Une rupture effective avec le passé décadent, des mesures radicales et concrètes contre les pratiques inciviques, une nécessité absolue pour remettre notre administration sur la bonne voie. (par Mandiaye Gaye)


Actuellement au Sénégal, tout le monde s’émeut, s’inquiète, se plaint et se pose quantité de questions sans réponse, c’est-à-dire pourquoi tous ces accidents mortels et drames qui se multiplient chaque jour davantage, sans qu’on ait même  aperçu un début de solution, à plus forte raison, une solution radicale et défintive? Pourtant, leurs causes sont parfaitement connues et, ne sont rien d’autre, que de l’incivisme caractérisé à tous les niveaux de notre société. Cela, aussi bien d’une part du côté des autorités par leur comportement laxiste et laisser-faire impardonnable et d’autre part, du côté de la société par celui de certains citoyens, qui, il faut bien le dire, est synonyme de vandalisme et d’irresponsabilité. Et, s’agissant de leurs solutions, elles sont, cependant, bien simples et  à portée de main des autorités. Mais, tout naturellement,  à la condition que les autorités satisfassent à l’exigence impérative, d’avoir le courage suffisant et nécessaire d’abord, de  rompre radicalement avec toutes les mauvaises pratiques connues et vieilles habitudes corruptives en cours encore dans la pays; ensuite, celui de mettre fin définitivement, à cette impunité manifeste qui perdure, et au statut de privilège en cours dans le pays depuis belle lurette. Un statut, dont une catégorie particulière, de citoyens intouchables, bénéficie sans aucune raison. Ce qui nous fait dire d’ailleurs, à juste titre, que le Sénégal semble être, en fait, une République avec deux catégories différentes de citoyens et une justice à deux vitesses, qui ne met pas au même pied, tous les citoyens de la République. 
Monsieur le président de la République, la question centrale, qui se pose véritablement aujourd’hui, au Sénégal, ce n’est point, la tenue d’un simple forum de l’administration, mais bien plutôt, une véritable rupture dans la conduite des affaires publiques à opérer, suivie de mesures radicales, et d’actes concrets, afin de remettre l’administration sénégalaise sur les rails, qu’elle a quittés depuis longtemps.  
Les réformes judicieuses et pertinentes que la CNRI avait préconisées, à savoir une refonte ou refondation fondamentale de nos institutions, parmi lesquelles l’administration générale, ont été malheureusement occultées et puis rejetées en partie, par le chef de l’Etat. Et cependant, c’est bien là-bas, où se trouvaient les vraies solutions à nos problèmes. Car, ne l’oublions pas,  notre administration générale a été complètement destructurée et dérégulée, précisément, à partir de la première alternance et se poursuit, à telle enseigne qu’elle ne fonctionne plus, ni sur des règles de droit intangibles ni sur des principes d’égalité entre tous les citoyens. Le constat indéniable, auquel tous ceux qui sont animés de justice sociale, d’équité et de bonne foi dans notre pays, peuvent aboutir et s’accorder à la conclusion,  que notre administration générale est très loin, d’être au service de ses citoyens et administrés.  
Et ensuite, Monsieur le président de la République, le simple discours ou des séminaires ou forums sur cette question d’importance capitale, ne suffisent et ne peuvent régler, une question aussi fondamentale et épineuse, comme celle de notre administration générale, qu’on a observée, de manière irresponsable, depuis des décennies, aller à la dérive, sans aucune intervention dans le sens de  corriger ni également, de sévir avec célérité contre les fauteurs et délinquants récalcitrants et résidivistes, afin de redresser la barre pour  une bonne gouvernance.. 
Rappelons que l’administration générale, qui doit former un tout ou un ensemble cohérent dans une société bien organisée, est le moteur de la gouvernance d’un pays, parce qu’elle lui sert de vrai gouvernail, quand elle marche correctement. Par conséquent, si tel est le cas, elle doit etre au service des citoyens, pour la satisfaction de leurs besions sans parti pris, privilèges ni favoritisme, mais uniquement selon le mérite de chacun. 
C’est pour cette raison, que notre pays et ses dirigeants doivent s’inspirer, sans complexe, de tout ce qui se fait de bien et d’utile ailleurs au profit des populations pour leur bien-être. Pour la bonne cause, ils doivent.appliquer avec intelligence, rigueur et courage les exemples performants, efficaces, probants d’ici comme ailleurs, dans le but de retrouver une bonne administration générale ou gouvernance rigoureuse pour la bonne marche du pays en général. Ce qui signifie en termes clairs, une véritable administration incolore, non partisane, performante, etc., qui ne s’appuie que sur les compétences et mérites des citoyens sans aucune discrimination, et qui sanctionne, à juste titre, positivement ou négativement, tous les citoyens selon leur mérite sans distinction de religion, de race, d’éthnie, de genre, d’origine ou de rang  social, etc. 
Objectivement, sans une rupture effective, comme cela avait été promis le 25 mars 2012, avec toutes  ces pratiques inciviques et indécentes du passé, par des mesures radicales et concrètes les sanctionnant, l’administration générale demeurera un mammouht ou monstre budgétivore sans performance et sera toujours, en marge des principales préoccupations des citoyens, c’est-à-dire qu’elle  passera complètement, à côté de sa principale mission. 
A cet effet d’ailleurs, je vous invite à lire ce que j’ai dit de manière générale sur cette problématique, dans mon ouvrage: “La problématique de la citoyenneté au Sénégal”  au” chapitre I , intitulé, L’Education à la citoyenneté: 1) “Etat des lieux de la citoyenneté dans notre pays; de la page 21 à 31” et 2) “Les perspectives pour une éducation citoyenne et  l’affermissement d’une conscience citoyenne pérenne.” . 
Voici quelques extraits de l’état de lieux: “C’est avec beaucoup de regret et de tristesse que nous faisons le constat si désolant de la dégradation inquiétante de l’état de la civilité et du civisme, 50 ans après la souveraineté nationale de notre pays. Mais, si seulement, nous reconnaissions et prenions conscience de cet état de fait si déplorable, comme un frein sérieux qui plomberait le développement de notre pays, à tout point de vue, nous aurions fait un pas décisif vers les vra juinies solutions. Mais il faudrait dans ce cas-là, que l’Etat assume pleinement et sans faiblesse coupable ses responsabilités, en tant qu’autorité au-dessus de tout le monde. Ceci étant la première condition, il reviendra ensuite aux citoyens, de respecter scrupuleusement les règles du jeu établies pour tous.  
Les manquements et les violations des règles de conduite sont  aujourd’hui avérés dans notre pays, au vu et au su de tous, et à tous les niveaux d’exécution. L’état de l’éducation en général et de la citoyenneté en particulier, est absolument désespérant. Et, il mériterait bien, qu’on lui accordât un traitement de choc sans complaisance, pour le rehausser et le ramener à la juste place qui lui sied dans une société moderne civilisée. Une société qui fonctionne avec des normes établies, et des règles non écrites, mais de bon sens et d’utilité publique, en sus des lois de la République. Aujourd’hui, la valeur et le respect de l’hymne et du drapeau national sont presque méconnus de tous ou banalisés par les citoyens sénégalais, en commençant par ceux-là mêmes qui nous gouvernent. Nous notons et déplorons aussi entre autres ces manquements:
L’absence de sanctions sévères, par manque d’autorité ou par complaisance de l’Etat, contre les comportements vandales de certains citoyens à l’égard des biens publics, comme contre les attitudes irresponsables et inconscientes de certaines autorités, qui se croient au-dessus des lois et dont le manque de civisme frôle quasiment l’animalité ; la conduite incivique rarement punie de tous ces individus, engendre très souvent des conséquences catastrophiques et tragiques, comme le naufrage du bateau Le Joola, les déraillements de trains tels que celui du Magali de Touba ou du Gamou de Tivaouane ainsi que d’autres accidents graves, dus principalement à l’inobservation des règles les plus élémentaires du code de la route, de la sécurité routière, ou de la prévoyance tout court.  
Au niveau des transports en commun, nous avons un parc automobiles si vétuste, que certains véhicules sont vieux de près de 100 ans et même plus, mais sont en circulation toujours, et sur un réseau routier complètement détérioré, ce qui provoque évidemment les nombreux accidents mortels auxquels nous assistons impuissants tous les jours. Tout ceci, ne traduit rien d’autre que de l’incivisme caractérisé qui dépasse les limites tolérables, pour un Etat sérieux et des citoyens conscients, ou considérés comme tels, de leurs responsabilités.  
L’incivisme et l’absence d’attitude citoyenne confirmée se manifestent dans la circulation routière, mais aussi partout au Sénégal, par l’anarchie et l’indiscipline. Le code de la route n’est que de pure forme au Sénégal, il n’est respecté par personne, aussi bien conducteurs que piétons. Les agents chargés de la circulation  sont dépassés par l’ampleur du trafic et l’indiscipline des usagers de la route. (...) » 
Sur les perspectives pour une éducation citoyenne et  l’affermissement d’une conscience citoyenne pérenne. « Dire qu’il y a absence d’éducation à la citoyenneté dans notre pays, serait peut-être inexact, mais on peut bien affirmer, au regard de ce qui se déroule quotidiennement sous nos yeux, que le résultat obtenu à ce niveau est civiquement, au bas de l’échelle.  
Dans cette situation qui prévaut, la responsabilité de l’Etat au plan de l’éducation citoyenne en général, ne fait plus l’ombre d’aucun doute. Et, dans une large mesure, à la lumière du laisser-aller et de l’anarchie qui règnent partout dans le pays et surtout dans l’administration générale, comme nous l’avons souligné plus haut, il y a du pain sur la planche en matière d’éducation citoyenne. En effet, malgré les nombreuses catastrophes qui se sont produites depuis l’avènement de l’alternance et même avant « le drame de la Sonacos », ainsi que les nombreux manquements extravagants et d’incivisme à l’égard des biens et matériels publics, aucune mesure préventive ou de redressement n’est jusqu’ici prise ou envisagée par l’Etat, pour faire face vigoureusement à la situation. On se le rappelle bien, aussitôt après le naufrage du bateau Le Joola, Me Wade avait invité les citoyens à faire une introspection. Mais, il a été le premier à ne pas le faire. Il a plutôt pris des mesures à la va-vite, comme par exemple : l’interdiction, relative à la sécurisation des passagers, de ne plus se mettre dorénavant sur les marchepieds des cars de transport. Mais, quelques temps après, la situation était redevenue comme avant, voire pire. Il faut tout de même le reconnaître, dans une moindre mesure, certains citoyens ont également une part de responsabilité par leurs attitudes inciviques, comme par exemple : leur indifférence totale face à la manière dont ils sont gouvernés, leur comportement délinquant à l’égard du bien public,  leur inobservation des lois, le peu de souci qu’ils accordent à l’intérêt général et à la défense de leurs droits et devoirs légitimes, les actes frauduleux pour se soustraire d’une obligation, etc.  
 L’école, étape décisive dans l’éducation civique en vue de la formation d’un type de citoyen modèle, acteur dynamique de développement dans la République, est en retard de plusieurs longueurs. Elle doit être restaurée d’urgence dans son véritable rôle, qui semble lui échapper aujourd’hui. Elle est, après la cellule familiale,  le premier noyau où la formation de base du citoyen commence. C’est pourquoi, il est fondamental, à ce que, ceux qui ont en charge de l’éducation de nos enfants, soient eux-mêmes des citoyens modèles et bien éduqués,  capables et pouvant servir d’exemples, à ces futurs citoyens. 
La question de l’éducation dans son ensemble doit être réexaminée de fond en comble, si nous voulons réellement y apporter toutes les corrections utiles et nécessaires, dans le sens d’une école d’excellence qui forme des citoyens complets au vrai sens du mot. Le citoyen, n’a pas que des droits, il a aussi des devoirs. Et, c’est ce qui le rend responsable et exige de lui qu’il observe attentivement  les hommes et les choses, afin de pouvoir déceler les vices cachés et savoir à quel moment opportun, il devra agir dans un sens ou un autre et, au  mieux. 
La citoyenneté doit se traduire quotidiennement dans les actes de la vie active, et de manière continue, et non occasionnellement, par intermittence, selon ses humeurs propres. Elle doit être une pratique incarnée, qui colle à la vie de tous les jours et partout, et non une simple théorie évasive ou virtuelle, qui ne se traduit pas dans les faits. 
L’éducation citoyenne doit conduire vers un comportement positif et responsable du citoyen à l’égard du bien public et de l’intérêt général dont il est tenu de sauvegarder en permanence. 
L’autodiscipline de la population, étant en général aléatoire, on ne peut pas y compter comme une garantie suffisante, pour la protection du bien public, surtout quand l’incivisme est ambiant. L’Etat, par les forces publiques à sa disposition, l’administration des collectivités locales et ses autres démembrements, doit prendre toutes les mesures nécessaires pour préserver les biens publics, et éventuellement, punir sévèrement, ceux qui les détruisent gratuitement ou se les approprient à leur profit. L’Etat doit revenir à l’orthodoxie de la pratique républicaine, en supprimant définitivement, tous les privilèges attribués à des individus ou groupes d’individus, que rien ne justifie, si ce n’est du népotisme, clientélisme au détriment du reste de la communauté nationale. Une guerre sans merci doit être menée contre la fraude et la corruption à tous les niveaux, notamment  à l’état civil et à la Fonction publique. Une guerre farouche doit être menée aussi, contre les réseaux de falsifications et faux et usages de faux dans tous les domaines, que certains « citoyens » véreux et sans éthique utilisent pour s’aménager une situation administrative et sociale confortable, mais imméritée.  
Le manque de fiabilité de notre état civil suranné, archaïque, anarchique avec des faussaires corrompus à la gestion est, largement, exploité par certains ressortissants de la sous-région, pour obtenir facilement la nationalité sénégalaise. Un phénomène dont le pouvoir en place est parfaitement au courant, pour ne pas dire, qu’il est même complice et l’exploite en sa faveur pour demander en contrepartie, aux bénéficiaires étrangers de lui accorder leurs votes. Ainsi, cet électorat non sénégalais, frauduleusement inscrit sur les listes électorales,  fausse l’équilibre et la sincérité du scrutin, entre les candidats. Un déséquilibre, qui ne profite évidemment qu’au pouvoir en place.  
Pourtant, aujourd’hui, avec les avancées des Nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC), nous devrions et aurions pu bien nous mettre à l’abri, par un système d’état civil suffisamment sécurisé et modernisé pour le rendre absolument fiable, et verrouillé définitivement, contre toutes les fraudes d’où qu’elles viennent. Cela, lié et connecté directement au fichier électoral numérisé, qu’il sécuriserait de fait, et par voie de conséquence aussi, la transparence dans le processus électoral. » (...) 

Mandiaye Gaye 
Mandiaye15@gmail.com


Mardi 19 Avril 2016 07:30

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