SORTIR DES URGENCES RECURENTES


Le Sénégal est sinistré ou quasi sinistré depuis des décennies.
L’aménagement de notre territoire est un échec.
L’urbanisation de notre  pays, notamment de la  région de Dakar, est un échec.
L’assainissement de nos villes et villages est un échec.
L’anarchie caractérise l’occupation de l’espace, l’indiscipline caractérise les Sénégalais.
L’Etat a failli dans ses missions d’organisation rationnelle, sécurisée et respectueuse des lois et règlements de la vie des citoyens.
Dans le drame des inondations récurrentes des responsabilités et des responsables existent. Sans chercher à punir les coupables, il est nécessaire de les identifier pour que la catharsis salutaire puisse opérer. 
Nous vivons les conséquences de l’irresponsabilité sociale des pouvoirs politiques défunts et conséquemment de l’Etat.
Nous vivons les conséquences de l’incompétence du leadership politique face à l’épuisement d’un modèle de développement économique et social obsolète frappé d’inanité  depuis des décennies.
Nous vivons les conséquences de la macrocéphalie meurtrière de la capitale et de sa région face au reste du pays.
Le moment est venu de brider le développement démographique de Dakar et sa région, conséquence de l’abandon et l’appauvrissement des campagnes.
Il est impossible et dangereux de surconcentrer le développement d’un pays sur trois millièmes de son territoire.
Ce qui se dessine et qui crève les yeux, c’est l’instabilité sociale durable, source de toutes les violences et des dérives autoritaristes de l’Etat, avec des menaces sur le système démocratique et sur le nouveau régime et des potentialités dont il est porteur.
Nous vivons constamment des situations d’urgence durables.
Dans un tel contexte, la réponse nationale attendue de la plus haute Autorité politique et le comportement des citoyens doivent être à la hauteur des menaces et des enjeux.
Le Président de la République a, dans une démarche de lucidité, d’anticipation et de courage politiques hors de commun, proposé au pays une rupture épistémologique qui instaure la patrie au-dessus des partis et des intérêts partisans. Dans son premier discours à la Nation, il l’avait dit avec solennité.
Cette réorientation stratégique de la trajectoire historique du pays par la mort politique du parti-Etat, qui est le nouveau paradigme qui césure le passé de l’avenir projeté, ne saurait être l’œuvre d’un homme ou d’un parti.
C’est ce qui expliquerait que, le Président de la République ait recherché et instauré le compromis historique à la sénégalaise avec les forces politiques de l’ancienne opposition devenues les nouvelles forces politiques dominantes.
Il reste à convaincre les secteurs les plus radicaux des forces sociales  de la société civile et des syndicats des employeurs et des employés à partager la vision et la voie qu’incarne le nouveau régime et  à prendre toute leur place dans le redressement du pays.
Quant aux composantes saines du défunt pouvoir libéral, il leur revient d’avoir une lecture correcte/ juste de la nouvelle situation et de se joindre à l’œuvre de BBY, sans préjudice de l’action  salvatrice de la justice s’agissant de l’enrichissement illicite et des détournements des ressources publiques.
La présente phase historique de l’évolution du Sénégal dessine deux camps : celui de ceux qui entendent servir le peuple et le pays face à celui de ceux qui fomentent la contre-réforme pour se servir du pays et faire souffrir le peuple.
Sur ce fond-là, les corporatismes d’Etat et  sociaux tenteront d’exercer leurs toutes puissances prédatrices des ressources de la nation pour préserver leurs privilèges d’antan.
Ce qui guette les réformes rendues nécessaires par cinquante années de dormance nationale, c’est la chienlit sociale qui s’annonce.
Après le BBY politique encore à conforter et à consolider, il faut aller vers le BBY social.
Cette seconde manche est autrement plus difficile à réaliser que son pendant politique.
Les corporatismes syndicaux cinquantenaires que confortait dans leur posture la patrimonialisation de l’Etat par les pouvoirs politiques successifs ne perçoivent pas, ne comprennent pas et ne croient pas dans une « révolution » d’en haut porteuse de réformes et de paradigmes d’un genre nouveau.
La théorie pour une autre politique et une autre société, centrée sur l’intérêt général et le bien-être collectif, est en retard, voire absente.
Le poids des pratiques durant cinquante ans a installé une immense inertie intellectuelle pour penser l’avenir autrement que comme la poursuite des fins individuelles, y compris contre l’intérêt général.
Quand la théorie ne féconde pas les pratiques sociales pour en être également fécondée dans une relation dialectique, le risque est grave d’un patinage mortel.
La  partie la plus lucide et la plus intelligente de la société civile semble avoir saisi de quelles avancées sociales est gros le projet de réforme dont le nouveau régime est porteur.
Sans renoncer à exercer sa raison critique et à demeurer sentinelle vigilante, cette partie de la société civile participe au soutien et à la réussite de la nouvelle politique.
Il faut se féliciter de cette prise de conscience et travailler à conquérir d’autres cercles des intelligentsias syndicales et entrepreneuriales ainsi que des milieux si vivants de la culture dans notre pays. L’implication des plus hautes autorités religieuses musulmanes et chrétiennes dans la mise en place de la nouvelle société est souhaitable et fondamentale.
Les dernières décisions annoncées par  le Chef de l’Etat pour juguler les inondations, devenues une surpriorité nationale, ont trouvé un très fort écho dans le pays et reçu une adhésion massive.
La suppression du Sénat devant la détresse de la Nation a été une décision politique difficile, mais lucide et salutaire.
Une fois encore le Président donne plus d’épaisseur au paradigme fondateur de son action politique, « la Patrie au dessus des partis et des intérêts partisans ».
La défense du droit à la vie de nos compatriotes en quelque endroit du globe a reçu une vigoureuse illustration par la position très ferme du Chef de l’Etat à l’occasion de l’assassinat d’Etat de deux Sénégalais en Gambie. La Nation entière est solidaire de cette position de l’Etat sénégalais. 
Ces décisions aideront considérablement à la formation du front BBY social en conjonction avec le BBY politique.
L’occasion ne doit pas être perdue pour réaliser une sainte alliance nationale et sociale durable pour redresser le pays.
Tout le monde doit supporter le prix de l’effort du redressement national en orientant prioritairement les ressources publiques limitées vers les problèmes fondamentaux des Sénégalais.
La réduction du train de vie de l’Etat s’entend aussi et surtout de la réduction des charges publiques pour dégager de confortables marges d’investissement dans l’économique et le social. Ne penser qu’aux institutions étatiques serait une erreur et une faute politiques qui ne permettraient pas de récolter les ressources nécessaires. Les réformes de l’Etat doivent s’accompagner de la reconsidération du coût de la Fonction publique particulièrement chahutée par les politiques antérieures de réclamations salariales.
Cette fuite en avant dictée par le seul souci de calmer les fronts de la contestation et se ménager la conservation du pouvoir politique ne peut plus avoir cours. La conservation du  pouvoir politique ne doit plus exposer la Nation à sa stagnation.   
Là apparait la quintessence des valeurs cardinales de la République qui devront s’imposer à toutes les forces politiques, économiques, sociales et religieuses.
Dans notre Etat républicain, le peuple et ses intérêts sont au-dessus de tout. Tout ce qui vient en contradiction avec cette problématique ne doit pas avoir droit de cité. Aucun compromis sur ce genre de position n’est tolérable et la renaissance nationale du pays postule que l’on s’y accorde.
Le peuple doit monter au créneau pour défendre une République à son service et un Etat à sa dévotion. Le peuple est le maître absolu que la République et l’Etat doivent servir, par la loi et la Justice et dans la responsabilité de tous. Aucun représentant du peuple n’est et ne saurait être le maitre du peuple souverain. Les seuls représentants qui méritent le respect et la reconnaissance du peuple souverain sont ceux qui vouent leur vie et leurs actes à servir véritablement le peuple. Le service du peuple doit supplanter définitivement la vénération du veau d’or.
 
Samba Diouldé THIAM
Député du Sénégal
Membre du Groupe Parlementaire BBY
3ème Vice-président de l’Assemblée nationale
 

Bamba Toure

Jeudi 6 Septembre 2012 23:40

Dans la même rubrique :