Une cérémonie protocolaire sous l’égide de l’ONU a ses contraintes, et le roi du Maroc a dû s’y plier. Mais respecter une étiquette ne signifie pas pour autant qu’on ne se fait pas plaisir, et qu’on ne règle pas les comptes. C’est ce qu’a fait le roi Mohammed VI avec un vieil adversaire du Maroc, le nonagénaire Robert Mugabe, éternel président du Zimbabwe.
Chef de l’État depuis 35 ans, pourfendeur des Blancs et des homosexuels dans son pays, Mugabe est hostile au Maroc et à son Sahara, depuis longtemps, depuis toujours... En janvier 2015, dans son discours d’investiture en tant que nouveau président de l’Union africaine, il avait eu ces mots durs envers Rabat, et devant tout le monde : « Le continent ne sera pas libre tant que nos frères du Sahara resteront sous occupation marocaine ». Rabat avait coupé les ponts avec le secrétaire général de l’ONU en mars dernier pour bien moins que ça… Fort bien… La vengeance est un plat qui se mange froid, dit-on…
Arrivé à la COP22, sur le sol marocain, Robert Mugabe devait dire bonjour au chef de l’État hôte et au secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, avant d’aller à la salle de conférence. Le roi Mohammed VI l’a salué avec une inhabituelle froideur, détournant ostensiblement la tête au moment de lui serrer la main. Et quand Ban Ki-moon a fait signe du geste au Zimbabwéen de prendre la pose pour la photo, à la droite de Mohammed VI, celui-ci lui a indiqué par un geste inverse qu’il pouvait poursuivre son chemin vers la salle de conférence. Mugabe s’est quand même figé près du roi, qui l’a encore ignoré, alors qu’avec les autres chefs d’État africains, il échangeait des amabilités, parfois des sourires…
Autre petit détail : quand le président soudanais, Omar el-Béchir, accusé par la Cour pénale internationale de crimes contre l’humanité et sous mandat de recherche internationale, est arrivé, on a remarqué que quelques secondes avant, Ban Ki-moon, qui était à l’accueil de tout le monde avec Mohammed VI, avait disparu… La Cour pénale relevant indirectement du Conseil de Sécurité de l’ONU, Ban Ki-moon ne pouvait pas serrer la main à el-Béchir, recherché par la justice internationale. Or, Ban Ki-moon est le chef de l’ONU et dans la zone bleue, la sécurité est assurée par les personnels armés des Nations-Unies. El-Bechir devait en principe être arrêté par eux… Mais le roi du Maroc a donné sa garantie au Soudanais, et l'ONU l'a respectée.
Enfin, petit détail croustillant sur le protocole onusien accepté par le Maroc. Pour la première fois dans l’histoire du Maroc, un Marocain donne la parole au roi du Maroc, au Maroc. C’est ce qu’a fait Salaheddine Mezouar, en sa qualité de président de la COP22, qui a annoncé que « la parole est au roi Mohammed VI ». Il était impressionné et quelque peu gêné aussi d’être assis près de lui, au même niveau... On le comprend, lui qui est un homme du sérail qui connaît bien les us et coutumes makhzéniennes.
Aziz Boucetta







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