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La baisse des prix des produits pétroliers au Sénégal : Lecture de la structure applicable à compter du 16 janvier 2016.


La baisse des prix des produits pétroliers au Sénégal : Lecture de la structure applicable à compter du 16 janvier 2016.
Depuis plus d'un an, les cours du pétrole sont en chute libre. 
Le baril de Brent (référence en Europe)  qui valait  plus de 110 dollars en juin 2014, s'est effondré de près de 68 % à 35  dollars, ce vendredi 15 janvier 2016. 
 Le gouvernement, qui définit et fixe les prix au Sénégal,  a décidé sans grand enthousiasme et après longue réflexion, de  réviser à la baisse les prix des produits pétroliers, à partir du samedi 16 janvier à 18 heures. 
Les baisses suivantes sont effectives  à la pompe (- 40 FCFA /litre sur le supercarburant),   (-50 F CFA /litre sur le gasoil) et (- 61. 500 F /Tonne sur le  Fuel 380 livré à la SENELEC; le gaz butane domestique (-250 FCFA/ kg en moyenne). 
Au vu des  structures de prix émises par le CNH (Comité National des Hydrocarbures, le litre du supercarburant et du gasoil, n’ont respectivement reculé que de seulement  5 %  et de 7 %  par rapport à novembre 2015,  pour descendre à un prix de 755 F CFA/litre et de 640  FCFA/litre  à la pompe. 
  
En outre, le fuel lourd HTS (HFO 380 vendu à la SENELEC) a, sur la même période, accusé une baisse de 26 % en passant à 175 539 FCFA  contre 236 336 FCFA/Tonne , ce qui devrait contribuer favorablement à la baisse du prix de l’électricité ( de - 5 à -10 % ) , selon nos  estimations . 
  
Il faut noter que les tarifs étant fortement subventionnés depuis 2009, la baisse qui sera notée dans le Revenu Maximum Autorisé de SENELEC devra permettre d’abord à l’Etat de réduire considérablement la subvention avant toute répercussion sur les tarifs appliqués. Toutefois, il convient également de s’interroger au préalable sur la durabilité de cette baisse qui ne résulte d’aucune modification structurelle du secteur mais de la réduction conjoncturelle des prix des hydrocarbures.  Par ailleurs, la révision des conditions tarifaires de SENELEC en cours  depuis octobre 2015 devra permettre d’y voir plus clair sur les perspectives de la période 2017-2019. 
  
De même,  la bouteille de gaz butane de 12,5, de 9, de 6 comme celle de 3 KGS a baissé en moyenne de 250 F /KG, au bonheur de la ménagère sénégalaise. 
  
Quelle aubaine pour les automobilistes ! 
 Les ménages se frottent les mains, car le panier de la ménagère sera amélioré. 
Et pourtant,  nombreux sont les mécontents et insatisfaits. 
Les syndicats de transporteurs trouvent les montants,  nettement en deçà de leurs doléances (- 200 F CFA/litre  minimum). 
Ils jugent trop importante la part engrangée par l’Etat des gains issus des baisses successives des cours du baril depuis 2014. 
Ils estiment qu’une bonne partie de ceux-ci pourrait leur être rétrocédée, afin de compenser et de réduire la cherté du coût du transport. 
Les distributeurs, pour leur part, restent vigilants et attentifs à ce que leurs marges bénéficiaires (10 % du prix de vente), jugées encore assez faibles, soient préservées après plusieurs années de gel. 
Les industriels, confrontés par contre à une insuffisance endémique de compétitivité, comptent sur une  baisse significative du coût de l’énergie (entre  20 et 30  % au moins de l’électricité)  pour pouvoir développer leurs activités dans la sous-région. 
Alors, malgré ces annonces, pourquoi l’euphorie n’est-elle pas générale et pourquoi certains considèrent-ils ces baisses encore insuffisantes ? 
  
La question lancinante qui vient à l’esprit et que tous les acteurs se posent, est : 
« Pourquoi le cours actuel (35 $ / baril) soit quatre fois moins cher aujourd’hui qu’en 2008 (140 $ en moyenne) n’est pas intégralement et dans la même proportion répercuté à la pompe de la station -service ou à la cuve de l’usine sénégalaise ? » 
Répondre d’emblée à une telle question n’est pas aisé. 
Je vais tenter de le faire le plus simplement possible, en adoptant la démarche suivante : 
A) La décomposition du prix à la pompe au Sénégal.  B) Pourquoi le prix du gasoil à la pompe ne baisse pas autant que le baril  de Brent ? C) Quels sont les impacts des baisses décidées le 16 janvier 2016 ? 
  
A) La décomposition du prix à la pompe au Sénégal au 16 janvier 2016 . Cas du gasoil, produit blanc le plus consommé. (cf. tableau 1 ci-annexé). 
Demandons-nous quand l’automobiliste fait le plein à la station d’essence, que supporte-t-il réellement ? 
Le prix officiel du gasoil par exemple fixé à 640 F CFA le litre se décompose comme suit : 
                                                                         EN CFA/M3       EN % Prix pompe 
1. Prix parité import (rendu Dakar) : PPI            336 995                  52,65   
  1. Droit de porte                                                    19 440                   3,04
  2. Taxe spécifique                                                103 950                16,24
  3. Marge distribution                                            69 700                 10,89
  4. TVA                                                                  95 415                 14,91
  5. Marge du détaillant (gérant)                           14 500                    2,27
                                                                            ------------            --------------
  1. Prix au consommateur                                  640 000                 100,00
Ce dernier prix de 640 CFA/litre couvre :
  1. le coût des achats de pétrole brut et de produits raffinés, soit  52,65 % du prix à la pompe dont 28,4 % représentant le coût des produits rendus Port de Dakar, calculée sur la base du prix parité importation (PPI) ; 20,85 % de contribution du  FSIPP (Fonds de Soutien à l’Importation des Produits Pétroliers) à la restructuration financière de la SAR ; 3,12 %  au PSE (Prélèvement pour le Soutien de l’Energie)  destinés à la SENELEC.
2)- La rémunération du  raffinage, soit l’équivalent du montant des droits de porte 
     (3, 04 %) pour permettre  de payer la transformation par la SAR du pétrole brut importé en produits raffinés. 

3) - La rémunération du stockage, du  transport et de la distribution  (13,16  %) 
Il s’agit des coûts de logistique et de distribution (le stockage en dépôt, l’acheminement du produit jusqu’au point de vente) et  de ceux liés aux obligations environnementales (sécurité/hygiène). 
  
4)- la Fiscalité (34 %) 
Les taxes directes et indirectes perçues par l'Etat représentent au total plus du tiers du prix à la pompe soit  la TVA (14,91 % ) sur le prix total (correspondant à 18% du prix hors TVA), les droits de porte  (3 ,04 % )  dans le cas des importations de produits raffinés  et la taxe spécifique ( 16 ,24 % ) sur les produits raffinés. 
  
5)- Pour mémoire les Fonds et Prélèvements de Soutiens au secteur de l’Energie représentent  24 % du prix à la pompe et sont  apportés par l’Etat dans le cadre de la relance et de la restructuration financière de la raffinerie SAR (via le FSIPP pour  21 %) et de la SENELEC (via le PSE pour  3 %). Ces soutiens sont intégrés dans le PPI
  
  
  
  
  
  
B) Pourquoi le prix à la pompe ne baisse pas autant que le Brent ?
  • Une première remarque, pour bien analyser les prix des produits pétroliers (en constantes fluctuations), il importe de distinguer :
>> Le marché international du Brut (où se retrouvent les producteurs, vendeurs et acheteurs de pétrole non raffiné). Les transactions s’y font en fonction des cotations du baril et de conditions définies (au spot ou à terme). 
>> Le  marché international des produits finis ou raffinés (sur base des cotations PLATT’S OIL GRAM servent  de référence aux achats de produits pour les pays importateurs  comme le Sénégal). 
Même si un certain lien peut être établi entre les cours du brut et ceux des produits raffinés, chaque marché a ses réalités et spécificités propres ; ce qui joue normalement sur le niveau des cotations. 
  • La seconde observation.
>> Le marché intérieur des  hydrocarbures, dans des pays comme le Sénégal, est régi par l’Etat qui fixe les prix et les marges plafonds applicables à tous les stades de la filière hydrocarbures (Prix parité à l’Importation,   prix ex- raffinage et prix ex-dépôt, transport, distribution jusqu’au stade final de la consommation).
  • La troisième observation.
Demandons-nous si les postes de la structure des prix sont tous dépendants, liés ou corrélés significativement aux cours du baril de Brent et du dollar américain ? 
Les carburants (Essences, super , gasoil ) sont des produits raffinés et  leur prix à la pompe est généralement lié aux cotations internationales des produits raffinés, aux capacités de production des raffineries, à la demande saisonnière mondiale, etc. .) . 
  
La Structure des prix montre, au Sénégal, que seuls les éléments constitutifs du coût des achats rendus Port de Dakar (CIF NWE, Assurances, pertes en mer, transport maritime, frais financiers sur cargaisons et frais directs portuaires) sont directement liés aux cours internationaux du baril et du dollar. Il s’agit de 29 % tout au plus du prix à la pompe : de coûts susceptibles de varier en fonction de l'offre et de la demande du brut, des produits raffinés et du cours de l'euro par rapport au dollar sur le marché international. 
  
Tous les autres postes de la structure soit 71 % du prix à la pompe (fiscalité, marges des opérateurs et redevances diverses) sont fixés localement par l’Etat et calculés sans référence aux cours internationaux du pétrole ou du dollar. 
  
Pour ces raisons, il ne semble pas judicieux de demander la rétrocession intégrale des baisses enregistrées sur le marché international  mais de demander la vérité des prix à l’Etat et  ainsi de  pouvoir bénéficier de la part concernée.
  • La quatrième observation.
 Il faudrait essayer d’intégrer dans l’analyse des prix les aspects géostratégiques et évaluer particulièrement les impacts sur le niveau de l’offre et de la demande sur le marché ( de la position de l’OPEP sur les quota, du différend entre l’Arabie saoudite et l’Iran, de la guerre contre le gaz de schiste américain et de l’arrivée prochaine sur le devant de la scène internationale de l’Iran). 
En effet, du fait de la surabondance de production observée depuis 2014, il y a fort à craindre une crise économique majeure, monétaire et financière dans les pays producteurs de pétrole. 
  
Un tel contexte laisse présager une situation pire que celle de 2007-2008, avec des effets indirects négatifs sur les économies en développement et africaines notamment 
(re -positionnement stratégique des groupes pétroliers, fermeture d’installations d’exploration /production, reconsidération de la politique de diversification vers les énergies renouvelables et bien d’autres remous avec des impacts sociaux,...). 
 
  • La cinquième observation.
Le Brut tout comme les produits importés par le Sénégal et les pays membres de l’UEMOA sont facturés et réglés en devises, notamment en dollar américain. 
  
L’arrimage du Franc CFA à l’euro, monnaie de plus en plus forte par rapport au dollar, devrait constituer un autre sujet d’attention, ne serait-ce que pour prévenir les risques de pertes de compétitivité avec les pays de la CEDEAO et autres partenaires). 
  
Malgré la ferme confiance de nos gouvernants  en la solidité du franc CFA, vieux aujourd’hui de plus de 70 ans, la question de son rôle et de son impact sur le développement endogène devrait être soulevée et débattue maintenant tout au moins, entre  partenaires condamnés à s’unir pour survivre. 
  
C) Quels sont les impacts des baisses décidées le 16 janvier 2016 ? 
L'influence du cours du pétrole sur le prix du carburant est limitée parce que l’impact du prix du pétrole est faible (un tiers environ)  par rapport au prix final dans notre environnement. 
  
La part des taxes et prélèvements divers par contre étant élevé (58 %), l'évolution des prix à la pompe dépend en partie de celles-ci. 
  
Les prix sont de ce fait sensibles aux décisions de l'Etat en termes de fiscalité. 
  
Les pays non producteurs, comme le Sénégal, peuvent encore tirer avantage de la tendance baissière du Brut, mais des difficultés se profilent chez certains partenaires, bailleurs de fonds du Moyen-Orient comme de l’Asie ou de l’Amérique latine. 
  
Cependant, la prudence devrait rester de mise et  un motif pour ne pas répercuter aveuglément sur les prix intérieurs l’intégralité des gains engrangés, tirés des baisses successives des cours du baril. 
  
Les pays consommateurs, importateurs de produits pétroliers, pour des motifs de précaution,  ont tout intérêt à reconstituer si possible (les capacités de stockage actuelles assurent à 2 à 3 mois de consommation  au Sénégal) leurs stocks de produits ,à veiller à ce que les baisses officielles des prix n’engendrent pas des pertes sur stocks préjudiciables et à suivre comme le lait sur le feu l’évolution du dollar, devise de règlement de leurs importations. 
  
Enfin, sur un plan purement économique, des études économétriques devraient être menées  ou poursuivies pour la production d’analyses plus fines que les statistiques disponibles auprès des groupements professionnels du secteur de l’énergie et de l’ANSD. 
  
Les résultats des études de comportement, surtout des élasticités-prix et des élasticités -revenus sont attendus pour permettre d’aider les autorités à mieux asseoir la politique de fixation des prix des hydrocarbures. (*) 
  
Enfin, la réponse à apporter aux acteurs insatisfaits des baisses consenties réside, de mon point de vue, dans la recherche et la fixation d’un prix minimum à la pompequi puisse garantir et satisfaire à la fois l’équilibre économique de la chaîne de valeur «hydrocarbures»  (c’est-à dire des différents segments constitutifs de la filière), le pouvoir d’achat des ménages et les objectifs de sécurité et de collecte fiscale de l’Etat. 
  
La réussite d’une telle démarche suppose l’accomplissement de la Réforme du sous-secteur des hydrocarbures, en cours depuis 1998 (soit bientôt 18 ans à ce jour). 
  
Cet accomplissement passe nécessairement par la libération des prix (l’abandon en d’autres termes des prix administrés ou plafonnés). 
  
Les esprits  sont-ils suffisamment préparés et disposés à passer à l’étape proprement dite de lalibéralisation effective du secteur pétrolier 
  
Le privé national est-il suffisamment aguerri et volontariste pour se substituer à l’Etat -Protecteur- Décideur et Régulateur de marché ? 
  
J’en doute fort. 
  
Une réflexion plus approfondie s’impose, car les insatisfactions de la demande sociale de plus en plus pressantes, ne sont-elles pas finalement un appel à la libéralisation proprement dite du secteur stratégique de l’énergie ? (*). 
  
Tel est le sentiment que la lecture de la structure des prix m’inspire. 
  
(* )  Dans une prochaine contribution la question sera traitée. 
  
  
                                                    Jean Pierre NOEL 
    -Ancien Secrétaire Général du Groupement professionnel de l’industrie du Pétrole -GPP 
   - Membre de l’Association Sénégalaise des économistes. 
   -  Membre de l’Association Sénégalaise pour le Développement de l’Energie en Afrique 
  

  
  
ANNEXE 1 . STRUCTURE DES PRIX  DU GASOIL au 16 01 2016 en FCFA / M3 
 
  Coût rendu Port Dakar 183 573 28,69 %    
  FSIPP 133 422 20,85 %    
  PSE 20 000 3,12 %    
  PPI 336 995 52,66 %    
  DROITS DE PORTE 19 440 3,04 %    
  PRIX EX DEPOT 356 435 55,70 %    
           
  TAXE SPECIFIQUE 103 950 16,24 %    
  MARGE DE DISTRIBUTION 69 700 10,89 %    
  TVA 95 415 14,91 %    
  MARGE DU  DETAILLANT 14 500 2,27 %    
           
  PRIX AU CONSOMMATEUR 640 000 100,00 %    
           
  pour mémoire        
  TOTAL FISCALITE 218 805 34 % 58 %  
  SOUTIEN (FSIPP) et SUBVENTION (PSE) 153 422 24 %


Jeudi 28 Janvier 2016 - 02:32





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