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Animateurs polyvalents des cases des Tout-petits et des classes préparatoires : Lutte, lueurs, et leurres

De partout populations et travailleurs brandissent leurs cahiers de doléances. Certains comme les élèves des Eaux et Forêts allant jusqu’à marcher de la Casamance à la capitale. Quatre mois après avoir chassé WADE et le PDS du pouvoir le peuple doit-il adopter une posture de patience et de silence ? Lutter est-il antinomique à l’accompagnement d’un gouvernement se déclarant acquis à la rupture ? Comment comprendre les réticences de membres de la majorité présidentielle devant les luttes ? Quelle lecture de l’impérialisme des questions électorales, institutionnelles, de bonne gouvernance sur les questions sociales ? Le cas de la lutte des animateurs polyvalents des cases des tout petits et des classes préparatoires de la région de Tambacounda permet la participation à la réflexion que posent les questions susmentionnées.


Animateurs polyvalents des cases des Tout-petits et des classes préparatoires :  Lutte, lueurs, et leurres

Depuis plusieurs mois, les animateurs polyvalents des cases des tout petits et des classes préparatoires de la région de Tambacounda mènent une lutte aux enjeux régional et national.

 

Le mémorandum de ces travailleurs renseigne sur les raisons de cette lutte. « Depuis cinq ans, il nous est imposé une injustice sans nom pour avoir commis un seul tort : celui d’avoir cru au préscolaire publique et de servir leur pays à travers l’éducation de ses petites pousses. Il s’agit de celles et ceux connus sous l’appellation d’animateurs polyvalents des cases des tout petits et des classes préparatoires de la région de Tambacounda.

 

En intégrant les cases des tout petits et les classes préparatoires de la région de Tambacounda, il nous avait été dit que nous ferions un temps de bénévolat (prise en charge communautaire en fonction des possibilités qu’offrent les cotisations des parents d’élèves dans les cases) d’un (01) à deux (02) ans maximum. Après cette période, nous devrions être envoyés en formation dans les EFI pour en sortir avec le statut de volontaire qui nous permettrait de gravir les échelons nous permettant d’être recrutés dans la fonction publique.

 

L’Etat du Sénégal qui est une continuité n’a tenu aucune de ses promesses.

D’abord cela fait 5 ans que nous, jeunes pères, mères et soutiens de famille, sommes bénévoles. Ensuite, nous n’avons jamais été envoyés en formation. Enfin, ceci impliquant cela notre intégration au corps des volontaires a été renvoyée aux calendes grecques. »

 

Cette situation des 200 animateurs polyvalents de Tambacounda pose la question de fond du pré scolaire régional. En effet, « Le taux de pré scolarisation régional qui tournait autour de 2% avant la création des cases des tout petits et des classes préparatoires a atteint 10,6% en 2011 à Tambacounda. Ce taux a augmenté mais il est encore loin des 30% des OMD pour 2015. Notre situation menace ce taux et la qualité de ce qui est dispensé dans ces cases et classes préparatoires. ». Formation au rabais, travailleurs précarisés, cases des tout petits et classes préparatoires entièrement à part…Comment construire dans la région de Tambacounda le pré scolaire de l’égalité ? Le caractère anti démocratique et anti populaire de l’éducation commence dès le pré scolaire. Jardins d’enfants pour les enfants issus des classes favorisées et moyennes et cases et classes préparatoires pour les tout petits des masses paysannes, ouvrières et populaires. Cette lutte est une réponse à la question posée plus haut comme le dit le mouvement des animateurs polyvalents de Tambacounda :   « notre collectif se bat pour que sortent de la précarité institutionnalisée les animateurs polyvalents de Tambacounda et d’ailleurs afin d’améliorer davantage encore la qualité des enseignements dispensés.

 

Notre collectif lutte pour la région de Tambacounda, l’éducation pré scolaire régionale et nationale. Nous luttons pour l’égalité en qualité de l’éducation dispensée aux tout petits de la région de Tambacounda avec celle des tout petits des autres contrées du Sénégal. Cette lutte pose en effet une spécificité régionale découlant de l’extrême faiblesse des animateurs de la région de Tambacounda envoyés en formation. ».

 

Les animateurs polyvalents ont fait face à la violence du régime de WADE et du PDS. « Les animateurs polyvalents des cases des tout petits et des classes préparatoires auxquels ont été imposés cette situation et dont la majorité est composée de femmes ont été au service du préscolaire national et régional en acceptant de faire des sacrifices. Eloignement familial et conjugal, mariages en difficultés, avortements, conditions d’extrême enclavement de certaines zones… ». A ces violences le défunt régime y a ajouté d’autres. Dilatoire, menaces, irrespect, tentative d’imposition de la clandestinité institutionnelle, agression physique, refus de rencontrer le mouvement…C’est d’ailleurs la raison pour laquelle ces animateurs polyvalents ont été des acteurs du WADE DEGAGE.

 

Avec l’avènement du nouveau régime de la 2e alternance démocratique dont les animateurs polyvalents sont acteurs s’est posée la difficulté de l’ouverture de négociations crédibles. Alors que tous les autres syndicats de l’éducation avaient été rencontrés d’urgence, cette lutte et le collectif des animateurs polyvalents qui la porte semblaient ne pas constituer une urgence pour le nouveau régime resté 02 mois sans prendre contact avec le collectif. D’où l’exportation de la lutte à Dakar avec l’organisation d’un sit’in nocturne sur la place de l’Obélisque devant être suivi d’une marche vers le palais présidentiel. Ce cours donné à la lutte a permis au collectif des animateurs polyvalents de gagner une bataille. Le collectif a été reçu par la nouvelle directrice de l’Agence Nationale des Cases des Tout Petits, des engagements pris et un comité de suivi mis sur pied le 11 juin 2012. Ce résultat est appréciable car il a été obtenu dans des conditions difficiles. Mais il ne constitue pas une fin en soi et la guerre n’est pas encore gagnée.
 

La non et/ou faible implication des élus, des syndicats notamment d’enseignants, des partis politiques, de la société civile, des leaders d’opinion…de la région de Tambacounda dans cette lutte renseigne sur un certain nombre de choses. Elle est révélatrice d’une ignorance des enjeux et de préoccupation politicienne cantonnée aux seules questions liées aux élections. Comment comprendre autrement le fait que pendant la campagne électorale des élections législatives du 1er juillet dernier aucun candidat local ou national venu à Tambacounda n’a utilisé son temps de parole à la télévision pour parler des animateurs polyvalents des cases des tout petits et des classes préparatoires de Tambacounda ?

 

L’implication du M23 est mal vu par certains. Les anarcho syndicalistes commettent l’erreur de vouloir ériger une muraille de Chine entre lutte syndicale et lutte politique alors qu’ils sont pas ou peu présents sur le terrain du soutien dans cette lutte.  Cette situation des cases des tout petits et classes préparatoires n’est-elle pas politique en ce sens qu’elle énonce une option dans la gestion des affaires pré scolaires de la cité ? Cette lutte contre cette situation n’est-elle pas l’expression d’un point de vue politique dénonçant ce mode de gestion ? Comment la réponse ne serait-elle donc pas politique ?

 

Certaines autorités, dont certaines fanges de la direction de la case des tout petits au niveau régional comme national rêvent de décréter le M23 organisation non grata dans cette lutte comme dans d’autres en oubliant ce que le M23 a fait en terme de médiation dans la crise scolaire nationale.

 

La place du M23 de Tambacounda dans cette lutte sera déterminée par le M23 et par le collectif des animateurs polyvalents de Tambacounda.

 

Au-delà du M23, certains ne veulent pas de soutiens sérieux et conséquents de cette lutte. Un mouvement isolé donc manipulable et « plumable » est leur désir.

 

Le 11 Août prochain cela fera deux mois que le collectif des animateurs polyvalents aura rencontré la directrice de l’Agence nationale des cases des tout petits. La pression devra continuer pour la satisfaction de la plate forme revendicative avant la rentrée scolaire. Nous disons bien pression et lutte. Car, cette pression et cette lutte sont nécessaires, dans cette question comme dans les autres, pour l’actualisation de la volonté de rupture déclarée par le nouveau régime. C’est ainsi que tout démocrate et progressiste fidèle au peuple du 23 juin et du 25 mars doit voir cette lutte et les autres en tant que permettant sinon de réaliser la volonté du peuple du moins de s’en approcher. Elle permet aussi de rappeler et dire sans ambages : oui pour les audits, oui pour la restitution au peuple des deniers détournés, oui pour la réduction du train de vie de l’état…mais aussi oui pour le règlement des revendications des travailleurs, la satisfaction des plates formes locales et nationales des travailleurs et des populations.

 

D’ici là, renforcer et massifier la lutte pour un pré scolaire démocratique, populaire avec des animateurs mieux formés et motivés est une nécessité pour les populations de Tambacounda. Les animateurs polyvalents doivent remporter leur combat. Car au-delà de leur combat c’est le sort de toutes les préoccupations de Tambacounda qui est en jeu. Car les autres aspirations spécifiques aux populations de Tambacounda seront traitées de la même manière que ce dossier des cases des tout petits et des classes préparatoires.

 

En cela nous pouvons dire qu’à chaque fois qu’il s’écoule une semaine sans que le problème des animateurs polyvalents ne soit résolu, tendons l’oreille car le régime de Macky nous parle. Nos problèmes seront traités de la même manière. Tambacounda sera traité de la même manière.

 

Pour les populations de Tambacounda WADE DEGAGE voulait dire plus que chasser WADE et le PDS du pouvoir. Les populations de Tambacounda disaient aussi derrière ce slogan DEGAGE à la politique tambacoundoise de l’Etat du Sénégal. DEGAGE à la cinquantenaire marginalisation de la région naturelle du Sénégal oriental. DEGAGE à cette situation inacceptable dans laquelle sont confinés les cases des tout petit, les classes préparatoires, les animateurs polyvalents, le préscolaire de la région de Tambacounda.

 

23/07/12

Guy Marius SAGNA

Coordonnateur du M23 de Tambacounda



 

AB

Lundi 23 Juillet 2012 - 21:26





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