Pistorius : le parquet vise le meurtre avec préméditation

Un raz-de-marée médiatique. Au lendemain de l'annonce du meurtre de la top-model Reeva Steenkamp par le champion handisport Oscar Pistorius, la presse sud-africaine consacre en grande partie de ses articles aux zones d'ombres qui entourent encore le drame mais aussi à la personnalité du sportif rebaptisé "Blade Gunner" et décrit comme un "paranoïaque".

"Nous sommes stupéfaits. Nous avons toujours du mal à y croire", note The Times. "Les hommes l'admiraient, les femmes l'adoraient. Les enfants handicapés s'inspiraient de lui. Il était un brillant exemple de la façon de tirer le meilleur de soi-même quelles que soient les adversités", ajoute le quotidien sud-africain.

Le côté sombre de l'idole déchue

L'ensemble des journaux et sites internet s'attardent surtout sur le côté sombre de l'icône déchue. Le "Blade Runner" (son surnom en raison de ses lames de carbone venues compenser l'amputation de ses tibias) collectionnait les petites amies (blondes), avec qui il avait souvent des altercations.
Réputé pour son tempérament plutôt caractériel et parano, Pistorius est aussi un grand amateur d'armes à feux.

Il a notamment appris à tirer à un journaliste du New York Times, tandis qu'un reporter du Daily Mail britannique venu l'interviewer chez lui s'est étonné de trouver "des battes de cricket et de base-ball (...) derrière la porte, un pistolet près de son lit et un fusil automatique à une fenêtre", dans sa maison de Pretoria. Cette villa, où s'est joué le drame, est d'ailleurs située dans un lotissement résidentiel fortifié élu en 2009 "le domaine le plus sûr d'Afrique du Sud", selon The Star.

Le quotidien afrikaans Beeld, le premier à avoir donné l'information et très introduit dans le milieu afrikaner de Pretoria, a évoqué de précédents incidents impliquant le sportif : en 2009, alors qu'il était avec un ami qui avait renversé et tué un piéton, le sportif a tenté d'empêcher des journalistes de photographier l'accident, en déclarant platement "parce que je suis Oscar Pistorius".

Un meurtre avec préméditation ?

Un homme qui vivait visiblement dans l'angoisse en Afrique du Sud, un des pays les plus violents de la planète. Surexposé médiatiquement, l'athlète handisport, qui gagne plus d'un million de dollars par an, semblait craindre plus que tout qu'on s'en prenne à lui ou à ses biens. Un tweet d'Oscar Pistorius, datant de novembre dernier, témoigne de cette peur : "Il n'y a rien de pire que de rentrer chez soi, d'entendre la machine à laver, de penser qu'il s'agit d'un intrus et de se jeter dans la buanderie en mode combat !"

Un scénario qu'il a d'ailleurs repris devant la police pour expliquer son geste : s'il a tiré à quatre reprises et tuer Reeva Steenkamp, c'est parce qu'il l'avait confondu avec un voleur. Ce qui ne semble pas avoir convaincu les juges. Vendredi, Le juge Desmond Nair a renvoyé à mardi et mercredi l'audience au cours de laquelle la défense de Pistorius doit demander sa remise en liberté sous caution, "le temps pour la défense de faire des recherches et d'être en meilleure position pour plaider". Un magistrat affirme par ailleurs que le parquet s'apprête  à requalifier l'affaire en "meurtre avec préméditation" passible d'une peine de prison pouvant aller jusqu'à la perpétuité.