‘’Au niveau de la société traditionnelle mandingue, le Kankurang est le gendarme, le policier mais également l’autorité administrative parce qu’il est à côté du chef de village et des notables pour faire appliquer certaines nombres de dispositions’’, a-t-il déclaré.
M. Cisse s’entretenait mercredi avec des journalistes à la fin d’une procession organisée par la Collectivité Mandinka de Ziguinchor (Siicori Mandinkoolu la alifaansingo, en, en Mandingue) pour dénoncer la banalisation du Kankurang.
Dans un mémorandum remis au préfet du département de Ziguinchor, Saïd Dia, ils ont préconisé la suspension temporaire pendant un an à partir de juillet prochain de la sortie masque d’initiation Kankurang sur toute l’étendue du périmètre communal.
‘’Le Kankurang est effectivement le bras séculier des autorités locales pour sauvegarder la quiétude, la paix et la stabilité dans la communauté ‘’, a déclaré Nouha Cissé qui a pris part à l’Assemblée générale de la collectivité mandinka de Ziguinchor.
‘’Au fur et à mesure, le Kankurang va également occuper une place importante de régulation sociale en travaillant à faire respecter les lois, les règlements qui sont d’ordre coutumiers que les communautés ont pu établir’’
Dans ce cas, a relevé Nouha Cissé, ‘’le Kankurang est là pour préserver la paix et la stabilité sociale, pour aller contre tous les contrevenants’’, citant par exemple la protection des fruits immatures et des espèces halieutiques.
Il a fait part de l’inquiétude des notables mandingues sur la banalisation et la profanation du Kankurang, en fustigeant les actes de violence à outrance commis par les initiateurs de ce masque.
‘’Vous comprendrez bien que nous soyons à l’heure actuelle très inquiets de cette situation, parce que les forces de sécurité et défense ne peuvent pas être partout. (…) Il faut des éléments de stabilisation de cette communauté. La sortie du Kankurang est là pour dissuader des effets pervers’’, a-t-il rappelé.
Revenant sur les origines de ce masque initiatique mandingue, l’historien a précisé qu’il est consubstantiel à l’émergence de cette communauté ethnique.
‘’Dans toutes les communautés ethniques quelles qu’elles puissent être sous toutes les latitudes, le grand problème qui se pose toujours, c’est comment progressivement à l’éducation de l’adolescent’’ a expliqué Nouha Cissé, aussi ancien proviseur du lycée Djignabo Basséne de Ziguinchor.
L’objectif visé, c’est de lui permettre de franchir cette classe d’âge pour qu’il soit majeur et partie intégrante de la société, a-t-il poursuivi.
Pour cela, a fait savoir Nouha Cissé, ‘’il y’a un ensemble de règles qu’il doit assimiler. Cette éducation se fait fondamentalement chez le Mandingue au cours de l’initiation à l’occasion du Kuyanbaa (rite initiatique)’’.
‘’Il y a une retraite obligatoire qui peut durer un à trois mois .Pendant cette retraite, il y’a toute une éducation véritablement spartiate à la manière des Grecs faite de discipline rigoureuse, de sanctions corporelles extrêmement dures faites d’apprentissages des signes et codes sociaux’’, a-t-il signalé.
Selon lui, cet apprentissage permet aux initiés de comprendre les rapports entre les classes d’âges, le respect des anciens et les normes qui régulent les sociétés pour lutter contre les forces de déstabilisation.
‘’Cette retraite recouvre tout un secret et tout un mythe.et il y’a des gens qui veulent percer ce secret au nombre desquels des femmes. Le Kankurang est sorti pour faire front et barrage face à toutes les curiosités suspectes susceptibles de percer ce mystère’’, a fait savoir Nouha Cissé.
‘’Cette éducation spartiate est forte lorsqu’elle reste du domaine du mythe. Mais quand elle est démythifiée, elle n’a plus d’importance’’, a-t-il dit.
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