Témoignage émouvant sur le cancer : Que les autorités fassent de cette radiothérapie une priorité


De tout cœur avec toutes les personnes qui souffrent du cancer et avec toutes les personnes vivant avec elles. Que les autorités fassent de cette radiothérapie une priorité. A cet effet, Je lance un appel à son Excellence Monsieur le Président de la République et Madame le ministre de la santé afin d'en faire une priorité. Qu'ils nous aident à faire face à ce démon qui est le cancer, ce démon qui m'a fait vivre les pires moments de ma vie. Je vais m'expliquer par cette tragédie que j'ai vécue et que je n'oublierai jamais de ma vie. 
J'ai pris mon congé l'année dernière et je suis venu au Sénégal. En quittant Bruxelles, j'ai laissé chez moi mon cousin et meilleur ami Sidy Sady. Après une semaine de repos au Sénégal, j'ai perdu mon père suite à une maladie. Sidy que j'avais laissé à Bruxelles pleurait et voulait me rejoindre au Sénégal. Je le dissuade en lui disant que son oncle est déjà enterré et qu'il ne valait plus la peine de se déplacer. Je lui promets de rentrer la semaine qui suit. Alors, il me dit qu'il devait lui aussi retourner en Italie. Ce même jour, il me dit qu'il avait très mal au côté gauche de son ventre. Je lui conseille d'aller voir un médecin quand il sera en Italie. Il me dit que ces médecins blancs ne font que nous créer des maladies qui n'existent pas en rigolant. 
Un matin, alors que je venais juste de rentrer du Sénégal, au moment où je prenais mon petit déjeuner, mon téléphone sonne et au bout du fil, Sidy me dit: laisse tout et parle avec ce médecin, c'est urgent. Je prends le téléphone aussitôt et le Docteur me dit: il faut que tu viennes d'urgence à Milan, ton frère souffre d'une grave maladie qu'on vient de découvrir chez lui. Je lui demande d'être plus claire et il répond: on à découvert une tumeur au niveau de son foi. N'ayant jusque-là rien compris, mon collègue fait signe de désolation en me disant: si c'est le foi, c'est plus que grave. J’entends mon frère lui demander en ces termes: c'est un cancer? Il lui dit oui. Sidy demande encore: vous pouvez le soigner? Le médecin répond: malheureusement non. Il s'est rependu dans ton corps (métastase). Ce jour, que je n'oublierai jamais est jusque-là le jour le plus dure de ma vie. Un cousin qui a grandi avec moi dans la même maison, un ami, un confident qui m'a toujours défendu avec bec et ongle. Il m'a quitté en 2006 pour se rendre en Italie. On ne pouvait rester une journée sans communiquer plus d'une heure par téléphone. Tout ce qu'il voyait comme bel objet, il l'achetait et me l'envoyait. Je lui ai donné comme épouse la sœur de mon épouse. Il disait à ses amis que son prochain enfant allait porter mon nom, qu'il soit garçon ou fille. Lorsque j'ai été affecté à Bruxelles, il est venu me rejoindre pour m'installer et me tenir compagnie des mois, le temps que je comprenne un peu la vie en Europe. Il était fils unique à sa mère et son père qu’il a perdu tôt. Alors, j'étais tout pour lui. Il parlait partout de moi. Et il disait à ses amis que je suis à la fois cousin, frère et père pour lui. Rares sont les personnes qui m'ont vu pleurer mais lorsque j'ai reçu la nouvelle, j'ai tellement pleuré ce jour que j'ai failli perdre le volant de mon véhicule en pleine circulation. Je remercie au passage mon ami Thierno Diack qui ne cessait de me consoler. De là, je me rends à l'agence de voyage pour chercher un billet. Le lendemain, j'arrive à Milan où il m'accueille avec un visage désemparé, un regard perdu. Il a tellement maigri qu'il ne pouvait plus bien marcher. C'est la révélation du médecin qui l'a abattu. Il est assez intelligent pour comprendre que le médecin lui a annoncé sa mort imminente. Alors, il me fallait créer des histoires allant des prédictions de marabouts à des rêves pour au moins lui redonner quelques grains d'espoir et la force de résister. Il prend son courage à deux mains et me fait sortir pour découvrir l'Italie comme j'y étais pour la première fois. J’ai passé des jours avec lui et on s'est beaucoup promené et on a échangé sur notre famille et sur la vie de ses amis expatriés en Italie. Pendant tout ce temps, il me fallait garder le secret, gérant une situation aussi délicate, ne comptant que sur un miracle de DIEU. Le jour de son rendez-vous à l'hôpital, je l'accompagne pour rencontrer le médecin. Sur place, j'ai posé à ce dernier toutes les questions qui me venaient à l'esprit afin de trouver une solution. Je suis allé jusqu'à lui demander si c'était possible de lui faire une transplantation (changer le foi). Mais c'était encore malheureusement impossible. Le médecin me dit qu'ils ont analysé toutes les possibilités mais en vain. Tout ce qu'il peut c'est lui garantir un bon suivi et une assistance totale gratuite. Il me demande aussi de ne pas m'éloigner de lui. Le cœur meurtri, je venais d'être convaincu que Sidy est un frère que je vais perdre pour de bon. Sur la route du retour, il me dit: Khadim la vie est si absurde qu'il faut toujours être prêt à tout. Je n'ai rien de plus que nos frères haïmerou et birahim, notre sœur Étoile, notre tante Maty Kane et mon oncle Doudou Cissé. Et ils sont tous partis. Alors, rendons grâce à DIEU et remettons-nous à LUI. Le lendemain matin, alors que je devais retourner à Bruxelles, il m'accompagne jusqu'à la gare pour que je prenne le bus qui m'amène à l'aéroport. Ainsi, je le laisse avec ses amis (Bassé AMAR, Pape, Diop et grand Bathie que je remercie au passage pour tout leur soutien infaillible. DIEU les assiste en Europe), en leur promettant de revenir dans la semaine. C'était dure ces moments, c'était comme si je portais sur moi la terre entière. Comment puis-je gérer ça tout seul. Et, me vient l'idée de le partager avec notre sœur ainée Ndèye Bineta, mon grand frère Mame boubou Dia et certains de mes amis les plus discrets. Ils se reconnaîtront dans mes écrits et je les remercie beaucoup pour avoir partagé ma souffrance pendant ces moments difficiles. A mon retour sur Bruxelles, je suis resté des nuits sans dormir. Je partage sa douleur au téléphone. Toutes les nuits, je l'entendais au bout du fil exprimant un mal auquel je n'avais aucune solution. Alors, je faisais des nuits blanches au téléphone avec lui. Quelques jours après, en plein mois de Ramadan, ses amis m'appellent pour me demander de revenir d'urgence en Italie. Je me rends aussitôt à l'agence de voyage pour trouver un billet. Le lendemain, je descends à Milan et je l'ai trouvé tellement amaigri que je ne pouvais même pas le regarder dans les yeux. Là, il me dit: Khadim, mes jours sont finis. Après moi, que personne ne te dérange. La seule personne à qui je dois quelques choses c'est cet ami qui m'avait remis des lunettes à vendre et les lunettes sont là. Il n'a qu'à les reprendre. Après moi, je te prie de veiller sur la famille, de pardonner et de garder ton courage. En tout cas, avec toi je n'ai jamais senti un manque de frère ou de père. Tu m'as assisté et protégé partout où j'en ai besoin. Quand je meurs enterrez-moi à Touba, à côté de mon défunt père. Et, il commence à pleurer. Je lui dis: arrête de pleurer. Il me dit: Si je pleure ce n'est pas parce que j’ai peur de la mort, c'est plutôt parce que je sais que tu seras seul. Alors, je me dis qu'il est maintenant temps de l'amener mourir au Sénégal pour ces raisons: d'abord, il est hors de question qu'il meurt sans voir sa fille née après son dernier départ du Sénégal, ensuite c'est plus facile de transporter un malade que de transporter un cadavre sur Dakar. Ainsi, je m'en ouvre aux autorités hospitalières. Et celles-ci m'opposent un niet du fait de son état. Elles me disent qu'elles ne peuvent pas prendre la responsabilité de libérer un malade dans cet état. Elles me disent: donne-nous juste 48h pour que son état s'améliore. Ainsi, tu pourras l'amener sans difficulté. J'ai compris par là qu'elles me demandent d'attendre juste que mon frère rende l'âme pour transporter son cadavre. Ce qui constitue ma difficulté ici c'est que Sidy n'est pas disposé à rentrer parce-que son séjour est arrivé à expiration et s'il sort du territoire sans le renouveler, il n'aura plus la possibilité de retourner en Italie. Et cet espoir de revenir, il le tient du fait qu'il ne sent plus de douleur. Alors, il a juste ignoré qu'on lui a injecté de la morphine pour l'aider à mourir d'une mort douce. Je dois le convaincre d'abord sur la nécessité de partir au Sénégal et en même temps me battre avec ces autorités hospitalières pour le prendre avec moi. Je remercie au passage son Excellence Madame Rokhaya Ba Touré, Consult du Sénégal à Milan et son Excellence l'Ambassadeur du Sénégal à Rome qui se sont mobilisés pour se battre avec moi dans ces circonstances. Je ne remercierai jamais assez ma sœur Rokhaya Ba Touré qui, ce jour de Ramadan, a mobilisé tout le consulat (chauffeurs et autres agents, véhicules, billets d'avions.....) pour me porter assistance jusque dans le vol et même arrivé à Dakar (ambulance). Avec l'intervention des autorités précitées, les autorités hospitalières acceptent de me laisser partir avec lui en lui injectant une dose de morphine qui doit durer 8 heures. Elles me conseillent de tout faire pour arriver à Dakar dans 8 heures. Ayant déjà rassemblé tous ses bagages, on prend la route de l'aéroport avec son Excellence Rokhaya et le personnel du consulat. Ils m'ont accompagné jusque dans l'avion et on s'envole pour Dakar. Dans l'avion, je lui faisais parler à chaque fois que je le voyais le regard figé quelque part. Il me disait: Khadim c’est la deuxième fois que tu voyages avec moi. Et tous les deux voyages sont dans des conditions difficiles. Le premier c'était lors du décès de notre jeune frère Ely et le second c'est moi qui suis malade et tu me ramènes. Je lui promets d'autres voyages qu'on fera dans la joie s'il plaît à DIEU. On a discuté de Milan à Dakar. C'est vers 1h 00mn que l'avion atterrit à Dakar. Sur place, je trouve notre sœur Ndèye Bineta, certains de mes amis et l'ambulance que Rokhaya avait mis à notre disposition. Après réflexion, lui aussi me disant qu'il ne sentait plus rien, j'ai libéré l'ambulance et j'ai décidé de l'amener à la maison. Le lendemain matin, sa brave femme nous rejoint à Dakar avec sa fille qu'il n'avait jamais vue. Lorsqu’il l'a prise dans ses bras, les larmes coulaient de mes yeux mais je devais les dissimuler. J’ai senti 2 choses à la fois: fierté et désolation. Je suis ainsi resté une semaine avec lui au Sénégal, une semaine où les choses s'empiraient. Il passait toute la nuit à souffrir d'une douleur indescriptible. C'est dans ces conditions que j'ai quitté ce frère, cet ami et cousin qui rend l'âme juste au lendemain de mon arrivée à Bruxelles. Une grande perte pour ma famille. Vous qui avez lu et compris le sens de ce texte priez d'abord pour mon frère (fatihaa+11 likhlass) et engagez-vous avec nous pour faire face à ce fléau qui fait souffrir beaucoup de familles. 



Bamba Cissé


Mardi 21 Février 2017 07:30

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