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Colonel Alioune Ndiaye (Police) : « Il y a eu des problèmes de hiérarchie à l’Ocrtis »


Colonel Alioune Ndiaye (Police) : « Il y a eu des problèmes de hiérarchie à l’Ocrtis »
On projette de supprimer l’Ocrtis et de le remplacer par une structure qui sera pilotée par un parquet spécial. Est-ce que cela peut renforcer l’efficacité de la lutte contre la drogue ?
Ce n’est pas ma compréhension de la chose, puisque l’Ocrtis avait été créé pour centraliser la lutte. Donc c’est une structure qui devait regrouper en son sein toutes les forces de sécurité qui luttent contre la drogue : la Police, la Gendarmerie, la Douane. Malheureusement on a mis la structure, mais on n’a pas mis les moyens.
Aussi, il y a eu beaucoup de divergences au sein de l’Ocrtis au point que gendarmes et douaniers ne se sentaient pas concernés à cause des rivalités. Finalement tout monde croyait que l’Ocrtis était un démembrement de la police…
Oui ! L’Ocrtis avait été créé pour centraliser toutes les forces mais, il est quand-même coordonné par la police, parce que c’est la Police nationale qui centralise la lutte contre la délinquance au Sénégal. La Gendarmerie vient en appoint étant une force militaire, la Douane aussi vient en appoint dans certains domaines. Mais c’est la Police qui est la force principale de lutte contre la délinquance et la criminalité.
C’est en ce sens là que l’Ocrtis, à sa création, avait été logé à la Police pour que celle-ci coordonne l’action. Les autres forces contribuaient en envoyant leurs fonctionnaires. Malheureusement, il n’y a pas eu de moyens. Parce qu’il fallait des locaux. Quand tu envois un officier de gendarmerie vers la Police, il faut que celui-là ait au moins un bon bureau, une voiture pour pouvoir travailler. S’il n’y a rien de tout cela, il vient pour croiser les bras.
Ensuite, il y a eu un autre problème, c’est-à-dire la hiérarchie au niveau de cette coordination. Si c’est la police qui coiffait le truc, elle met un commissaire de Police. Cela a toujours été le cas. Les autres corps faisaient tout pour ne pas envoyer d’officier supérieur, parce que qu’il n’allait pas accepter d’être mis sous l’autorité d’un commissaire. Donc ils envoyaient des officiers subalternes : lieutenant, capitaine…Mais même ces lieutenants et capitaines, qui venaient et trouvaient d’autres lieutenants et capitaines de la police, ne se sentaient pas très à l’aise.
Et puis, l’information détenue par les forces de l'ordre n’était pas partagée.  Chacun travaillait de manière isolée. Chacun est donc reparti de son coin pour faire son travail. Maintenant, peut-être qu’on a senti la nécessité de remettre la chose en place en faisant en sorte que l’unité soit de rigueur. C’est pourquoi peut-être ils ont pensé mettre comme directeur de l’action un procureur spécial, c’est-à-dire qu’un parquet spécial va être créé, comme c’est le cas avec la Crei.
Mais le parquet spécial ne peut pas être le patron de cette nouvelle structure. Parce que la justice est de son côté et le gouvernement de son côté. Les forces dépendent du gouvernement, donc il faut que cela soit une structure commandée par des gens du corps, soit un policier, un gendarme ou un douanier. Maintenant, le rôle du procureur spécial est de contrôler ce qu’ils font et diriger leurs actions en tant que directeur de la police judiciaire.
Cela peut-être une bonne chose parce que pour une lutte efficace contre la drogue, il faut une synergie des forces.
Comment l’Ocrtis a pu en arriver là ?
Les gens cherchent toujours à voir derrière l’échec de l’Ocrtis une rivalité entre les forces. Ce n’est pas cela ! Le fait est que quand on met une structure et on ne met pas les moyens qu’il faut, forcément le travail ne peut pas suivre. C’est simplement cela. Quelle que soit la structure que vous mettez en place, le travail de lutte contre la drogue ne peut pas être fait par cette seule structure. Les commissariats de police dans les quartiers, c’est pour lutter contre la criminalité, contre la drogue.
Donc même quand vous mettez une nouvelle structure, la lutte sera toujours comme elle est, c’est-à-dire chacun, de son côté, fera son travail. Maintenant, l’Ocrtis ou la structure qui va la remplacer sera une structure de centralisation, de coordination. N’oubliez pas qu’à côté de l’Ocrtis, il y a une autre structure au ministère de l’Intérieur qui centralise les politiques de lutte contre la drogue : c’est le comité interministériel de lutte contre la drogue (Cild) qui était dirigé par un magistrat, le juge Fofana. Le Cild regroupe tous les représentants des ministères impliqués dans la lutte : Santé, Education nationale, Jeunesse, Intérieur…C’est pourquoi, en parallèle, on a mis l’Ocrtis pour aller sur le terrain.
Maintenant vous mettez une structure qui s’appellera autrement, elle ne pourra être qu’une structure de centralisation et d’orientation. Mais cela n’empêchera pas à la brigade de gendarmerie de Koumpentoum de lutter à son niveau contre la drogue, le commissariat de Thiaroye aussi à son niveau. Parce qu’il y a le grand trafic et le petit trafic de rue. Espérons que la structure qui va être mise en place sera une structure cette fois-ci dotée de grands moyens pour que le travail puisse se faire correctement.
Que devrait-on éviter pour que la nouvelle structure ne tombe pas dans les mêmes travers que l’Ocrtis ?
Les services de sécurité et de défense, c’est des services commandés. Ceux qui les commandent, c’est à eux de donner les moyens et de bien définir les missions. Les autres se chargent d’exécuter les ordres qu’ils reçoivent. Je pense que si on met les moyens humains et les moyens matériels avec tout ce qu’il y a de moderne aujourd’hui dans les méthodes de lutte contre la drogue, il n’y a pas de raison pour que cela ne marche pas. Soyons optimiste et espérons que la nouvelle structure sera beaucoup plus efficace.
Elle aura du pain sur la planche surtout avec les saisis record de ces derniers mois qui montrent que Dakar est plus que jamais une zone de transit…
Tous les pays du monde ont du pain sur la planche. Aujourd’hui la drogue a envahi le monde. Le Sénégal n'est pas le seul. On a, à côté, la Guinée Bissau, la Gambie, le Mali, tous ces pays là font face à la drogue. Maintenant, le Sénégal ayant une position géographique qui fait de lui une plaque non pas tournante mais un pays de transit, c’est normal qu’on soit beaucoup plus exposé. Etre à mis chemin entre l’Amérique et l’Europe, l’Amérique et l’Asie, Dakar a une position stratégique surtout avec le niveau de démocratie que nous avons et la liberté qui est notée chez nous…
Selon vous, sur quel volet devrait-on axer la lutte plus efficace contre la drogue ?
La lutte contre la drogue a deux niveaux : lutter contre le trafic et lutter contre l’usage. Notre lutte, principalement, doit se tourner vers l’usage. Pour que nos jeunes ne s’y adonnent pas. Donc il faut une sensibilisation, dès le bas âge. On ne peut pas attendre que l’enfant ait 18 ans pour lui parler des méfaits de la drogue. A partir d’un certain âge, l’enfant doit être pris en charge pour être sensibilisé sur la drogue et les autres tares de la société : la cigarette, l’alcool et autres. La sensibilisation est un élément crucial dans cette lutte contre l’usage. Maintenant la lutte contre le trafic ça c’est le domaine de l’Etat et des forces de défense.
Est-ce que cette sensibilisation n’a pas fait défaut depuis le début ?
 Je ne saurais le dire parce que depuis qu’on était enfant on parlait de la drogue. On a toujours parlé de drogue. Tout le monde sait que la drogue n’est pas bonne. Ça, personne ne peut l’ignorer au Sénégal. Il y a deux drogues : la drogue importée (les drogues synthétiques) et la drogue locale (le chanvre indien). Le travail de sensibilisation est fait pour le chanvre indien. Maintenant, la drogue dure, c’est une nouveauté pour les Sénégalais.
C’est arrivé ici vers les années 1990, on a commencé à voir la société sénégalaise trempée dans la cocaïne. Là, le travail de sensibilisation doit être multiplié pour que nul n’en ignore. Il faut tout faire pour que la drogue n’entre pas dans notre territoire et c’est ça le problème, parce que les trafiquants de drogue au niveau mondial disposent de très grands moyens, c’est des gens qui sont immensément riches. Je pense qu’on doit travailler sur l’éducation des jeunes et la formation.
Mais le Sénégal a une chance, en tout cas, c’est mon constat. Aujourd’hui, on a des jeunes très trempés dans la chose religieuse et c’est pour cette raison que la drogue ne fait pas les mêmes effets que dans d’autres pays.


Samedi 21 Septembre 2019 - 09:24





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