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A bâtons rompus avec Doudou Sarr, Coordinateur adjoint du M.23 : "Karim était le principal responsable du pays.

Personne ne comprendrait qu’il ne soit pas le premier interpellé (...) La CREI est démocratique et plus républicaine que la Haute Cou


A bâtons rompus avec Doudou Sarr, Coordinateur adjoint du M.23 : "Karim était le principal responsable du pays.

Connu comme un acteur politique atypique, le coordonnateur adjoint du M.23 livre dans la première partie de l'interview qu'il nous a accordée, son sentiment sur la marche du pays, non sans se prononcer sur l'actualité brûlante du moment.

Votre lecture en toute objectivité sur cette fameuse traque des biens supposés mal acquis?

Doudou Sarr : De quoi s’agit-il ? Permettez-moi une digression à laquelle j’accorde de l’importance. La quasi-totalité des propos que je vais tenir datent d’avant le 25 Mars 2012 et parfois d’avant le 19 Mars 2000 ! Le sujet que vous abordez concerne mon engagement politique depuis des décennies. La récupération des ressources nationales, matérielles et financières distraites par des prédateurs locaux et étrangers, a toujours été le premier objectif des organisations politiques et citoyennes auxquelles j’ai appartenu. Non pas un objectif parmi d’autres, mais bien le premier parce qu’ il concentre à la fois la lutte pour la préservation de notre Indépendance Nationale et la lutte pour la République. 

En effet, si sous Senghor et Diouf lorsqu’un prédateur Sénégalais subtilisait un franc CFA le prédateur étranger complice subtilisait lui onze francs CFA, sous Wade, il faut reconnaître que contrairement à l’apparence il a résisté, lorsque le prédateur Sénégalais soustrayait un franc, le prédateur étranger en soustrayait sept. Ainsi en 2006 à la UNE d’un de vos confrères, j’alertais déjà : le régime de la première alternance égalait en six ans ce qui avait été soustrait sous le régime du Ps en quarante ans ! 
Le niveau des sommes en cause doit nous amener à comprendre qu’il ne s’agit pas seulement d’une question morale ou éthique, mais bien de la capacité de notre peuple à préserver les moyens de prendre en charge ses urgences économiques et sociales. C’est de cela qu’il s’agit! Les rapports de l’ARMP, du Contrôle Financier, de l’Inspection des Finances, de l’Inspection Générale d’Etat, de la Cour des Comptes ainsi que des Cabinets Privés sollicités, nous renseignent  largement sur le caractère abyssal des trous laissés par les gestionnaires en cause. Nous devons comprendre que beaucoup de Sénégalaises et de Sénégalais sont morts, sont encore malades, n’ont pu bénéficier de classe et de tables-bancs, n’ont pu se loger décemment, ont perdu leur emploi, n’ont pu accéder à un emploi du fait que les ressources nationales en cause ont été soustraites. Il s’agit comprenons le bien d’un véritable massacre physique, économique et social. Ne l’oublions jamais! N’oublions jamais aussi que ces sommes dont la disparition a été établi sans contestation aucune par les organismes de contrôle interne et externe, sont le résultat du labeur de la majorité de notre peuple. L’argent public, c’est notre argent privé réuni au Trésor, auquel il est accolé le qualificatif de public. C’est toujours notre argent privé confié à l’état. L’absence de cet argent nous pénalise lourdement chaque jour et parfois mortellement. C’est pourquoi ce que vous appelez la traque des biens mal acquis n’est pas pour nous, de façon restrictive, affaire de magistrats et d’avocats. C’est avant tout une affaire du peuple, du combat de ce dernier pour la préservation des ressources, fruit de son travail quotidien. C’est pourquoi partout où cela a eu un début de réussite, le peuple s’est massivement mobilisé. Partout où le peuple n’a pu être mobilisé par les organisations dont il s’est librement doté, cela a échoué. Le combat pour la traque des biens mal acquis répétons-nous, est un combat et pour la préservation de notre indépendance nationale et pour la préservation du caractère républicain de notre Etat. La traque des biens mal acquis donne contenu, substance et sens à notre Indépendance et à notre République. En effet, à l’impunité et à l’absence de reddition des comptes est substituée l’interpellation et l’explication exhaustive sur les décisions de gestion ayant conduit à la situation actuelle. 
Nous avons à faire face à une coalition de nature internationale qui regroupe nombre de  chefs d’états africains, d’autorités maraboutiques, de chefs d’états anciens ou actuels des pays partenaires au développement, d’entités du système bancaire et financier, des sociétés fournisseurs du public et du para public sénégalais. Tout ce monde que cela soit dit ou pas, fait pression, brouille la traçabilité des mouvements financiers, menace parfois ouvertement, pour que notre gouvernement renonce. Nous ne fabriquons pas d’équipement, de machines-outils, de matériel divers, ce n’est pas nous qui surfacturons. Nous ne possédons pas de banque, ni au Sénégal ni à l'extérieur, ce n’est pas nous qui cachons les comptes et les coffres. Rappelons qu’au Niger à deux reprises, au Mali, en Guinée-Conakry, en Guinée-Bissau avant l'indépendance, des Chefs d’Etats ont perdu leur vie ou ont été victimes d’attentat, parce qu’ils avaient engagé la traque des biens mal acquis. Rappelons-nous qu’au Sénégal, le principal facteur ayant motivé l'opposition de députés à Mamadou Dia résulte du fait qu’il ait engagé la lutte sans concession pour la préservation des ressources des sociétés d’encadrement rural, grandes consommatrices de fournitures de biens et de services par des sociétés de la « métropole ».  Ce qui supprimait toute chance de survie des sociétés d’encadrement et qui préservait l’économie de traite, principal instrument  de dépendance néo-coloniale. Mamadou Dia l’a payé de douze années de sa vie. 
 Face à la coalition des prédateurs, le président de la République et le Premier ministre Aminata Touré ont été isolés. Vous n’avez vu, ni des organisations de la société civile, ni des partis politiques, mobiliser le peuple sénégalais. Vous n’avez pas vu de tournées de personnalités sénégalaises visant la mobilisation d’organisations sœurs dans les pays du nord pour soutenir le peuple sénégalais dans la traque des biens mal acquis. Nous avons toujours appelé chez vos confrères de la télévision et de la radio, à l’organisation d’une concertation nationale pour entre autre, faire sauter le verrou de l’isolement du président et du premier ministre sortant. 
La dernière question porte sur la soutenabilité politique  de la traque. En effet, au cours de toute mon expérience professionnelle d’auditeur, des aînés et même des cadets se sont posés la question de savoir s’il ne fallait pas prévoir un travail de sensibilisation à la reddition des comptes chez nos hommes d’état et nos gestionnaires de derniers publics dans les secteurs publics et para publics. En effet, à chaque fois qu’un responsable a été mis en cause, il s’est indigné ! Pour lui, il  était le propriétaire de l’entité dont il avait la charge, des ressources de cette dernière et parfois au-delà.  Certains ont proposé une commission vérité restitution des ressources qui nous permettrait à la fois de recouvrer les ressources dissipées au niveau national, mais aussi qui nous permettrait de faire bloc pour recouvrer les ressources beaucoup plus importantes au niveau international, sans risquer d’affaiblir la cohésion nationale.

Dakaractu : Mr. Sarr que vous inspire tout ce débat autour de l'affaire Karim Wade, de son inculpation à la tenue du procès?

Doudou Sarr : Les mises en cause sont d’égale dignité. Il s’agit du premier procès concernant tous les inculpés. Il est compréhensible que Karim ayant occupé les responsabilités les plus importantes, soit celui sur lequel la presse se focalise. Mais c’est le procès de tous les inculpés. 
N’oublions pas, parce que dans ce cas nous ferions un contre sens, qu’il s’agit d’abord et avant tout d’une exigence du peuple sénégalais dans son écrasante majorité : il faut que ceux qui ont eu à gérer nos derniers rendent compte. Le président de la République ne fait qu’exécuter une véritable sommation populaire! Il ne s’agit donc pas d’un duel à mort entre deux gladiateurs, l’un nommé Karim Wade, l’autre Macky Sall. Il s’agit du respect du vote des 26 Février et 25 Mars 2012 exigeant clairement que ceux qui sont en cause dans tous les rapports des corps de contrôle rendent compte. Signalons qu’au Sénégal, dès qu’au cours d’un contrôle, il y a soupçon à partir d’un million de francs CFA, le Procureur de la République est saisi. Remarquons que la plupart des rapports ont été élaborés sous la gouvernance du président Wade. Le président actuel n’a fait que les transmettre à la Justice. 
Je voudrais aussi vous faire remarquer que le procès se tient à mon humble avis très tôt, sinon trop tôt. En effet, je suis incapable de vous citer un exemple de procédure relative à des investigations financières qui pour des affaires similaires ont duré moins de 10 ans, je dis bien moins de 10 ans! Cela prend du temps et beaucoup de temps. Durant les investigations, les mouvements continuent, les prédateurs et leurs complices ne restent pas inactifs. Aussi bien ai-je été surpris par le fait qu’on annonce que les investigations sont terminées. C’est trop court! Le délai de six mois démontre que ceux qui ont élaboré la loi, n’avaient pas de vécu en matière d’investigations financières internationales ! Six mois cela résonne comme une interdiction de ne pas bâcler les investigations ! Le procès aurait dû se tenir à la fin de l’instruction. 
Je l’ai dit tantôt, la nature des faits quant à leur portée notamment, confine plus au crime qu’au délit ! Nous avons vu que les gens meurent du fait de l’accaparement des ressources nationales. 

  

Dans certains pays d’Afrique ces faits sont considérés comme des crimes dont les victimes ne sont pas les accusés mais d’abord les sénégalaises et sénégalais morts, ou victimes de préjudices comme la maladie non soignée faute de moyen, l’école non terminée etc..

Je voudrais en outre rappeler que dans tous les pays du monde, lorsqu il est demandé à quelqu’un de justifier sa fortune ou son train de vie, il ne fait à ce stade l’objet d’aucune accusation. Il n’y a pas à cette étape d’inversion ou non de la charge de la preuve ! Ainsi l’inspecteur des impôts ne vous fait subir un redressement, que lorsque vous êtes incapables de justifier que vous n’avez pas les revenus soupçonnés, alors que vous menez un train de vie qui est un multiple de vos revenus officiels.
En dernier lieu, j’ai un problème sérieux avec la Haute Cour de Justice, parce que c’est faire deux poids deux mesures que de faire juger les politiques par leurs pairs. Ce n’est pas le cas du citoyen ordinaire. Cela pose un problème de démocratie et du respect du caractère républicain de l’Etat. La CREI m’a toujours paru plus démocratique et plus républicaine que la Haute Cour.


Bamba Toure

Dimanche 10 Août 2014 - 13:05





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