
Un rapport de la banque britannique Barclays désigne le Sénégal, pays le plus endetté d’Afrique, avec une dette évaluée à 119% du PIB en 2024. Conséquence directe : les obligations en dollars du pays ont une nouvelle fois chuté, portant le recul de leur valeur à 9,1% depuis le début de l’année, selon les données compilées de Bloomberg. Dans des propos repris par Le Soleil, Pr Amath Ndiaye, enseignant à la Faculté des sciences économiques et de gestion (FASEG) à l’UCAD, conteste la conclusion de Barclays.
L’économiste rappelle que la soutenabilité de la dette publique se mesure à l’aide de deux indicateurs : le ratio dette/PIB et le ratio intérêts/recettes fiscales. Avec un taux de 119%, le Sénégal dépasse certes largement les seuils de prudence fixés par le FMI (60%) et l’UEMOA (70%). «Ce chiffre reflète l’accumulation rapide de la dette publique dans un contexte de déficits jumeaux (budgétaire et courant) et d’un accès limité aux financements concessionnels», précise Pr Ndiaye.
Mais, signale l’enseignant à la FASEG, sur la base du ratio dette/PIB, le Sénégal n’est pas le pays le plus endetté d’Afrique. Sans préciser les taux correspondants, Amath Ndiaye affirme que le Ghana, le Soudan et l’Érythrée font pire.
Les données de Trading Economics donnent partiellement raison au professeur d’économie. Elles révèlent que le Soudan et l’Érythrée affichent en 2024 des ratios dette/PIB de 272% et 164%, respectivement. Par contre, ces mêmes statistiques contredisent Pr Ndiaye à propos du Ghana dont le ratio est estimé à 70,5%, soit mieux que le Sénégal de 48,5 points.
Dans tous les cas, Pr Amath Ndiaye admet que le Sénégal se trouve dans la zone rouge. D’autant que, souligne-t-il, le niveau élevé de son ratio dette/PIB (119%) est associé à un ratio intérêts/recettes fiscales de 25,8%, supérieur aux seuils préconisés par le FMI et la Banque mondiale (entre 20 et 23%).
Pour sortir de cette situation, l’économiste plaide, selon Le Soleil, pour «des mesures urgentes telles qu’un accord avec le FMI, la maîtrise des déficits, une réforme fiscale et le recours à des financements moins coûteux».