il était encore jeune (54 ans), il devait vivre et il fait comme ça, une opération qui tourne mal. C'est très regrettable.

D'après vous, qui était le plus fort d'entre tous ces footballeurs sénégalais ?

(Long soupir) Boubacar Sarr Locotte, ce n'était pas mal dans son registre de footballeur ondulant (il mime le geste du joueur qui feinte une action). Omar (Guèye) Sène aussi, c'était quelque chose. Ah! Mais Jules Bocandé, quand même! (admiratif). Il avait fait une saison extraordinaire à Metz (1985-1986 : meilleur buteur du championnat de France avec 23 buts : ndlr). En plus, Bocandé, c'était un personnage. Il ne laissait ni indifférent, ni insensible son monde. C'était aussi la ferveur, le dynamisme, la joie de vivre.

Auriez-vous aimé entraîné la génération 2002, celle des El Hadji Diouf?

Bien sûr (il se répète). Quand vous avez comme ça une génération qui a été quart de finaliste de la Coupe du monde et finaliste de la Can 2002c'est sûr que ça fait envie. Mais, après coup, on se dit que c'était une autre histoire avec des joueurs et un coach à leur tête (Bruno Metsu). C'est tout. C'est une belle génération.

 

"Gamin, je jouais au foot avec des maillots de la Jeanne d'Arc de Dakar, de l'U$ Gorée..."

 

Il se raconte aussi que vous entretenez une relation particulière avec les clubs sénégalais et que vous auriez des maillots de la Jeanne d’Arc de Dakar, du Jaraaf, etc. Quelle est l'histoire ?

Malheureusement, je ne les ai plus. C'était des maillots que ma tante, qui vivait à l'époque à Dakar, me ramenait en France. Elle gérait le magasin Marzin Sports de Dakar. J'étais alors gamin, je jouais au foot et j'étais content qu'elle me ramène des maillots de clubs sénégalais. Mes copains en France me posaient des questions sur ces maillots, parce qu'ils étaient très originaux. J'entendais parler de Jeanne d'Arc, de l'Us Gorée, etc.

Depuis tout petit, vous entretenez un rapport particulier avec le Sénégal. Comment analysez-vous cette relation ?

Je ne voudrais pas être superstitieux mais je pense que c'est un signe du destin. Je vais prendre contact· d'ailleurs avec mon cousin germain, qui a vécu très jeune au Sénégal, et ça va lui faire drôle. IL va me dire qu'il connaît tel endroit, tel lieu à Dakar. Vous vous imaginez, il a passé son enfance ici et quand il revenait en vacance en France, il revenait avec plein d'images. Et c'est sûr qu'il va me demander des choses sur Dakar. Mais, c'est l'ordre du destin que je me retrouve beaucoup plus tard au Sénégal comme sélectionneur.

Qu'est-ce qu'il y a de Sénégalais, d'Africain en vous?

Ah! (Rires) Bonne question! Est-ce que vous savez comment cela a commencé avec l'Afrique? Cela a débuté d'abord avec les joueurs africains que j'ai entraînés en France (Toulouse, Paris SG. Ensuite, à travers les Black Stars (sélection de joueurs africains évoluant en France qui organisaient dans les années 80-90 des matches entre eux : ndlr) qui m'avaient invité un jour à venir jouer avec eux. J'étais le seul Blanc du groupe et j'ai commencé à sillonner l'Afrique avec eux pour des matches. Ça se passait, j'ai aimé l'ambiance. Après, il y a la vision qu'on a plus jeune du continent africain. Il faut reconnaître que c'est un continent qui fascine. Il y a les beaux animaux (sic) alors qu'en Europe, on n'a que des moutons et des vaches (rires). Quand j'ai été nommé sélectionneur du Gabon, j'ai découvert l'Afrique, j'ai appris et j'ai vécu des moments formidables à trav.ers le foot. Sur le plan humain, c'était des moments forts. Au Mali, c'était-pareil. Je crois que j'ai toujours su m'imprégner des réalités africaines. Ce qui m'a le plus interpellé au Gabon et au Mali, c'est que j'ai découvert que j'avais beaucoup d'homonymes en Afrique. J'ai découvert des gamins portant le nom de Giresse dans ces deux pays-là.

Qu'est-ce que cela vous fuit?

C'est une surprise. Dans ces situations, on se rend compte de la force du football et de ce qu'on a réalisé en tant que footballeur. C'est toujours drôle. Au Gabon, je me suis retrouvé un jour dans un endroit où on appelait mon nom. Je me retourne, je demande qui m'appelle. On me répond que non, on parle à une autre personne. Et sur sa carte d'identité, il était bien inscrit Giresse. Au Burkina Faso, durant une saison, le gagnant de la star académie s'appelait Alain Giresse tout court. C'est un côté touchant, surprenant mais je ne sais pas si je dois en être fier.

 

"J'ai découvert que j'avais des homonymes partout en Afrique"

 

En tant que footballeur, vous étiez un excellent milieu de terrain. Est-ce que déjà vous ne portiez pas les particularités du jeu africain en vous, la créativité, la spontanéité, etc.?

Je n'y avais jamais pensé mais disons que j'avais un jeu plus sud-américain, brésilien. Mais, c'est vrai qu'il y a des similitudes même si chaque football a ses propres aptitudes.

Giresse, l'Africain. Est-ce une appellation qui vous va?

Il faudrait que je vous montre un article que m'avait consacré un journal français. Le journaliste avait titré: "Giresse aime l'Afrique!" Après, parler de Giresse l'Africain... Non, je n'ai pas cette prétention. Je suis Européen, sauf que je sais vivre dans ce continent, apprécier ce continent et m'imprégner de ses réalités. Après, non, on ne peut pas parler de Giresse l'Africain.

Vous avez signé un contrat de deux ans avec le Sénégal. Comment allez-vous matérialiser votre attachement à ce pays? Allez-vous vivre ici le temps de votre contrat?

Ma base, c'est le Sénégal. Après, on est dans un fonctionnement où il faut-faire de l'observation et aller voir les joueurs dans leurs clubs en Europe. C'est une nécessité. C'est une combinaison qui va se faire.

Réalisé par "Tout les Sports"


Bamba Toure

Samedi 23 Février 2013 - 08:58





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