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Mamadou Lamine Diombera : Pionnier du tourisme académique en Afrique francophone


Il parle doucement, avec cette retenue qui caractérise les hommes dont le parcours se passe de grands discours. Et pourtant, chaque mot posé par Mamadou Lamine Diombera résonne avec la force de ceux qui ont franchi les obstacles un à un, sans bruit ni fracas. Premier professeur titulaire en Tourisme promu par le concours du CAMES au Sénégal, il incarne une réussite rare, forgée dans l’effort, la ténacité, la foi en l’école, et l’amour du pays. Mais cette consécration n’est que la partie visible d’un parcours exemplaire, forgé dans la passion du savoir, l’engagement de terrain et la volonté de transmettre.

Avant d’être universitaire, Diombera a été guide touristique. C’est dans les rues de Ziguinchor, au contact des voyageurs, qu’il a fait ses premières armes. Ce métier, qu’il a exercé avec passion, l’a mis très tôt en contact avec les réalités concrètes du secteur et les potentiels qu’il recèle pour le développement des territoires. Là, il a découvert le pouvoir du récit, la richesse de la culture locale, et la nécessité de mieux comprendre les rouages du tourisme. C’est sur le terrain, au contact des visiteurs et des communautés, qu’il a pris conscience des enjeux profonds du tourisme au Sénégal et en Afrique.

Curieux, assoiffé de savoir, il décide de reprendre ses études pour mieux comprendre, structurer et transmettre. Il explique avoir sollicité plusieurs bourses, animé par un désir profond d’apprendre, presque obsessionnel. Cette quête l’a mené de l’Université Gaston Berger à une thèse sur le développement touristique durable du littoral sénégalais, puis à l’enseignement supérieur.

Il aurait pu faire carrière à l’étranger, bénéficiant d’opportunités en Europe à l’issue de ses études. Mais fidèle à ses racines et mû par un profond attachement à son pays, il choisit de revenir au Sénégal, mû par une ambition non pas individuelle, mais collective. C’est à Ziguinchor, là où tout avait commencé, qu’il décide de s’investir. Par choix. Par conviction. Par patriotisme.

À l’Université Assane Seck de Ziguinchor, il ne trouve rien de prêt. Il faut tout inventer et tout bâtir. Il s’attelle à la tâche avec patience et détermination, développe les filières, encadre les étudiants, monte les premières équipes de recherche, milite pour la reconnaissance du tourisme comme champ disciplinaire à part entière. Dans un environnement parfois précaire, avec peu de moyens mais une foi inébranlable dans la puissance transformatrice du savoir, il bâtit une œuvre qui dépasse les murs de l’université. Il forme, inspire, éclaire.

Son engagement est total. Enseignant, chercheur, formateur, encadreur, animateur de réflexions collectives, Mamadou Lamine Diombera incarne cette génération de bâtisseurs silencieux qui, loin des projecteurs, font avancer leur pays par la force du savoir et la noblesse du partage. Dans son entretien, il revient sur son parcours sans jamais se glorifier. Il évoque les longues nuits de travail, les sacrifices consentis au plan personnel, les moments de doute, mais aussi les soutiens discrets qui lui ont permis de tenir bon. Il ne parle pas d’une réussite facile, mais plutôt d’un chemin semé d’obstacles, guidé par la résilience et le mérite. Il appelle, en filigrane, à croire que tout est possible, même pour ceux qui viennent de loin.

Dans ses recherches comme dans son enseignement, il défend un tourisme enraciné dans les territoires, respectueux des écosystèmes, des cultures et des hommes. Il plaide pour une gouvernance locale du développement touristique, insistant sur la nécessité d’associer les populations à la définition et à la mise en œuvre des politiques. Il milite pour un tourisme porteur de sens, levier de justice sociale, de création d’emplois et de souveraineté économique.

Son ascension au rang de professeur titulaire n’est pas seulement une ligne de plus sur un CV. Elle est une reconnaissance pour tout un secteur. Grâce à lui, le tourisme sort de la marginalité académique, gagne en légitimité scientifique et s’inscrit pleinement dans le champ du développement durable. Elle honore toutes celles et ceux qui, à l’image de Diombera, croient que l’Afrique doit produire son propre savoir, former ses propres experts, et tracer sa propre voie dans un monde globalisé.

Aujourd’hui, Mamadou Lamine Diombera est plus qu’un universitaire. Il est un symbole. Celui d’une réussite construite sur le travail, le mérite, la fidélité aux origines et la foi dans le collectif. Dans un pays où les figures discrètes sont souvent éclipsées, son élévation rappelle que l’excellence, même tranquille, finit toujours par s’imposer. Un homme de savoir. Un homme de terrain. Un homme de transmission. Un pionnier.

 


Bamba Toure

Lundi 21 Juillet 2025 - 10:51





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