Quel regard jetez-vous sur le procès d’Hissène Habré en terre africaine du Sénégal ?
La seule motivation du Sénégal pour juger Habré est d’ordre financier. Je le dis en connaissance de cause en tant qu’ancien responsable étatique. L’Etat Tchadien a proposé une contrepartie financière sous forme de dépôt au niveau du Trésor et d’autres facilités financières. Dans ce deal Habré devrait être extradé dans son pays d’origine pour y être jugé. Si l’opération a foiré, c’est parce que le Sénégal a jugé dérisoire l’offre financier des autorités Tchadiennes. C’est fort de ce constat que j’ai toujours défendu la thèse selon laquelle, les juges des Chambres africaines devraient se démettre de leur fonction en commençant par le Procureur et Spécial, parce que l’Etat du Sénégal avait un intérêt financier dans ce procès.
Hissène Habré comparait seul devant la barre des Chambres africaines extraordinaires (Cae). Que vous inspire cet état de fait ?
Habré était le Président d’une partie du Tchad. Moi-même, j’ai fais la campagne du Tchad avec les Libyens les armes à la main. J’étais au front. J’étais même membre du QG opérationnel des troupes Libyennes du Tchad. A côté de l’armée dirigée par le tandem Habré-Déby, il y avait au moins une dizaine d’armées. Tout le monde tirait sur tout le monde. Il y a eu beaucoup de morts. Si on nous dit aujourd'hui que Habré est le seul coupable de toutes ces tueries, il y a vraiment un problème.
Le Président Hissein Habré a opté pour le silence comme moyen de défense. Est-ce que cette stratégie pourra contribuer à la manifestation de la vérité ?
Habré est un Goran. Et les gens de sa tribu ont des principes qu’on peut considérer comme archaïques. Pour eux, la vie c’est la dignité. Mourir dignement, c’est continuer à vivre. Vivre indignement, c’est être un zombie. Habré ne peut pas vivre indignement. Il n’acceptera jamais dans cette parodie de justice de monter sur scène pour se mettre dans la peau d’un accusé. Quand une justice à un collimateur, c’est n’est plus une justice. C’est de la chasse.
Avez-vous des relations avec le Président Idriss Déby ?
Idriss Déby est mon ami. C’est même mon talibé. Je l’ai une fois amené à Dakar pour faire la paix avec le Président Soudanais El Béchir.
En 1992 vous étiez le seul chef religieux musulman à accueillir à l’aéroport de Dakar, aux côtés du Président Abdou Diouf, le Pape Jean-Paul II. Avec le recul, pouvez revenir sur ce voyage papal ?
Je vais vous donner un scoop. En 1992, le Président Abdou Diouf n’osait pas faire venir le Pape Jean-Paul II au Sénégal. Il me l’a dit et je prends son épouse en témoin. Il m’a dit qu’il n’osait pas, parce qu’il y avait le véto d’un Khalif. Je l’ai convaincu d’outrepasser ce véto. Car pour moi, les chrétiens du Sénégal avaient le droit de recevoir leur chef religieux. Et finalement le Président Diouf a pris son courage en acceptant de recevoir le Pape Jean-Paul II. Aujourd’hui, mon plus grand souhait est de voir avant de mourir, un Cardinal sénégalais devenir un jour Pape. Tout musulman est adepte de Jésus. Sinon, il n’est pas musulman puisque c’est Jésus qui a annoncé la venue du Prophète Mohammed (Psl).
Votre parti politique le Fap accuse l’Apr du Président Macky Sall d’avoir plagié une partie de son programme. De quoi s’agit-il exactement ?
Le Président Macky Sall s’est beaucoup inspiré du programme de mon parti. Il en a même fait son livre de chevet. Il aurait du au moins nous citer, ne serait-ce que par honnêteté intellectuelle. Sur ce plan, nous l’interpellons au nom de l’éthique et de la morale.
Justement dans ce programme, la paille y est présentée comme une énergie alternative. Pouvez-vous nous en dire davantage ?
La paille peut constituer le pétrole du Sahel. Si nous arrivons à récupérer ne serait-ce qu’un petit pourcentage de cette paille sauvage qui pousse spontanément dans la brousse, nous pouvons produire trois fois la capacité actuelle de la Sénélec qui est de 400 Mégawats. J’en avais discuté avec Macky Sall à l’époque où il était ministre de l’énergie. Mais il y avait émis quelques réserves en me disant que la paille se consume vite. Avec le recul, je l’invite à changer d’avis. Par ailleurs, cette même paille peut nous permettre d’avoir une industrie de fabrication de papier et de carton. Dans la paille, il y a une matière qui s’appelle la cellulose. Cette matière intervient dans la fabrication du papier. La paille peut nous permettre également de fabriquer des briques.
Comment votre formation politique a régit au caillassage du véhicule du Chef de l’Etat à l’Ucad ?
Nous l’avons condamné. C’est honteux. Les arrestations qui s’en sont suivies sont tout à fait normales, même si nous demandons la clémence du Président à l’égard des étudiants fautifs.
Quelle est votre position par rapport au débat sur la réduction du mandat du Président de la République ?
Je propose l’instauration d’un mandat de 7 ans et de 5 ans. 7 ans pour travailler. Et 5 ans pour finir.
Votre parti est dans quelle mouvance ?
Je suis dans le groupe des non-alignés. Nous ne sommes ni avec le pouvoir, ni contre avec l’opposition.
Comment jugé vous le compagnonnage du Président Sall avec ses alliés ?
Macky Sall est l’otage d’une gérontocratie politique qui l’entoure. Il doit s’en séparer. Hors cette opération ne peut aboutir, à mon avis qu’aux alentours de 2019.
Quelle analyse faites-vous des relations entre le Pds et l’Apr ?
Le futur du Président Macky Sall passera par le Pds. Macky Sall ne peut pas survivre politiquement sans le Pds. Le Pds s’impose à lui comme le carburant dans un véhicule.
La sortie au vitriole d’Alpha Condé lors de sa récente visite au Sénégal contre l’ancien Président Abdoulaye Wade était-elle nécessaire ?
Macky Sall ne devrait pas accepter que son prédécesseur soit trainé dans la boue par son hôte fut-il le Président de la Guinée. Il ne doit pas cautionner une telle forfaiture. C’est pourquoi, je lui demande solennellement de présenter ses excuses au peuple sénégalais souverain.
On dit de vous que vous être un milliardaire. Quelle est l’origine de votre fortune ?
Etre riche, c’est relatif. Quand vous êtes milliardaire au Sénégal, vous êtes millionnaire dans certains pays. Le plus important, ce n’est pas le volume d’une fortune, mais sa provenance licite. On peut être fortuné, sans être voleur.
Ahmed Khalifa Niasse a divorcé plus d’une fois dans sa vie. C’est vous le problème où les femmes ?
Je préfère me marier puis divorcer que de forniquer en ayant beaucoup de maitresses. A ce jour, j’ai divorcé avec 21 femmes dont dix m’ont laissé des enfants. Dans l’islam, il y a des mariages à géométrie variables. Dans quelques mois, vous allez encore entendre qu’Ahmed Khalifa Niasse a divorcé puis s’est remarié à nouveau.
Comment se porte le couple Ahmed Khalifa Niasse-Mayé Diagne, votre quatrième épouse ?
Le couple se porte à merveille machallah. Contrairement aux ragots, Mayé Diagne ne m’a jamais largué pour le Gabon. Elle n’a même pas de passeport. Actuellement, elle vit à mes côtés. Elle vient d’ailleurs d’inaugurer sa première voiture, sa nouvelle maison et ses nouveaux meubles.
Pourquoi avez choisir d’ériger le Palais Ahmadiyana à Fass un quartier populaire ?
C’est vrai, mon Palais est situé dans un quartier populaire. C’est un choix délibéré. Si je déménage pour aller vivre ailleurs, c’est une insulte pour mes voisins.
Un mot sur le style architectural de cette imposante bâtisse ?
Ce Palais est un mélange architectural. Il y a du baroque, de l’occidental et de l’oriental. C’est la somme de mes différentes pérégrinations à travers le monde.
Propos recueillis par Siaka NDONG
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