L'ex-chef de la sécurité chinoise condamné à la prison à perpétuité

L'ex-dirigeant chinois Zhou Yongkang a été condamné jeudi 11 juin à la prison à vie. Accusé de corruption, abus de pouvoir et divulgation de secrets d'État, il est le plus haut dirigeant de la Chine communiste à se voir condamner en justice depuis des décennies. Après avoir vu ses puissants réseaux s'effriter inexorablement depuis l'arrivée au pouvoir du président Xi Jinping il y a deux ans, Zhou était détenu au secret depuis l'automne 2013. Une ascension fulgurante Aujourd'hui âgé de 72 ans, Zhou Yongkang, a connu une ascension fulgurante dans le secteur pétrolier avant de subir une disgrâce à caractère très politique. Celui qui avait commencé sa carrière dans l'industrie pétrolière comme technicien au bureau de la prospection d'une compagnie publique dans le Liaoning (nord-est), a progressivement gravi tous les échelons, jusqu'à prendre en 1996 la direction du géant pétrolier national, CNPC. Devenu un homme clé du régime, Zhou Yongkang avait été nommé à la tête de la province du Sichuan (sud-ouest). Il y défendait une ligne dure, notamment lors de la répression du mouvement spirituel Falungong. Il devient dans le même temps une figure centrale de la "faction du pétrole", réseau de hauts dirigeants communistes venus de l'industrie de l'or noir, où ils se sont bâtis des fortunes et acquis de solides relations politiques. Les promotions de Zhou Yongkang au sein du Parti communiste chinois (PCC) sont dès lors fulgurantes : en 2002, il atteint les sommets en décrochant l'un des 25 sièges du Bureau politique, et devient ministre de la Sécurité publique, en charge de la police. Un pouvoir qui dérange Mais cet excès de puissance et d'argent a peut-être précisément signé sa fin."Il a dirigé une machine sécuritaire en pleine expansion, au point que son pouvoir était jugé trop dérangeant pour les dirigeants à la tête du Parti, et pour Xi Jinping en particulier", selon Joseph Cheng, professeur de sciences politiques à la City University de Hong Kong. Pour certains experts, sa proximité avec Bo Xilai - ancienne étoile montante du Parti condamnée en 2013 également à la prison à vie pour corruption - aurait scellé son sort. "Aux yeux de Xi Jinping et d'autres dirigeants, le grand crime de Zhou, c'est d'avoir soutenu Bo Xilai", explique Willy Lam, de la Chinese University de Hong Kong. D'autres analyses suggèrent que la chute de Zhou pourrait s'inscrire dans une purge plus large visant les alliés de l'ancien président Jiang Zemin, qui conserve son influence sur une aile entière du PCC. À la faveur de la vaste campagne anticorruption lancée par le président Xi, une quinzaine de hauts cadres réputés proches de Zhou sont tombés, à mesure que l'étau se resserrait sur lui. Mais un premier signe avant-coureur avait suggéré dès 2012 que les pouvoirs de Zhou Yongkang étaient jugés extravagants voire dangereux par la nouvelle équipe de dirigeants : après le retrait de Zhou de la vie publique, le Comité permanent du bureau politique était passé de neuf à sept membres. Et le nouveau chef de la sécurité intérieure n'y avait plus sa place. Avec AFP