Sexe fiction : Sans pénétration, réalité virtuelle… Comment va-t-on se donner du plaisir dans le futur ?


Les robots sexuels intelligents (comprendre, dopés à l'IA) ont fait leur entrée dans nos lits en 2017, ringardisant par la même occasion de nombreux films de science-fiction. La technologie bouleverse notre quotidien, jusqu'à s'immiscer dans notre sexualité. Comment va-t-on se donner du plaisir dans le futur ? A en croire le premier épisode de la saison 5 de Black Mirror, les jeux vidéos pourraient devenir un terrain de jeux sexuels. Va-t-on troquer les relations physiques contre la réalité virtuelle, se faire plaisir avec des sex toys connectés ou s'oublier avec des robots sexuels ? On fait le point.

Le sexe en VR

Striking Vipers, le premier épisode de la saison 5 de Black Mirror imagine deux amis de longue date se découvrir une attirance inattendue à travers leurs avatars. Immergés dans un jeu vidéo aux faux airs de Street Fighter grâce à des capteurs posés sur la boîte crânienne, les deux hommes, l'un sous les traits d'une femme, l'autre sous ceux d'un personnage masculin, s'apprêtent à commencer le combat et finissent par se sauter dessus, supris par une passion physique virtuelle qui contredit leur amitié platonique.

La pornographie a déjà investi la réalité virtuelle avec des films immersifs. Dorcel, par exemple, propose une expérience dans laquelle le spectateur joue le rôle d'un metteur en scène. Mais Black Mirror fait un pas de plus en imaginant une VR capable de reproduire le sens du toucher. Aujourd'hui, il n'est pas possible de ressentir le chaud, le froid, l'humidité, la rugosité, le dur et la mollesse. "On ne sait pas reproduire ça virtuellement, mais on pourra avoir un toucher plus sommaire, serrer la main, se frôler", expliquait Philippe Fuchs*, responsable de l'équipe de recherche Réalité Virtuelle & Réalité Augmentée (RV & RA) à Mines Paris Tech, à 20 Minutes en 2017. Pour la partie de jambes en l'air acrobatique de deux avatars, la tech n'est pas au point, mais le sera peut-être.

Des sex toys connectés

Shortbus de John Cameron Mitchell est mémorable, notamment, pour la scène de l'œuf vibrant télécommandé. Un couple décide de jouer à touche-pipi à distance, sauf que l'époux perd lamentablement la télécommande pendant la soirée, la laissant à la portée du premier inconnu. Dans un monde envahi par l'Internet des Objets (IoT), les sex toys sont déjà des objets connectés comme les autres. Œufs télécommandés, sex toys en visioconférence qui vibrent en fonction des mouvements… les exemples sont déjà nombreux sur le sujet.

"De nombreuses personnes se font plaisir à distance via Skype, en se montrant face à leur écran, mais ces séances d'excitation à distance, cela s'est pratiqué via le Minitel, via le téléphone, et encore avant cela, via les correspondances", souligne Janine Mossuz-Lavau, directrice de recherche émérite au CNRS et au Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof), autrice de La Vie sexuelle en France. Les supports techniques vont continuer à changer, les pratiques peut-être un peu moins.

Des robots sexuels intelligents au service de vos désirs

Le futur de notre sexualité se niche-t-il dans Westworld, la série à succès de HBO qui dépeint un monde où les robots se soumettent à tous les fantasmes les plus pervers des humains ? Viol, relations amoureuses, meurtre, tous les pires penchants de l'homme se révèlent dans Westworld. Avec Harmony de l'entreprise américaine Realbotix/Abyss Creations, la réalité a déjà rejoint la fiction. Des robots sexuels intelligents ultra-réalistes -capables d'avoir une discussion sommaire avec leur propriétaire- ont envahi le marché à des coûts avoisinant les 13.000 euros. Selon Usbek & Rika, trois autres entreprises américaines, Android Love Doll, True Companion et Sex Bot Company, ont investi déjà le marché.

Sans pénétration

De plus en plus de voix s'élèvent contre la pénétration. Elles remettent en question une pratique prévue pour donner du plaisir exclusivement à l'homme. Le romancier Martin Page a accompagné d'ailleurs ce mouvement au mois de février avec son essai, Au-delà de la pénétration, paru aux éditions Monstrograph, dans lequel il invite les hommes à renouer avec le plaisir des femmes.

"C'est une désacralisation de la pénétration. Jusqu'à maintenant, pour beaucoup de gens, faire l'amour, c'est quand il y a eu pénétration, confirme Janine Mossuz-Lavau. De plus en plus de femmes disent que le plaisir maximum n'est pas la pénétration, mais le cunnilingus ou les caresses quand elles sont bien faites. Cela montre que ce qu'on appelle à tort les préliminaires sont aussi importantes que les post-liminaires". Mais la pénétration reste importante pour la fusion, l'imbrication des corps. Les pratiques sexuelles du futur passeront-elles de rapports phallocentrés à des ébats "clitocentrés" ? C'est plus que probable.



Dimanche 25 Aout 2019 10:13

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