Le pétrole est capable du meilleur comme du pire. En effet, il peut catalyser l’ascension d’un Etat, en lui donnant toutes les ressources financières et énergétiques nécessaires à son rayonnement, comme il est capable de lui attirer un destin des plus funestes. Aujourd’hui, le Sénégal qui a découvert l’or noir dans son sous-sol, fait office de néophyte dans le secteur. Sans expérience conséquente dans le domaine, les autorités ont opéré, ou devront opérer, des choix qui engageront toute une nation, sur l’exploitation de ses énormes ressources minières.
«J’aurais donné 3 conseils au Sénégal»
Depuis longtemps leader de la production pétrolière en Afrique, le Nigéria a, lui, commencé à exploiter l’or noir depuis 1958. Le business n’a plus de secret pour lui. Durant ses 58 années de production, le pays a, tantôt, joui des juteuses rentes de cette ressource, tantôt pâti de ses sombres effets. Aujourd’hui, le Nigéria semble être l’un des Etats africains les mieux placés pour souffler au Sénégal, les erreurs qu’il ne devra surtout pas commettre. Et justement, numéro deux de la chambre des représentants du Nigéria, Yusuf Sulaimon Lasun, qui a tiré toutes les leçons des déboires de son pays avec le pétrole, sait ce que le Sénégal doit faire pour ne pas tomber dans les mêmes travers que le Nigéria. Sa première recommandation, c’est d’exiger des compagnies pétrolières d’opérer un transfert de technologies afin de permettre au pays, de pouvoir exploiter lui-même ses ressources dans l’avenir.
Exiger un transfert de technologies aux compagnies
«J’aurais donné 3 conseils au Sénégal. Le premier, c’est le transfert de technologies. En effet, le Nigéria a découvert le pétrole en 1956, a commencé à en vendre en 1958. Mais, pendant toutes ces années, il ne disposait pas de la technologie nécessaire. Il dépendait des compagnies étrangères qui, eux, apportaient leur technologie. Donc le premier conseil que je donnerai au Sénégal, c’est de prévoir, dans un délai donné, qu’au moins 70 à 80 % de la technologie soit transférée aux Sénégalais pour qu’au bout de quelques années, vous puissiez faire la prospection et l’exploitation seuls, sans l’aide de l’étranger», conseille le vice-président de la chambre des représentants dont le pays est aujourd’hui plongé dans une situation économique sans précédent.
Diversifier et ne surtout pas devenir accro au Pétrole
En effet, accro au pétrole et de ses rentes qui farcissent le budget et embellissent les exportations, le Nigéria n’a pas supporté la chute des cours du brut. La croissance a tellement chuté que le pays est plongé dans la récession. Une situation, sur laquelle le Nigéria a tiré des leçons que M. Lasun recommande au Sénégal. «Le deuxième conseil, c’est qu’il ne faut pas être tributaire d’un seul produit. Si vous prenez la Malaisie comme exemple, ce pays produit du pétrole, or il a des millions d’hectares de plantations de palmiers pour faire de l’huile de palme. Donc ce pays a diversifié son économie», montre-t-il la voie au Sénégal.
Investir les recettes du pétrole dans les autres secteurs
En plus des deux conseils, le numéro deux de la chambre des représentants recommande aux autorités sénégalaises, d’utiliser les ressources générées par l’or noir pour investir dans les autres secteurs stratégiques de l’économie sénégalaise. «Si le Sénégal respecte ces trois conseils, il ne tombera pas dans le même travers que le Nigéria», estime M. Lasun.
Aujourd'hui, nombre de Sénégalais pensent que l'or noir va changer leur vie et celle de la nation. Mais, pour cela, il faudra d'abord que les autorités sachent tirer les meilleures leçons des erreurs des pays producteurs et apprendre des pays ayant réussi leur politique pétrolière et économique, comme la Norvège.