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Dr BACAR DIA, ANCIEN MINISTRE «Je demeure convaincu que le président Wade a été un grand démocrate»


Dr BACAR DIA, ANCIEN MINISTRE «Je demeure convaincu que le président Wade a été un grand démocrate»

De son compagnonnage avec le président Abdoulaye Wade, à la lutte acharnée qu’il a menée pour son départ des affaires, le docteur Bacar Dia, ancien ministre du président Wade dans différents départements, assume tout. Dans cette interview qu’il a accordée au Sénégalais.net, le patron du Front populaire et écologique (FPE), se confesse tout en magnifiant l’œuvre de l’homme qu’il a servi et qui a été emporté par de «graves erreurs à la fin de son règne». Entretien…

LESENEGALAIS.NET – Monsieur le ministre, en douze ans, le Sénégal a réalisé deux alternances démocratiques. Aujourd’hui que le président Macky Sall vient de former son nouveau gouvernement, quelle est votre lecture, en tant qu’ancien membre du gouvernement, mais également acteur de ces deux alternances ?

Bacar Dia : Le Sénégal vient de traverser dans le calme des périodes très critiques. Je ne peux que me féliciter de cette victoire du peuple sénégalais. Les Sénégalais ont repris leur souveraineté et leur destin en main. Mais, il faut aussi rendre un hommage à nos martyrs. Nous avons combattu aux côtés du peuple. Nous saluons la mémoire de ces frères et sœurs qui ont sacrifié leur vie, pour défendre le Sénégal. Chacune de nos actions doit tenir compte de ce fait essentiel. Il ne faut pas qu’on oublie que toutes les forces progressistes ont combattu dans la rue, pour une alternance démocratique.

Maintenant, pour ce qui est du gouvernement, on ne peut pas le juger à priori. Je pense que le président Macky Sall est un homme responsable qui a occupé de hautes responsabilités dans ce pays, donc je suppose qu’il s’est entouré de toutes les garanties avant de former son gouvernement. Si c’est le cas, c’est tant mieux, sinon, l’attelage gouvernemental livrera ses secrets. On constate et c’est normal que les alliés sont présents notamment avec l’AFP, le PS, le PIT, la LD…, avec l’APR qui détient tous les ministères de souveraineté. Globalement, on ne peut pas le lui reprocher. Mais n’oublions pas aussi que c’est le président Macky Sall qui a été élu par le peuple donc qui est responsable devant ce peuple.

L’autre remarque c’est que le président Macky Sall a été porté au pouvoir par la jeunesse. Mais je ne pense pas qu’il y a une présence de cette jeunesse au gouvernement. Mais, c’est encore une fois le seul qui répondra devant le peuple sénégalais. On ne peut que lui souhaiter de la réussite et qu’il soit comme il l’a du reste dit, le président de tous les Sénégalais.

En dernier lieu, en tant que responsable d’un parti écologique, je me réjouis que l’Ecologie soit devenue une préoccupation du gouvernement sénégalais. Le Sénégal se doit de faire des questions de développement durable, une des options de l’Economie.

Maintenant, laissons le président Macky Sall et son gouvernement travailler et après ; on les jugera sur pièces et sur place. Il a la confiance du FPE (NDLR : son parti, le Front patriotique et écologique) qui de toute façon reste aux côtés du peuple.

L’autre acte majeur du président Macky Sall, c’est la prestation de serment dans le cadre sélect d’un hôtel, alors que Me Wade préférait les stades. Votre appréciation sur les deux styles, vous qui avez côtoyé les deux hommes ?

Vous savez, il ne faut pas qu’on confonde cachet populaire et gaspillage. La femme qui a payé de son temps, le cireur de chaussures, bref, le Sénégalais d’en bas avait été associé à la prestation de serment du président Abdoulaye Wade. Ce n’est pas du gaspillage, mais une marque de reconnaissance. Le président Wade permettait au Sénégalais d’en bas, avec ou sans invitation, de se mettre fièrement à côté du Sénégalais d’en haut, pour assister à la prestation de serment de son président. L’austérité poussée à l’extrême, peut entraîner une déconnexion, des masses. Je suis au FPE et je mets les masses au-devant. J’aurai préféré que les masses qui avaient accès à la place de l’indépendance, puissent assister à la cérémonie. C’est une position personnelle. Mais, c’est dans la contradiction qu’on avance. L’histoire nous jugera. L’un dans l’autre, il faut être moins élitiste et parler plus et souvent avec le Sénégal d’en bas. C’est beau. C’est fabuleux.

Par rapport au troisième acte, qu’est le discours du 03 avril, a-t-il répondu à vos attentes ?

Je l’ai bien écouté, disons de manière très responsable. Il a été très court et très concis. Dans son discours, le président a posé les vrais problèmes. Maintenant, il faut qu’il refuse de se faire encercler dans des promesses du genre : «tu avais dit ça, il faut le faire». La gestion des affaires publiques et sociales n’est pas linéaire. Un plus un ne font pas forcément deux ; vouloir l’enfermer dans ce carcan, pourrait le pousser vers des erreurs.

Docteur, on vous a vu dans la coalition Idy4président, expliquez-nous un peu les raisons de ce choix.

Notre premier choix, c’était d’abord de dire au président Wade de ne pas se présenter une troisième fois. J’ai été le premier à parler du candidat du «au cas où». J’avais même demandé à être ce candidat à défaut de laisser la place au président Pape Diop. Ce qui a été rejeté aussi bien pour moi que pour le président Pape Diop. Dès lors il fallait que j’aille dans une autre coalition pour défendre ma position.

Le problème qui a amené la perte du pouvoir par le camp du Sopi, c’est que le président Wade était entouré par des gens qui ne lui disaient jamais la vérité. La défaite avait été acquise depuis le 23 juin. L’Assemblée nationale, le ministère de l’Intérieur de même que le staff rapproché du président Wade, ne lui donnait pas les bonnes alertes. J’ai essayé de l’alerter en vain. Il fallait alors que je quitte. L’important pour moi, c’était d’empêcher la candidature du président. Pour moi, toutes les coalitions étaient des forces positives. Nous sommes partis avec Idy et au second tour, on s’est mis avec la coalition Benno Bokk Yakaar (BBY). C’était juste une alliance électorale. Idy4président a été une alliance conjoncturelle, c’est fini.

Elle a été récompensée par le président Macky Sall. Nous souhaitons à ces ministres plein succès. S’ils font du bon travail, ça se ressentira sur la qualité de vie des Sénégalais. Si c’est le cas contraire, Rewmi sera comptable de l’action du gouvernement.

Dieu m’a donné la chance de travailler avec les forces progressistes. On s‘est battus pour une cause. La cause est terminée. J’ai toujours évité depuis la victoire de parler, pour ne pas donner l’impression de vouloir quoi que ce soit. Les acquis d’aujourd’hui sont responsables des acquis du gouvernement. Pour plus de cohérences, ils sont donc appelés à être ensemble pour les législatives. Je retourne à mon parti avec des missions de développement du pays. Je ne suis dans aucune coalition, dans aucun gouvernement, donc j’ai plus de liberté. Je retrouve la pleine expression de mes libertés. J’en suis tout heureux. Je ne revendique que ça.

Alors avec cette liberté retrouvée, quelles sont vos perspectives en direction des législatives ?

Pour l’heure, nous discutons avec les uns et les autres. Mais vous savez, les forces du président Abdoulaye Wade ont voulu mettre l’argent au cœur des élections en fixant la caution pour la présidentielle et les législatives à respectivement 65 et 20 millions. Que cela soit pour une coalition ou individuellement c’est difficile. Si nous avons une coalition pour partager les dépenses, c’est bon. Sinon, on peut trouver une coalition sur une base programmatique ou dernière option, on n’y va pas. Ce n’est pas une honte.

Ce qui par contre fait peur, c’est de voir c’est de voir tous ces millions dépensés dans des élections sans qu’on ne sache d’où ça vient. C’est une tendance très grave. Il faut que le président Macky Sall s’y penche. Les idées et l’argent ne font pas bon ménage. L’option du PDS n’était pas sérieuse. Le président Macky Sall doit revoir les critères pour une meilleure expression démocratique. Dans le système actuel, seuls les nantis peuvent aller aux élections. Ça, c’est dommage.

On remarque qu’aujourd’hui, beaucoup de langues se délient depuis le départ de Wade, vous ne pensez pas que ces gens sont entrain de «tirer sur une ambulance» ?

Je regrette que tous ceux qui l’attaquent après la défaite, n’aient pas eu le courage de le faire plus tôt. La meilleure attitude pour eux aujourd’hui, c’est de se taire. Je demeure convaincu que le président Wade a été un grand démocrate. Il a été au cœur de deux alternances. La première l’a porté au pouvoir et la seconde l’en a chassé. Il reste un grand démocrate. Son seul problème, c’est d’avoir voulu forcer avec ce mandat de trop. Mais il reste un grand démocrate, patriote africain, un bâtisseur qui, à la fin de son règne, a commis de graves erreurs. Je pense que ces modifications constitutionnelles qui l’ont mis en mal avec le peuple, c’était pour régler ses problèmes de succession qu’il n’avait pas préparé.

Avec lui, il y a eu beaucoup d’acquis tels que la liberté de marcher, la libéralisation de l’audiovisuel… Je rends hommage au président et ce n’est pas Bacar Wade Dia qui parle. C’est avec lui qu’en tant que ministre, j’ai pu autoriser Walf TV, Canal Infos, RDV, TFM. Il m’a donné cette chance d’être ministre de la Communication, alors qu’il a engagé le pays dans la libéralisation de l’audiovisuel. Je partage aussi sa vision économique. Notre génération a l’obligation de finir tous ses grands projets. En tout état de cause, je garde de beaux souvenirs de Wade et du Sopi.

Monsieur le ministre, le nouveau titulaire du département des Sports est comme vous, un ancien du mouvement associatif. Quelles sont alors vos attentes en tant qu’ancien ministre des Sports ?

Vous savez le sport est souvent otage des groupuscules et de lobbies. On retrouve toujours les mêmes qui s’inter changent. Regardez par exemple au football, les mêmes qui étaient au CNF (NDLR : comité de normalisation du football) sont à la Fédération, à des places différentes. Ils exigent, parfois font chanter le gouvernement, sont prêts à chasser des entraîneurs, à demander le départ d’un ministre, mais pour des résultats médiocres. Lorsqu’arrivent les résultats, ils se cachent dans leurs petits souliers et attendent que la tempête passe. Il faut leur appliquer un traitement chirurgical, mais aussi un traitement équitable entre les fédérations

L’autre attente, c’est de voir les grands projets du président Wade, continuer. Il y a les infrastructures, l’amélioration de la formation des dirigeants. Vous savez le président Wade avait lancé le projet «une région - un stade avec un gazon synthétique». Moi j’avais déjà réalisé Pikine et Diourbel et je rêve de voir le président Macky Sall poursuivre ce projet. Je souhaite que ce projet touche les départements et aille jusqu’aux communautés rurales. Une fois ce stade atteint, on commencera à rêver de grands athlètes.

Ce qui est dommage, c’est qu’au Sénégal dès qu’on parle de sport, on pense aux compétitions. Il faut développer le sport de masse et allier sport et santé. A ce sujet, j’ai bien approuvé l’idée d’Eva Marie Col Seck visant à se servir du sport pour lutter contre certaines maladies. Dans l’urbanisation, il faut prévoir des lieux de sport, pour mieux gérer la santé publique.

Je souhaite aussi que le ministre Gackou soit équitable dans la distribution du budget du sport et réalise les grands projets tels que l’arène nationale.

Mais alors quels conseils lui donneriez-vous notamment face à ces lobbies dont vous parliez tout à l’heure ?

Il connait mieux que moi le milieu et je sais qu’il sait ce qu’il faut faire

Entretien réalisé par Jules KANE


Bamba Toure

Mardi 10 Avril 2012 - 07:21





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