
Une vidéo non datée circule depuis quelques heures sur Internet et montre des soldats sénégalais de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) se faire expulser de la ville de Bandiagara. Ils sont accusés (sans preuves) par les populations locales d’être de connivence avec les terroristes.
Le centre du Mali, à l'instar du nord, fait souvent l'objet d'attaques terroristes. Le Front de Libération du Macina du prédicateur peulh Amadou Kouffa, partie prenante de la filiale sahélienne d'Al Qaida, le Groupe de soutien à l'Islam et aux musulmans (GSIM) est implanté dans cette partie du pays, sujet depuis quelques mois à un conflit inter-communautaire opposant Peulhs et Dogons.
Cette opposition a atteint son paroxysme avec la tuerie d'Ogossagou en mars dernier. Plus d'une centaine de civils peulhs ont été tués par des individus armés qui appartiendraient à la milice dogon, Dan Na Ambassagou. Les dirigeants de ladite milice ont nié toute implication dans ce massacre.
Mais au terme de son enquête, la Minusma établit que la tuerie a été menée par une centaine d'hommes armés, identifiés comme des chasseurs traditionnels (dozos) et accompagnés par une dizaine d'hommes en tenue militaire et d'autres en tenue civile ».
Une conclusion qui n'a pas été du goût de la milice Dan Na Ambassagou de plus en plus acculée. C'est pour cette raison, nous informe-t-on, qu'elle a décidé d'instrumentaliser les populations contre les forces de la Minusma. Qui se voient ainsi, accusées à tort d’être de mèche avec les groupes terroristes.
Quatrième force étrangère de la Minusma après le Burkina Faso, le Tchad et le Bangladesh, le contingent sénégalais compte pas moins de 1300 membres, dont des policiers. Un bataillon de 600 soldats a été déployé dans le centre depuis 2018 pour aider à rétablir l'autorité de l’État, à la réconciliation et à la protection des civils.
C'est dans ce cadre qu'une opération appelée « Oryx » est menée depuis plus de dix mois aux côtés des forces armées maliennes dans la région de Mopti.
Pour le moment, pas de réaction des responsables de la Minusma.
Pour sa part, le gouvernement malien a réagi à travers un communiqué pour condamner ce qu'il qualifie « d'actes qui sont de nature à remettre en cause les efforts déployés par les autorités nationales et les partenaires internationaux pour le retour de la sécurité, de la stabilité et de la paix au Mali ».
« Tout en rappelant que la Minusma est présente dans notre pays à la demande des autorités nationales et conformément aux résultats pertinentes du Conseil de sécurité des Nations Unies, dans le but d'assurer le respect de l'unité nationale, de l'intégrité territoriale et de la souveraineté nationale, le gouvernement appelle les populations à la retenue et les invite à ne pas tomber dans le piège des ennemis de la paix », ajoute le communiqué signé le ministre de la Communication, chargé des Relations avec les Institutions, Porte-parole du Gouvernement.