Direct Info : La situation nationale du pays reste marquée par le bilan du drame de Mina qui ne cesse de s’alourdir concernant les pèlerins sénégalais. Comment appréciez le fait que les Autorités ne puissent pas jusqu’ici livrer le nombre exact de victimes ?
D’abord permettez-moi de m’incliner devant la mémoire des disparus et de présenter mes plus sincères condoléances aux familles éplorées, encore que ce deuil recèle une dimension nationale. Puisse Allah Tout Puissant les accueillir dans son paradis éternel.
Ceci dit, ce drame nous interpelle tous, dans notre conscience collective comme individuelle par son ampleur et le flou total qui entoure les circonstances de sa survenance, d’abord, et sa gestion a postériori ensuite.
Pour tous ceux qui se sont rendus récemment aux lieux saints, il est difficilement compréhensible qu’une bousculade de cette nature puisse se produire et, au surplus, aboutir à un tel nombre de victimes humaines. C’est pour cela, tout en reconnaissant les efforts exceptionnels qu’il entreprend d’année en année pour parfaire cet évènement qui est le plus grand rassemblement spatio-temporel humain au monde, et au-delà du fatalisme qui nous caractérise nous autres croyants, que nous interpellons le gouvernement saoudien, seul responsable de l’organisation du pèlerinage, qui a l’obligation. Ce dernier doit, dans les plus brefs délais, mener et de rendre publique une enquête sur les circonstances de cette bousculades etétablir les responsabilités internes, parce que, pour qu’un tel désastre se produise, il y’a certainement des failles organisationnelles quelque part. Il y va de sa crédibilité vis-à-vis d’une Ouma meurtrie (...).
Cependant, les musulmans doivent faire très attention dans les commentaires et appréciations de la situation. Il y’a énormément de manipulations vues les dimensions culturelle, cultuelle, politique et géopolitique de l’affaire. Deux exemples (…)
Pour en revenir à votre question, ce drame nous interpelle aussi, au plan national. L’organisation du pèlerinage laisse à désirer depuis des années au Sénégal. Chaque année avec son lot de retards dans les vols allée comme retour, de pèlerins laissés en rade, de problème de restauration et d’hébergement…. L’incapacité à assurer des questions aussi élémentaires en temps normal se décuple bien évidement lorsque survient une crise comme celle de cette année.
Certainement que l’identification est une tâche délicate vues les circonstances et si l’on sait que certaines victimes ont perdu leurs badges d’identification. Mais avec une bonne synergie entre les membres de la commissions, les autorités diplomatiques, les voyagistes privés et, surtout, les étudiants sénégalais d’Arabie saoudite qui connaissent bien le terrain et possèdent la langue, une situation aurait certainement pu être établie à ce jour.
Direct Info : L’année scolaire2015-2016vient juste de démarrer. Au regard des menaces qui planent toujours sur l’enseignement et l’apprentissage, quelles mesures « courageuses » préconisez-vous pour un milieu scolaire apaisé ?
Pour moi, la responsabilité du blocage noté dans le système éducatif sénégalais incombe à 90% ou plus même à l’Etat sénégalais. Les enseignants ont exprimé des revendications légitimes au regard de la discrimination flagrante qui les frappe comparativement à d’autres agents de l’Etat à hiérarchie et grade similaires.
Vous savez, la question de l’enseignement c’est trois aspects : le traitement administratif de leurs droits, les injustices dans la rémunération et les conditions de travail.
Il y’a certainement une explication objective liée aux difficiles conditions de travail des fonctionnaires de la direction de la solde. Mais on ne peut manquer d’indexer des rétentions volontaires de l’Etat au regard des incidences financières de ces procédures sur le budget.
Pour moi, il n’est pas envisageable de procéder à un nivellement par le bas puisque, au-delà des écarts soulevés, aucun fonctionnaire au Sénégal ne me semble surpayé (compte non tenue de la corruption bien sûr). Certaines catégories de fonctionnaires, qui devraient valablement constituer la classe moyenne indispensable à la consommation dans un pays, ont sombré depuis longtemps dans le bas du tableau face à l’incapacité de l’Etat à lutter contre l’inflation et les spéculations de tous genres. Pire, l’Etat lui-même entretient une politique inflationniste rendant insupportable le coût de la vie (sur le foncier, les produits pétroliers, la fiscalité…).
Seule solution :le gouvernement doit rétablir les enseignants autant que possible dans leurs droits, d’autant que leurs prétentions ne sont même pas extraordinaires : l’alignement de l’indemnité de logement simplement.Après seulement on sera en droit, tout le peuple sénégalais s’entend, d’exiger de ces derniers de la rigueur et de la performance dans l’école publique.
Ce gouvernement, sous coupe réglée du FMI, distille des arguments fallacieux pour refuser d’accéder à ces revendications, montrant du coup son mépris pour l’éducation de nos enfants : pour des gens dont les enfants sont tous à l’étranger, rien d’étonnant.
D’abord, le gouvernement tient un discours alarmiste sur la masse salariale dont le poids, anormalement lourd, avoisinerait 43% des recettes fiscales, ce qui n’est pas vérifié puisque le ratio masse salariale sur recettes fiscales n’a jamais dépassé le seuil de 35% retenu par les critères de convergence de l’Uemoa, même en 2015 avec l’introduction progressive des corps émergents.
Sur tous les autres indicateurs qu’on peut retenir (masse salariale sur PIB, nombre de fonctionnaires sur population totale) le Sénégal a l’un des plus faibles ratios au monde, ce qui conforte la soutenabilité des revendications.
Le gouvernement doit arrêter avec le discours démagogique et étendre son espace budgétaire là où les marges existent : élargir l’assiette fiscale, réduire son train de vie, avec des institutions aussi budgétivores qu’inutiles et une clientèle politique pléthorique…
Direct Info : Le projet de Budget de l’année 2016 examiné en Conseil des ministres du mercredi 7 octobre dernier a été arrêté à 3022 Milliards de F CFA. Le ministre de l’Economie et des Finances a expliqué cette hausse du fait des choix déclinés dans le PSE. Partagez-vous cette option de l’Etat ?
Vous savez, il est facile de servir à un public non averti des assertions de ce genre sans les démontrer. Ce serait intéressant que ces ministres acceptent de débattrepubliquement avec l’opposition que nous sommes sur ces questions au lieu de se livrer à des monologues sur leur télévision préférée. Nous assistons à une situation cocasse d’un gouvernement qui, à défaut d’avoir un bilan pour alléger les souffrances des sénégalais, aime à pavoiser sur de fausses performances. Ce n’est que logique si le budget atteint ce cap aujourd’hui, rien d’extraordinaire.
Pour rappel, le budget est un simple document de prévision, susceptible de correction à tout moment lorsqu’on se rend compte qu’il ne reflète pas la réalité économique : d’où les lois de finances rectificatives dont on abuse d’ailleurs au Sénégal.
Sauf à admettre que le pays marche à reculons, les prévisions inscrites dans ce document sont évolutives d’année en année, portées essentiellement par les performances en matière de recouvrement des recettes fiscales. A titre d’illustration, notez que de 1960 à 2015, à l’exception notable des années 1966, 1969, 1986 et 1996 pendant lesquelles les recettes fiscales ont connues de légères baisses par rapport à l’année n-1, la tendance constante sur près de 55 ans est au glissement annuel positif.
Sur les quinze dernières années, cette tendance haussière a certes connu une poussée fulgurante. Les recettes fiscales sont ainsi passées de 537 milliards en 2000 à 2299 milliards en 2012, soit une hausse de plus de 400%.
Concernant le régime de Macky Sall, il a maintenu cette progression à une moyenne de 8% par année, sans avoir encore atteint le pic de 15% réalisé sous Wade en 2005.
Le gouvernement ressemble à un adolescent qui a tant entendu parler de l’an 2000 qu’àla survenue de celle-ci, il a fini par oublier que c’était simplement une année de plus. Mais franchement, à moins de tomber dans un mysticisme béat des chiffres, il n’y a pas de quoi pavoiser sur des prévisions budgétaires équilibrées à 3 022 milliards. Et cela n’a rien à voir avec le PSE qui, comme nous avons l’habitude de le dire dans nos débats, conduira le Sénégal vers tout sauf l’émergence. Encore moins avec une prétendue vitalité économique que le ministre est probablement seul à noter dans ce pays.
Les vraies performances sont attendues dans l’offre de service sociaux de base, la prise en charge adéquate de la crise de l’enseignement, la relance économique… et sur ces aspects, c’est toujours le désert.
Direct Info : La Conférence de Paris sur le climat, la Cop21 est prévue en décembre prochain. Pensez-vous que la voix de l’Afrique peut cette fois-ci être entendue ?
Il s’agit de la 21eme Conférence des Parties (COP 21) du Cadre de la Convention des Nations Unies sur leChangement Climatique (CCUNCC).Cet évènement, dont le but ultime est l’établissement d’une « gouvernance mondiale » du changement climatique, interpelle l’Afrique en ce sens qu’elle est le continentqui contribue le moins aux émissionsdes gaz à effet de serre, mais représente déjà la région la plus affectée par les impacts duchangement climatique, et sera probablement aussi, celle la plus exposée aux risques d’unréchauffement planétaire plus intense. Le changement climatique pose donc déjà de sérieuses menaces au développement de l’Afrique.
La COP 21, qui ambitionned’établir un nouveau régimeclimatique devant succéder au Protocole de Kyoto qui arrive à échéance en 2015, devait être un rendez-vous important pour l’Afrique.
Mais force est de craindre qu’il ne s’agisse là que d’un rendez-vous de plus, où nos dirigeants vont effectuer le déplacement pour la forme, à forts frais sur les deniers publics, sans que leur voix ne porte. A l’évidence, la réussite ou l’échec de ce sommet dépend fondamentalement de la capacité des « grands pollueurs » de ce monde, particulièrement la Chine et les USA, à s’entendre sur quelque chose.
Au surplus, l’Afrique, en plus de sa voix déjà inaudible dans les sommets mondiaux, peine aujourd’hui encore, à deux mois de l’évènement, à parler d’une seule voix. Et c’est triste de voir seulement maintenant, le Sénégal, à travers l’initiative de Tenergie-Sénégal, organiser un sommet africain pour tenter d’uniformiser une position. Cela est d’autant plus dommage que, sur les quatre objectifs que devrait rechercher l’accord, deux concernent spécifiquement l’Afrique : l’accent sur l’importance de l’adaptation pour l’Afrique, et le financement additionnel et adéquat avec un engagement fort sur l’opérationnalisationdu Fond Mondial du Climat (FMC))
D’abord permettez-moi de m’incliner devant la mémoire des disparus et de présenter mes plus sincères condoléances aux familles éplorées, encore que ce deuil recèle une dimension nationale. Puisse Allah Tout Puissant les accueillir dans son paradis éternel.
Ceci dit, ce drame nous interpelle tous, dans notre conscience collective comme individuelle par son ampleur et le flou total qui entoure les circonstances de sa survenance, d’abord, et sa gestion a postériori ensuite.
Pour tous ceux qui se sont rendus récemment aux lieux saints, il est difficilement compréhensible qu’une bousculade de cette nature puisse se produire et, au surplus, aboutir à un tel nombre de victimes humaines. C’est pour cela, tout en reconnaissant les efforts exceptionnels qu’il entreprend d’année en année pour parfaire cet évènement qui est le plus grand rassemblement spatio-temporel humain au monde, et au-delà du fatalisme qui nous caractérise nous autres croyants, que nous interpellons le gouvernement saoudien, seul responsable de l’organisation du pèlerinage, qui a l’obligation. Ce dernier doit, dans les plus brefs délais, mener et de rendre publique une enquête sur les circonstances de cette bousculades etétablir les responsabilités internes, parce que, pour qu’un tel désastre se produise, il y’a certainement des failles organisationnelles quelque part. Il y va de sa crédibilité vis-à-vis d’une Ouma meurtrie (...).
Cependant, les musulmans doivent faire très attention dans les commentaires et appréciations de la situation. Il y’a énormément de manipulations vues les dimensions culturelle, cultuelle, politique et géopolitique de l’affaire. Deux exemples (…)
Pour en revenir à votre question, ce drame nous interpelle aussi, au plan national. L’organisation du pèlerinage laisse à désirer depuis des années au Sénégal. Chaque année avec son lot de retards dans les vols allée comme retour, de pèlerins laissés en rade, de problème de restauration et d’hébergement…. L’incapacité à assurer des questions aussi élémentaires en temps normal se décuple bien évidement lorsque survient une crise comme celle de cette année.
Certainement que l’identification est une tâche délicate vues les circonstances et si l’on sait que certaines victimes ont perdu leurs badges d’identification. Mais avec une bonne synergie entre les membres de la commissions, les autorités diplomatiques, les voyagistes privés et, surtout, les étudiants sénégalais d’Arabie saoudite qui connaissent bien le terrain et possèdent la langue, une situation aurait certainement pu être établie à ce jour.
Direct Info : L’année scolaire2015-2016vient juste de démarrer. Au regard des menaces qui planent toujours sur l’enseignement et l’apprentissage, quelles mesures « courageuses » préconisez-vous pour un milieu scolaire apaisé ?
Pour moi, la responsabilité du blocage noté dans le système éducatif sénégalais incombe à 90% ou plus même à l’Etat sénégalais. Les enseignants ont exprimé des revendications légitimes au regard de la discrimination flagrante qui les frappe comparativement à d’autres agents de l’Etat à hiérarchie et grade similaires.
Vous savez, la question de l’enseignement c’est trois aspects : le traitement administratif de leurs droits, les injustices dans la rémunération et les conditions de travail.
- Pour ce qui est des lenteurs administratives, elles sont subies par tous les fonctionnaires de ce pays. Il est très difficile de disposer à temps des actes d’intégration, des actes d’avancement ou simplement des actes de radiation. Ce qui impacte durement les agents. Imaginez un retraité qui reste un an sans percevoir sa pension simplement parce que l’acte n’est pas disponible.
Il y’a certainement une explication objective liée aux difficiles conditions de travail des fonctionnaires de la direction de la solde. Mais on ne peut manquer d’indexer des rétentions volontaires de l’Etat au regard des incidences financières de ces procédures sur le budget.
- Pour ce qui est des injustices dans le système de rémunération, les gouvernements successifs des 15 dernières années ont eu une gestion irresponsable de la masse salariale, particulièrement du régime indemnitaire, allouant à certains des indemnités plus qu’ils n’en demandaient même, et les refusant à d’autre, notamment les enseignants. Résultat des courses : à hiérarchies et corps égaux, les écarts peuvent aller du simple au triple, voire même plus.
Pour moi, il n’est pas envisageable de procéder à un nivellement par le bas puisque, au-delà des écarts soulevés, aucun fonctionnaire au Sénégal ne me semble surpayé (compte non tenue de la corruption bien sûr). Certaines catégories de fonctionnaires, qui devraient valablement constituer la classe moyenne indispensable à la consommation dans un pays, ont sombré depuis longtemps dans le bas du tableau face à l’incapacité de l’Etat à lutter contre l’inflation et les spéculations de tous genres. Pire, l’Etat lui-même entretient une politique inflationniste rendant insupportable le coût de la vie (sur le foncier, les produits pétroliers, la fiscalité…).
Seule solution :le gouvernement doit rétablir les enseignants autant que possible dans leurs droits, d’autant que leurs prétentions ne sont même pas extraordinaires : l’alignement de l’indemnité de logement simplement.Après seulement on sera en droit, tout le peuple sénégalais s’entend, d’exiger de ces derniers de la rigueur et de la performance dans l’école publique.
Ce gouvernement, sous coupe réglée du FMI, distille des arguments fallacieux pour refuser d’accéder à ces revendications, montrant du coup son mépris pour l’éducation de nos enfants : pour des gens dont les enfants sont tous à l’étranger, rien d’étonnant.
D’abord, le gouvernement tient un discours alarmiste sur la masse salariale dont le poids, anormalement lourd, avoisinerait 43% des recettes fiscales, ce qui n’est pas vérifié puisque le ratio masse salariale sur recettes fiscales n’a jamais dépassé le seuil de 35% retenu par les critères de convergence de l’Uemoa, même en 2015 avec l’introduction progressive des corps émergents.
Sur tous les autres indicateurs qu’on peut retenir (masse salariale sur PIB, nombre de fonctionnaires sur population totale) le Sénégal a l’un des plus faibles ratios au monde, ce qui conforte la soutenabilité des revendications.
Le gouvernement doit arrêter avec le discours démagogique et étendre son espace budgétaire là où les marges existent : élargir l’assiette fiscale, réduire son train de vie, avec des institutions aussi budgétivores qu’inutiles et une clientèle politique pléthorique…
- Pour ce qui est des conditions de travail, il faut déplorer la dégradation continue de l’environnement scolaire : les cours sont encore dispensés dans des abris provisoires dans bien des localités du pays avec des effectifs pléthoriques, le manque de formation pour beaucoup d’enseignants impactant sur la qualité des enseignements, la faiblesse du personnel d’encadrement (inspecteurs de l’éducation), le faible recours à l’outil informatique avec des salles et matériels vétustes….
Direct Info : Le projet de Budget de l’année 2016 examiné en Conseil des ministres du mercredi 7 octobre dernier a été arrêté à 3022 Milliards de F CFA. Le ministre de l’Economie et des Finances a expliqué cette hausse du fait des choix déclinés dans le PSE. Partagez-vous cette option de l’Etat ?
Vous savez, il est facile de servir à un public non averti des assertions de ce genre sans les démontrer. Ce serait intéressant que ces ministres acceptent de débattrepubliquement avec l’opposition que nous sommes sur ces questions au lieu de se livrer à des monologues sur leur télévision préférée. Nous assistons à une situation cocasse d’un gouvernement qui, à défaut d’avoir un bilan pour alléger les souffrances des sénégalais, aime à pavoiser sur de fausses performances. Ce n’est que logique si le budget atteint ce cap aujourd’hui, rien d’extraordinaire.
Pour rappel, le budget est un simple document de prévision, susceptible de correction à tout moment lorsqu’on se rend compte qu’il ne reflète pas la réalité économique : d’où les lois de finances rectificatives dont on abuse d’ailleurs au Sénégal.
Sauf à admettre que le pays marche à reculons, les prévisions inscrites dans ce document sont évolutives d’année en année, portées essentiellement par les performances en matière de recouvrement des recettes fiscales. A titre d’illustration, notez que de 1960 à 2015, à l’exception notable des années 1966, 1969, 1986 et 1996 pendant lesquelles les recettes fiscales ont connues de légères baisses par rapport à l’année n-1, la tendance constante sur près de 55 ans est au glissement annuel positif.
Sur les quinze dernières années, cette tendance haussière a certes connu une poussée fulgurante. Les recettes fiscales sont ainsi passées de 537 milliards en 2000 à 2299 milliards en 2012, soit une hausse de plus de 400%.
Concernant le régime de Macky Sall, il a maintenu cette progression à une moyenne de 8% par année, sans avoir encore atteint le pic de 15% réalisé sous Wade en 2005.
Le gouvernement ressemble à un adolescent qui a tant entendu parler de l’an 2000 qu’àla survenue de celle-ci, il a fini par oublier que c’était simplement une année de plus. Mais franchement, à moins de tomber dans un mysticisme béat des chiffres, il n’y a pas de quoi pavoiser sur des prévisions budgétaires équilibrées à 3 022 milliards. Et cela n’a rien à voir avec le PSE qui, comme nous avons l’habitude de le dire dans nos débats, conduira le Sénégal vers tout sauf l’émergence. Encore moins avec une prétendue vitalité économique que le ministre est probablement seul à noter dans ce pays.
Les vraies performances sont attendues dans l’offre de service sociaux de base, la prise en charge adéquate de la crise de l’enseignement, la relance économique… et sur ces aspects, c’est toujours le désert.
Direct Info : La Conférence de Paris sur le climat, la Cop21 est prévue en décembre prochain. Pensez-vous que la voix de l’Afrique peut cette fois-ci être entendue ?
Il s’agit de la 21eme Conférence des Parties (COP 21) du Cadre de la Convention des Nations Unies sur leChangement Climatique (CCUNCC).Cet évènement, dont le but ultime est l’établissement d’une « gouvernance mondiale » du changement climatique, interpelle l’Afrique en ce sens qu’elle est le continentqui contribue le moins aux émissionsdes gaz à effet de serre, mais représente déjà la région la plus affectée par les impacts duchangement climatique, et sera probablement aussi, celle la plus exposée aux risques d’unréchauffement planétaire plus intense. Le changement climatique pose donc déjà de sérieuses menaces au développement de l’Afrique.
La COP 21, qui ambitionned’établir un nouveau régimeclimatique devant succéder au Protocole de Kyoto qui arrive à échéance en 2015, devait être un rendez-vous important pour l’Afrique.
Mais force est de craindre qu’il ne s’agisse là que d’un rendez-vous de plus, où nos dirigeants vont effectuer le déplacement pour la forme, à forts frais sur les deniers publics, sans que leur voix ne porte. A l’évidence, la réussite ou l’échec de ce sommet dépend fondamentalement de la capacité des « grands pollueurs » de ce monde, particulièrement la Chine et les USA, à s’entendre sur quelque chose.
Au surplus, l’Afrique, en plus de sa voix déjà inaudible dans les sommets mondiaux, peine aujourd’hui encore, à deux mois de l’évènement, à parler d’une seule voix. Et c’est triste de voir seulement maintenant, le Sénégal, à travers l’initiative de Tenergie-Sénégal, organiser un sommet africain pour tenter d’uniformiser une position. Cela est d’autant plus dommage que, sur les quatre objectifs que devrait rechercher l’accord, deux concernent spécifiquement l’Afrique : l’accent sur l’importance de l’adaptation pour l’Afrique, et le financement additionnel et adéquat avec un engagement fort sur l’opérationnalisationdu Fond Mondial du Climat (FMC))