Prémices d’un referendum douteux! (par Alinard NDIAYE)


Le Sénégal s’apprête à organiser pour la quatrième fois depuis son indépendance un référendum constitutionnel ce 20 mars 2016. En effet, la particularité de ce référendum est qu’il se tient au moment où notre riche histoire politique vient de subir une profonde blessure à cause du procédé inélégant utilisé par les tenants du pourvoir en place. L’histoire retiendra pour toujours que le pouvoir a agi seul, sans aucune concertation ou implication de l’opposition, sur  une question essentielle qui concerne notre charte fondamentale. 
Aujourd’hui, la première question que je me pose est la suivante : Est ce qu’Abdoulaye Daouda Diallo maitre d’œuvre de cette élection fera mieux que ses devanciers Amadou Clédor SALL, Abdoulaye Fofana et le Général Mamadou NIANG ; qui ont eu à organiser les referendums de 1963, 1970 et 2001 ? 
D’emblée, je répondrai par non. Comment en effet ne pas avoir en tête  que c’est l’acteur politique et le  Coordonnateur Départemental de l’APR de Podor qui organise sous la dictée du Président de l’APR Macky SALL ? 
Le citoyen que je suis, fonde son doute et son scepticisme sur les différents actes que Monsieur Abdoulaye Daouda DIALLO et son patron viennent de poser à la veille d’une consultation aussi importante pour notre devenir. 
Tous les observateurs conviennent qu’il existe un vide juridique notoire en matière d’organisation de référendum au Sénégal, mais il est généralement admis par tous qu’un  référendum peut être considéré comme une élection générale. Dans ces conditions, les mêmes mécanismes en vigueur pour une élection générale lui sont applicables.  
Et, l’un des éléments essentiels de ces mécanismes est la concertation avec l’ensemble des acteurs politiques pour obtenir un minimum de consensus sur les règles du jeu.  Malheureusement, pour la première fois depuis notre indépendance, Macky SALL et son régime ont  agi seuls du début jusqu’à la fin du processus qui doit nous conduire au scrutin du 20 mars prochain.  Cette manière de faire constitue une violation grave du protocole de la CEDEAO sur la démocratie et la bonne gouvernance que notre pays a ratifié en juillet 2004 alors que l’actuel Président était Premier Ministre de Abdoulaye WADE. 
Tout le monde se souvient du tôlé soulevé, il y’a quelques mois par le maintien en activité des cadres retraités de la Police Nationale et du Ministère de l‘intérieur que sont les commissaires de police : Mafall FALL, Demba SARR, Abou DIOP,  Moustapha Elimane SALL et un certain Ibrahima DIALLO. 
En effet mes craintes se sont précisées lorsqu’au cours du conseil des ministres du 19 octobre 2015, vous avez procédé au remplacement de tous ces vaillants cadres pour des retraites bien méritées à l’exception du Commissaire Ibrahima DIALLO toujours à la tête de la très stratégique DAF malgré son statut de retraité. Cette discrimination en faveur du commissaire Diallo intervient dans un contexte pré-électoral, mais aussi et surtout dans un contexte où nos cartes Nationales d’Identités sont arrivées à expiration ? 
Non, je ne connais pas le commissaire Diallo, mais l’acteur politique que je suis, se doit de rappeler que cet  homme qui bénéficie aujourd’hui de la confiance de Macky SALL chantre de la gouvernance sobre et vertueuse,  a été épinglé par le rapport 2009 de la Cour des Comptes pour des faits de gestions très graves. Dans ce rapport toujours accessible, la Cour des Comptes avait même recommandé sa traduction devant les juridictions compétentes ; ce qui avait expliqué son passage à la DIC pour audition.  
Je me souviens également qu’il avait été nommé DG de la Police Nationale pour une période de moins de 24 Heures en remplacement de Codé Mbengue. Ibrahima Diallo est aussi présenté comme un proche de l’ancien ministre de l’intérieur Ousmane NGOM, ce qui avait poussé l’opposition d’alors dont Macky SALL a été un des portes parole à réclamer son départ.  
Qu’est ce qui a donc subitement changé pour qu’un homme de main d’Ousmane NGOM même à la retraite soit maintenu en fonction ? Pour répondre à cette question, on ne peut ne pas relever  que  Ousmane NGOM a disparu comme par miracle  de la fameuse liste des 25 personnalités traquées par la CREI.  
Par la seule volonté de Macky SALL qui a le pouvoir exorbitant de mettre sous le coude des dossiers judiciaires, Il est devenu fréquentable au point d’avoir le privilège de recevoir la visite du Président SALL  pour des condoléances à la suite du décès de  son frère (paix à son âme).  
Pourtant en aout  2012, le même Macky SALL s’était contenté d’un simple coup de fil lorsque Ousmane NGOM avait perdu sa maman ? Il ne faut pas alors s’étonner que  Ousmane NGOM qui n’a toujours pas démissionné du PDS soit devenu subitement l’un des chantres du OUI pour le referendum du 20 Mars prochain. Voir ce  brillant article des journalistes Barka BA et Daouda MINE paru dans le journal l’obs.du 29 Mars 2011.http://www.seneweb.com/news/Politique/comment-wade-laquo-securise-raquo-la-presidentielle-de-2012_n_43085.html 
En outre, en violation de l’esprit du  protocole de la CEDEAO sur la démocratie et la bonne gouvernance, Macky SALL, Abdouaye Daouda DIALLO et le pouvoir actuel ont procédé lors des conseils des ministres des 17 et 24 février derniers à des mesures suspectes concernant le commandement territorial avec le remplacement et le changement de 5 gouverneurs de régions, 11 Gouverneurs adjoints et 16 Préfets à moins d’un mois de la tenue du référendum. 
Nos craintes sont d’autant plus justifiées qu’en plus de l’absence de concertation, vous refusez de publier le fichier électoral, avez choisi vous-même les couleurs des bulletins et vous êtes les seuls à connaître le nombre de bulletins que vous allez imprimer. La CENA en charge de veiller sur la régularité du scrutin semble être prise de cours, car par faute de moyens et de préparation, elle va s’appuyer sur les ambassades et les consulats que vous avez « peint en marron » pour faire le job à sa place. 
Voila autant de raisons qui me font dire que, nous allons vers un référendum douteux  à cause des nombreuses intrusions dans le dispositif électoral.  
A la classe politique notamment ; l’opposition et à la société civile, je lance un appel à travers ce texte afin de faire bloc pour le départ à la retraite de cet intrus dans le dispositif électoral, mais aussi pour le respect strict du choix des sénégalais que nous sommes au soir du 20 Mars 2016.
Alinard NDIAYE     
Coordonnateur National du MLK 
Karimiste à vie 
boursaloum@gmail.com


Lundi 7 Mars 2016 07:27

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