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Moussa Touré, ancien ministre de l’économie et président du parti «Cet Jarin Sa Ma Rew» :

«En 4 ans, la gestion de Macky Sall est plus calamiteuse que celle de Wade»


Moussa Touré, ancien ministre de l’économie et président du parti «Cet Jarin Sa Ma Rew» :

L’OBS – L’ancien ministre de l’Économie et des finances sous Abdou Diouf dénonce la gestion du pays par Macky Sall. Le leader du parti «Cet jarin sa ma rew», Moussa Touré, qui parle d’une «gestion calamiteuse», s’offusque aussi du traitement réservé à Ousmane Sonko et Nafi Ngom Keïta. Dans cet entretien, entre autres questions, il aborde l’avenir de la coalition «Mankoo Wattu Senegaal», l’affaire Petro Tim.

 

L’opposition a mis en place le Front pour la défense du Sénégal/Mankoo Wattu Senegaal. Etes-vous dans cette dynamique de combattre le régime en place ?

Dans le cadre de notre coalition «Les forces de l’espoir», nous faisons comme dans le Front pour la défense du Sénégal/Mankoo Wattu Senegaal, constitué par l’opposition. Le Président Macky Sall mène des actions qui portent atteinte aux libertés, à la bonne gouvernance et à la transparence dans la gestion de la chose publique. C’est ce qui explique qu’on (opposition) s’est retrouvé au sein du Front pour la défense du Sénégal/ Mankoo Wattu Senegaal, pour défendre ces trois points. Mais aujourd’hui, beaucoup de déclarations au sein de cette coalition créent trop de confusions. Il n’y a jamais eu d’accords pour que les composantes de la coalition Mankoo Wattu Senegaal puissent concevoir un programme commun, des actions communes. Ce, pour aller ensemble aux Législatives de 2017 ou à la Présidentielle de 2019. La confusion, c’est de dire que la coalition a été mise en place dans la perspective des joutes à venir.

Croyez-vous à l’avenir de Mankoo Wattu Senegaal ?

Il n’y a pas d’avenir en soi. Cette coalition est née uniquement pour la défense des trois points que j’avais évoqués. Lorsque nous nous approcherons des élections législatives, chacun va se déterminer. S’il y a des gens qui s’entendent entre eux, ils constitueront leur liste. Si quelqu’un veut aller seul, il constituera sa liste. Ce cadre, Mankoo Wattu Senegaal, n’a pas été conçu pour des élections. C’est une organisation tellement légère qu’on n’a pas voulu figer les choses. On a voulu éviter que quelqu’un s’en réclame le leader. C’est pourquoi, on choisit Malick Gakou (du Grand parti) pour coordonner, durant un mois, la coalition. Ce sera une gestion rotative.

Vous voulez donc éviter le syndrome de la coalition Bennoo Siggil Senegaal ?

Même pire encore. S’il y a syndrome ici, ça sera plus explosif. Parce que ce sont des gens qui viennent de différents horizons qui composent Mankoo Wattu Senegaal. Parmi les sociétés civiles et Ong membres de cette coalition, pas mal ont combattu le régime du Parti démocratique Sénégalais (Pds). Et le Pds est avec eux aujourd’hui, dans Mankoo Wattu Senegaal. Comment pouvez-vous imaginer, pour un homme politique sérieux, avoir combattu un système mis en place par des gens qui étaient au pouvoir et aujourd’hui, se lier avec ses ennemis d’hier pour combattre autre chose. Si ce n’est pour la sauvegarde des libertés, la bonne gouvernance et la transparence. C’est pourquoi, je dis que Mankoo Wattu Senegaal n’est pas une machine électorale.

«S’il y a syndrome dans Mankoo Wattu Senegaal, ça sera plus explosif…»

 

Pensez-vous que la stratégie adoptée par l’opposition réunie au sein de Mankoo Wattu Senegaal peut être payante face au pouvoir en place ?

Ça peut l’être. Montesquieu disait : «Lorsqu’il y a un pouvoir, si on laisse ce pouvoir s’épanouir, fonctionner, rien ne pourra l’arrêter. Sauf, si en face de ce pouvoir, un autre pouvoir s’oppose à lui.» Si Macky Sall est tenté d’aller plus loin dans ses dérives, s’il se rend compte que tous les partis politiques, la société civile, entre autres, se mobilisent pour marquer une opposition à cela, il va réfléchir. Il ne va pas avancer.

Ne pensez-vous pas qu’aujourd’hui, la priorité doit être un consensus de tous sur les questions d’intérêt national, en lieu et place d’une guéguerre de la classe politique ?

Dans les pays nordiques (Allemagne, en particulier), les hommes politiques ne s’opposent pas en tant que personnes ou structures. Ils partagent un même objectif : la Nation. La seule différence entre eux est que l’un peut dire, pour y arriver, il faut passer par la droite et l’autre pense qu’il faut passer par la gauche. La patrie, ils la partagent tous.

Mais, tel n’est pas le cas au Sénégal ?

Au Sénégal, malheureusement, on l’a hérité de notre colonisateur (la France), on s’oppose parce qu’il faut s’opposer. Même si quelque chose est bien, on critique. Il n’y a qu’au Sénégal que même l’homme de la rue estime qu’il est en mesure d’être président de la République, ministre, député…C’est parce qu’on lui a montré que c’est possible. Mais, en des temps normaux, dans un pays normal, ça ne doit pas se passer comme ça. Les ego et les ambitions personnelles sont surdéveloppés. On met en avant ses intérêts crypto-personnels.

«On s’acharne sur Ousmane Sonko ou Nafi Ngom Keïta, à la limite, c’est lâche »

Vous avez bien suivi l’affaire Ousmane Sonko. Aujourd’hui, il y a des bons offices qui se signalent pour que le Président Macky Sall revienne sur sa révocation. Qu’en pensez-vous ?

Ça illustre ce que je viens de dire. Tout le monde s’agite. Des gens s’improvisent, se décrètent médiateurs. Alors que Sonko n’a jamais rien demandé à personne. Macky Sall a pris un décret pour le révoquer, il n’a que le retirer. Point un trait. En signant le décret qui porte révocation de Sonko de la Fonction publique, le bénéfice que Macky Sall compte en tirer est cent fois moins important que ce qu’il va perdre. Il a pris ce décret pour montrer peut-être qu’un lion s’est réveillé, il ne dort plus. Ce lion qui se réveille et qui ne dort plus, il doit le montrer ailleurs, en commençant par le Palais de la République, ses ministres qui font du n’importe quoi.

Qu’ont fait les ministres de Macky qui puisse déranger ?

Pouvez-vous concevoir qu’un ministre aille à une cérémonie dire qu’il est envoyé par un député qu’il représente ? Si je suis président de la République et qu’un ministre le fait, je lui coupe la tête. Demain, il n’est plus ministre. C’est le même cas pour des gens qui disent qu’ils sont nommés ministres par la femme du Président. Avec ça, on s’acharne sur Ousmane Sonko ou Nafi Ngom Keïta, à la limite, c’est lâche.

Ne voyez-vous pas Sonko perdant dans son combat contre le pouvoir de Macky ?

Sonko n’est pas perdant. Tous ceux qui ont pitié de lui, ne doivent le faire. Ils doivent continuer à l’estimer, à l’apprécier. Sonko n’est pas du tout malheureux. Il est toujours d’attaque. Il est en pleine forme. Au lieu de mettre de l’eau dans son vin, comme le pensent certains, Sonko doit plutôt concentré son vin. Lorsqu’on soustrait du Trésor public (dans l’affaire Petro Tim) 90 milliards FCfa, c’est grave. Car, c’est de l’argent du peuple qui devait permettre de financer la santé, l’éducation, la lutte contre les inondations…

Avec la découverte du pétrole et du gaz, on assiste déjà à des polémiques. Aliou Sall, frère du chef de l’Etat, est déjà «mouillé». Ne croyez-vous pas qu’on va vers la «guerre» du pétrole au Sénégal ?

J’ai été ministre de l’Economie, des finances, du plan et du commerce. A l’époque, il n’y avait pas de Premier ministre. A-t-on une fois entendu mon nom dans une affaire ? Non. C’est parce que j’étais insoupçonnable. Mais dans cette affaire du pétrole, c’est plus que des soupçons sur Aliou Sall. Quand vous voyez quelqu’un qui, il y a 4, 5 ou 10 ans, traînait dans les rues en savates, et qui, aujourd’hui, est milliardaire, il y a de quoi se poser des questions. L’argent ne sort pas par magie, on le gagne honnêtement.

«Si Taïbou Ndiaye est trop inquiété, il fera sauter le pays…»

 

Qu’est-ce qu’Aliou Sow risque à l’avenir ?

Il ne faut que les gens pensent qu’ils sont impunis à jamais. La roue tourne, les choses changent. J’espère qu’au Sénégal, on aura un jour, un système de Justice de vérité, de transparence. Quand ça arrivera, des gens paieront. Si on ravivait la Crei (Cour de répression de l’enrichissement illicite), en y appelant certains, ils pourront faire des révélations qui vont mouiller beaucoup de tenants du pouvoir, à commencer par Macky Sall, lui-même. Parle-t-on encore de Taïbou Ndiaye qui a été directeur du Cadastre ? Si Taïbou Ndiaye est trop inquiété, il fera sauter le pays, du fait des choses qu’il sait sur l’actuel régime. Personne ne sera épargné.

A votre avis, le slogan de la «gestion sobre et vertueuse» de Macky Sall tient-il toujours ?

En quatre ans, la gestion sobre et vertueuse de Macky Sall est plus calamiteuse que la gestion calamiteuse de Me Abdoulaye Wade. Rien que le fait de voyager avec Me Ousmane Ngom qui était interdit de sortie du territoire, est une maladresse, preuve d’une gestion calamiteuse. Jusqu’à présent, Macky Sall tâtonne toujours. Il ne sait pas où il va. Macky Sall n’a pas de caractère, il n’a pas de personnalité et de courage. Tant qu’il n’est pas capable de régler les problèmes de sa propre maison, Apr, il ne peut prétendre régler les problèmes du pays. Il n’a pas la stature d’un chef d’Etat, pour dire la vérité. Il n’a pas d’expérience, parce que quand il occupait toutes ses fonctions sous Me Abdoulaye Wade, il n’était pas plus qu’un planton, un porteur de serviette. Il n’a rien appris, parce qu’on ne l’a pas laissé apprendre et ceux qui devaient lui apprendre n’ont rien appris, parce que Me Wade ne connaissait pas l’Etat. Macky Sall a peur de son ombre.

La Sonatel a vu sa pénalité réduite de 13,9 à 1,5 milliard. N’y a-t-il pas lieu d’édifier les Sénégalais ?

Ce n’est pas sérieux. C’est inquiétant. Il faut éviter de créer la confusion, la suspicion, le doute. C’est la même situation qui se produit dans beaucoup de dossiers gérés par le régime de Macky Sall. Il y a des gens qui n’ont rien à faire dans ce collège de l’Artp. Ils y sont, parce que c’est la famille, le parti…si bien que toutes les institutions sont gangrénées par cette pratique.

L’affaire du carburant toxique défraie la chronique. Est-ce surprenant de savoir que notre pays n’a pas la première qualité, eu égard à notre pouvoir d’achat ?

Quand une Ong fait une étude, on ne doit pas réagir de la sorte. Ce n’est pas sérieux. La Sar ne peut être juge et partie. Dans des pays sérieux, ce sont des organismes indépendants qui font ces analyses. Cette affaire est réelle. Parce que le constat est réel : tout ce qui est envoyé dans notre pays n’est pas de première qualité. Alors, cela ne doit surprendre personne. Nous devons nous rendre à l’évidence, nous n’avons pas un pouvoir d’achat élevé. Il faut l’accepter et prendre des mesures sérieuses.

Quid de la polémique autour de la double nationalité ?

Pour moi, ce n’est pas un problème. Cette question a été réglée, d’une part, par la Constitution et d’autre part, par le peuple. Il faut suivre les textes. Il ne faut pas agiter cette question qui n’apporte rien au débat. Le fait d’être 100% sénégalais ne garantit pas l’amour qu’on a pour le Sénégal. Ce sont souvent des Sénégalais à 100% qui ont vendu le pays. J’ai vu des «Français» devenus Sénégalais, comme Jean Collin qui sont de vrais patriotes. Il faut arrêter. Ce débat n’a aucun sens.

MATHIEU BACALY



Mardi 20 Septembre 2016 - 13:18





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