Interrogé mercredi par le journal L’Observateur, Mbaye Ndiaye a déclaré : ‘’Ils ont peut-être raison, c’est leur point de vue et je le respecte. Mais je suis convaincu que je ferai en sorte que ce ministère, dans sa gestion, puisse se départir de tous les soupçons, de l’absence de confiance entre les acteurs pour être au service de la République et non au service d’un clan’’.
A la question de savoir s’il ne craignait pas de commettre les mêmes impairs que son prédécesseur le ministre de l’Intérieur a répondu : ‘’Non, il ne s’agit pas des mêmes hommes, pas des mêmes personnalités, pas des même convictions, pas de la même équipe’’.
Il a ajouté : ‘’Nous allons inscrire notre action politique dans le cadre du respect de l’éthique et de la dignité’’.
‘’Nous voulons mettre l’Etat, la République et le pays au-dessus de tout. Et dans ce cadre, une démocratie qui fonctionne doit accepter la cohabitation, discuter sur la base d’idées et trouver un terrain d’entente (…)’’, a-t-il dit.
Mbaye Ndiaye, un proche de Macky Sall, a été nommé ministre de l’Intérieur dans le gouvernement formé le 4 avril par le Premier ministre Abdoul Mbaye.
Il a milité au Parti démocratique sénégalais (PDS, opposition) et l’a quitté en même temps que l’actuel chef de l’Etat, pour créer l’Alliance pour la République (APR).
Des critiques se sont élevées au sein de l’opinion, et même des alliés du nouveau pouvoir, contre cette nomination, estimant que le ministre de l’Intérieur est un partisan du chef de l’Etat.
La nomination d’une personnalité sans couleur politique au ministère de l’Intérieur était une des conclusions des Assises nationales que le président de la République nouvellement élu, Macky Sall, s’était engagé à appliquer.
Avec les élections législatives en perspectives, Mbaye Ndiaye est au centre du débat électoral.
Mercredi, le journal Walfadrji a titré à sa Une : ‘’Cas de Mbaye Ndiaye, première crise en vue pour Macky Sall’’ avec ‘’les germes d’un contentieux électoral’’, selon le quotidien.
‘’La nomination d’un ministre est une prérogative du chef de l’Etat. Sur ce point, il n’y a rien à dire. Mais que le ministre de l’Intérieur soit un membre du parti au pouvoir peut être source de conflit. Et nous l’avons vu avec Me Ousmane Ngom dont le maintien au poste d’organisateur des élections avait créé de contestations’’, a dit Ousmane Badiane (LD, mouvance présidentielle) dans Walfadjri.
‘’Donc, a rappelé Badiane, c’est pour éviter cela que les conclusions des Assises nationales ont suggéré (…) la nomination d’une personnalité neutre pour l’organisation des élections’’.
‘’Nous osons espérer que le chef de l’Etat sera attentif aux attentes du peuples des Assises nationales sur cette question’’, a déclaré Ousmane Badiane, spécialiste des questions électorales’’.
Pour lui, ‘’on ne peut pas juger Mbaye Ndiaye qui n’a pas encore organisé d’élections. Mais le principe souhaité par tous, c’est la nomination d’une personnalité neutre’’.
En perspective de l’élection présidentielle, l’ancienne opposition avait fortement critiqué le maintien de Me Ousmane Ngom, membre du Parti démocratique sénégalais (PDS) au poste de ministre de l’Intérieur et principal organisateur de ce scrutin.
L’opposition réclamait une personne neutre pour ce poste. Me Abdoulaye Wade avait accédé, en partie, à cette requête, en nommant un ministre chargé des Elections, Cheikh Guèye, anciennement directeur général des élections (DGE).
Selon le journaliste et homme politique Abdou Latif Coulibaly, le même reproche fait à l’ex ministre de l’Intérieur Me Ousmane Ngom est valable pour son successeur au poste, Mbaye Ndiaye, espérant toutefois que le titulaire actuel du département "ne fera pas autant que" son prédécesseur.
‘’On reprochait à Ousmane Ngom d’être a priori un partisan (…) Mbaye Ndiaye (aussi) l’est (…)’’, a affirmé M. Coulibaly dimanche sur la RFM (privée) dans l’émission Grand jury, tout en s’interrogeant : ‘’En quoi est-il différent, du point de vue de son engagement politique, de Ousmane Ngom ?’’.
Sur le même sujet, Ndiaga Sylla de Wallu askanu Sénégal soutient : ‘’Nous retenons et faisons retenir que si le nouveau pouvoir applique les conclusions des Assises nationales, Mbaye Ndiaye ne devrait pas organiser les élections’’.
Selon lui, ‘’ce rôle devrait échoir à une personnalité neutre ou à une structure comme la CENI (Commission électorale nationale indépendante)’’.
L’ancien parti au pouvoir, le Parti démocratique sénégalais (PDS) ne conteste pas cette nomination. ‘’Ce n’est pas parce que nous sommes maintenant dans l’opposition que nous allons renier nos principes’’, a souligné Babacar Gaye, son porte-parole.
‘’Nous estimons qu’un ministre de l’Intérieur, membre du parti au pouvoir, peut bel et bien organiser des élections. Et nous continuons à le croire’’, a dit Gaye.
APS
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