La rupture avec l’extérieur était déjà consommée. Désormais, celle avec l’intérieur est tout aussi actée, depuis l’adoption d’une loi qui rompt avec le moindre bon sens. En effet, cette nouvelle disposition permet aux actuels dirigeants de cumuler les rôles de juges et de parties, dans une démarche qui piétine toute éthique politique. La loi en question autorise désormais le président de la transition à se présenter à la prochaine élection présidentielle, au même titre que les membres du gouvernement et du Conseil National de Transition (CNT). Et encore faut-il qu'une élection ait lieu un jour...
Car il s’agit d’un mandat de cinq ans, gracieusement auto-attribué en conclave par ces commensaux du pouvoir – président de transition, membres du gouvernement et du CNT – et bien
entendu, renouvelable à volonté, tant que la guerre asymétrique perdure. Une guerre sans fin, devenue un prétexte bien commode pour différer indéfiniment tout retour à l’ordre démocratique. C’est un cercle vicieux sans vainqueur : on combat des groupes armés aujourd’hui, on les "intègre" demain, sans véritable garantie de paix ni de réconciliation. Le système s’auto-entretient, et le peuple, lui, continue d’en payer le prix.
Soyons clairs : je n’ai aucune indulgence pour ceux qui prennent les armes contre leur pays, s’attaquent aux symboles de l’État, aux populations civiles ou à leurs biens. Mais face à une crise humaine et sécuritaire aussi complexe, il existe forcément des solutions. À condition, bien sûr, qu’elles soient fondées sur un diagnostic lucide et rationnel — et non sur des slogans, des lois opportunistes ou des calculs de conservation du pouvoir.
Dernier fait en date : Mahmoud Barry, alias Abou Yaha, un cadi du JNIM (Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans), un terroriste notoire, a récemment diffusé un message audio largement relayé sur les plateformes numériques maliennes. Dans cet enregistrement, il met en garde la population contre tout soutien aux forces de l’ordre. Ce simple fait m’attriste profondément. Nous ne pouvons plus faire semblant d’ignorer la réalité : les soldats de ce chef terroriste sont parfois nos propres enfants.
C’est pour cela que, dans un précédent post, j’ai insisté sur la nécessité de donner la parole à nos érudits peuls — qu’ils soient imams, intellectuels ou responsables politiques — car notre communauté en regorge. Ce sont eux qui peuvent, par le verbe, toucher nos enfants là où les armes échouent. Car pendant que M. Barry les envoie à une mort certaine, aucun de ses propres enfants ne prend les armes pour affronter l’armée nationale ou piller les biens des autres Maliens.
Et pourtant, les autorités actuelles semblent n’avoir qu’un seul réflexe : celui de répondre uniquement par la force. Il est inutile de spéculer : prétendre lier la conservation du pouvoir à la stabilité du pays relève de l’imposture. Seul un miracle économique – marqué par des avancées concrètes en matière de macroéconomie, d’infrastructures, d’énergie, d’éducation et de santé – pourrait leur permettre de rester au pouvoir pour les deux à trois années à venir.
Et, dire qu’aujourd’hui au Mali, tous les indicateurs sont au rouge est un doux euphémisme : le pays est au bord du gouffre économique. Si rien ne change rapidement, les Maliens se lèveront d’une seule voix pour dire : « stop, ça suffit ». C’est ainsi que je lis la situation. Alors, qu’ils proclament vouloir rester au pouvoir indéfiniment ne m’impressionne et ne m’empêche certainement pas de dormir. En somme, à défaut de servir le peuple, la Transition semble surtout servir ceux qui s’y attablent… sans date de fin au menu.
MOUSTAPHA SIBY
Car il s’agit d’un mandat de cinq ans, gracieusement auto-attribué en conclave par ces commensaux du pouvoir – président de transition, membres du gouvernement et du CNT – et bien
entendu, renouvelable à volonté, tant que la guerre asymétrique perdure. Une guerre sans fin, devenue un prétexte bien commode pour différer indéfiniment tout retour à l’ordre démocratique. C’est un cercle vicieux sans vainqueur : on combat des groupes armés aujourd’hui, on les "intègre" demain, sans véritable garantie de paix ni de réconciliation. Le système s’auto-entretient, et le peuple, lui, continue d’en payer le prix.
Soyons clairs : je n’ai aucune indulgence pour ceux qui prennent les armes contre leur pays, s’attaquent aux symboles de l’État, aux populations civiles ou à leurs biens. Mais face à une crise humaine et sécuritaire aussi complexe, il existe forcément des solutions. À condition, bien sûr, qu’elles soient fondées sur un diagnostic lucide et rationnel — et non sur des slogans, des lois opportunistes ou des calculs de conservation du pouvoir.
Dernier fait en date : Mahmoud Barry, alias Abou Yaha, un cadi du JNIM (Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans), un terroriste notoire, a récemment diffusé un message audio largement relayé sur les plateformes numériques maliennes. Dans cet enregistrement, il met en garde la population contre tout soutien aux forces de l’ordre. Ce simple fait m’attriste profondément. Nous ne pouvons plus faire semblant d’ignorer la réalité : les soldats de ce chef terroriste sont parfois nos propres enfants.
C’est pour cela que, dans un précédent post, j’ai insisté sur la nécessité de donner la parole à nos érudits peuls — qu’ils soient imams, intellectuels ou responsables politiques — car notre communauté en regorge. Ce sont eux qui peuvent, par le verbe, toucher nos enfants là où les armes échouent. Car pendant que M. Barry les envoie à une mort certaine, aucun de ses propres enfants ne prend les armes pour affronter l’armée nationale ou piller les biens des autres Maliens.
Et pourtant, les autorités actuelles semblent n’avoir qu’un seul réflexe : celui de répondre uniquement par la force. Il est inutile de spéculer : prétendre lier la conservation du pouvoir à la stabilité du pays relève de l’imposture. Seul un miracle économique – marqué par des avancées concrètes en matière de macroéconomie, d’infrastructures, d’énergie, d’éducation et de santé – pourrait leur permettre de rester au pouvoir pour les deux à trois années à venir.
Et, dire qu’aujourd’hui au Mali, tous les indicateurs sont au rouge est un doux euphémisme : le pays est au bord du gouffre économique. Si rien ne change rapidement, les Maliens se lèveront d’une seule voix pour dire : « stop, ça suffit ». C’est ainsi que je lis la situation. Alors, qu’ils proclament vouloir rester au pouvoir indéfiniment ne m’impressionne et ne m’empêche certainement pas de dormir. En somme, à défaut de servir le peuple, la Transition semble surtout servir ceux qui s’y attablent… sans date de fin au menu.
MOUSTAPHA SIBY