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Le racisme, facteur de défection pour certains terroristes au Mali


Le racisme, facteur de défection pour certains terroristes au Mali
Dans le contexte des défections de plus en plus nombreuses au sein des groupes terroristes liés à al-Qaida dans le nord du Mali, l'attention se tourne sur ce que certains estiment être des pratiques racistes de la part des groupes djihadistes présents au Sahel.

Le racisme est l'un des principaux facteurs qui incitent de nombreux jeunes Africains d'origine non arabe à faire défection et à reprendre le cours normal de leur vie dans leurs pays d'origine. Cette situation survient à un moment où la majorité de ces jeunes Africains commence à s'apercevoir plus que jamais que les promesses d'égalité, de liberté et de dignité prônées par le véritable Islam ne se concrétisent pas au sein des mouvements djihadistes.

L'un des principaux djihadistes à avoir fait défection au sein des groupes terroristes au Sahel pour cause de racisme a été Hicham Bilal. Bilal était le seul Noir commandant une brigade au sein du Mouvement pour l'unité et le djihad en Afrique de l'Ouest (MUJAO), le groupe qui contrôle la ville de Gao.
 
Il a quitté le mouvement début novembre et est retourné au Niger, son pays d'origine. Dans un entretien accordé à l'AFP à Niamey à l'époque, il avait parlé du racisme au sein des rangs des groupes djihadistes maliens.

"Ces fous du MUJAO ne sont pas des enfants de Dieu, ce sont des trafiquants de drogue. Ils font tout ce qui est contraire à l'Islam, et pour eux, un Noir est inférieur à un Arabe ou à un Blanc", avait-il expliqué.

"Pour eux, les Noirs ont moins de valeur que les Arabes blancs. C'est ce qui a poussé des centaines d'Africains noirs à faire défection", avait ajouté cet ancien leader terroriste.

Bilal avait également expliqué comment les djihadistes liés à al-Qaida avaient envoyé les combattants noirs en première ligne près de Mopti, dans l'attente d'une possible intervention militaire internationale.

"Ils affirment qu'en cas de guerre, ils mettront tous les combattants noirs en première ligne, comme chair à canon", avait-il ajouté.

Tout en imputant la cause des récentes défections au racisme, le journaliste et militant nigérian Hassan Ag Midal explique que ce conflit "prouve en fin de compte l'existence de réelles dissensions internes, qu'elles soient de nature raciale, tribale ou matérielle".

"On sait que la majorité des éléments du MUJAO, le groupe dominant à Gao, sont des Africains noirs, leaders de groupes et membres des différents conseils. Ils assument des responsabilités directes, mais les fondateurs et les émirs sont tous des Blancs", explique Osman Mohamed Osman, journaliste de Tombouctou, à Magharebia.
Pour lui, la raison en tient au fait que la majorité de la population de Gao est noire. "La population blanche de la ville a fui, à l'exception des djihadistes qui n'ont pas peur, bien que les gens les craignent", ajoute-t-il.

Ibrahima Mica, un jeune militant Songhai de Gao, explique que les habitants arabes et touaregs ont fui par suite de leur rejet du contrôle pratiqué par des "djihadistes africains noirs, même au nom de l'Islam. Cela contraste avec la situation à Tombouctou, contrôlée par Ansar al-Din, groupe majoritairement constitué de blancs, et par les Arabes blancs d'al-Qaida."

"Chacun dans le nord du Mali réalise que le Mouvement pour l'unité et le djihad est la seule organisation comportant dans ses rangs des Africains noirs qui refusent d'être placés sous l'autorité de djihadistes algériens ou arabes, même s'ils se retrouvent sous le même credo djihadiste", a expliqué Mica à Magharebia par téléphone. Le spécialiste de la sécurité Babou Sek a rappelé que le MUJAO est lui-même un produit des conflits internes au sein d'al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI).

"Le groupe de ses fondateurs voulait qu'il soit une branche djihadiste incluant des Africains noirs, ainsi que certains Arabes marginalisés au sein d'al-Qaida. Ce n'est un secret pour personne que cette marginalisation est en partie due à des critères racistes et en partie au partage des ressources", a-t-il expliqué.

Et d'ajouter : "Al-Qaida au Maghreb islamique a tenté d'éviter que de tels problèmes ne se reproduisent en créant des brigades et des bataillons dirigés par des émirs touaregs et par des Mauritaniens arabes qui ont longtemps souffert de l'exclusion pratiquée par les Algériens. Mais le problème de fond est demeuré et l'exclusion des djihadistes noirs s'est poursuivie, même au sein du MUJAO, où les Noirs sont pourtant majoritaires."
 

Magharebia.com

Mardi 28 Mai 2013 - 13:16





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