Ousmane Sow Huchard, l'homme qui veut marier l’écologie à la culture pour insuffler une âme à la politique

Ousmane Sow Huchard, qui a annoncé sa démission de ses fonctions de Secrétaire national en charge de l’administration et de la citoyenneté active du Rassemblement des écologistes du Sénégal (RES-Les Verts), est un acteur culturel doublé d’un politique qui participe de la diversité casamançaise en servant d’emblème à l’unité bien comprise de la nation sénégalaise.


. Huchard a annoncé, dans un courrier adressé au Bureau exécutif national du Rassemblement des écologistes du Sénégal (RES, Les Verts), sa démission de sa fonction de Secrétaire national chargé de l’administration et de la citoyenneté active au sein dudit parti, a-t-on appris auprès de l’intéressé, samedi.Comme je vous l’avais déjà annoncé deux à trois fois au cours du dernier trimestre de 2012 lors des réunions du Bureau exécutif national et à la fin de notre Université d’été 2012, je viens par cette présente, vous présenter ma démission de mes fonctions de Secrétaire national en charge de l’administration et de la citoyenneté active’’, écrit-il dans sa lettre en date du 19 janvier.Comme dans le cas de son ‘’frère’’ l’architecte Pierre Goudiaby Atépa, avec qui il a reçu une éducation similaire dans la même concession à Ziguinchor où naquit il y a 70 ans le député du RES, Ousmane Sow Huchard peut être présenté comme l’un des produits les plus aboutis du melting-pot culturel qui fait des zones du Sénégal des régions d’exception, où le métissage culturel quotidien, mère de la tolérance, est en acte quand il peine à s’expérimenter ailleurs à travers le pays ou même sous d’autres cieux.’Moi, il n’y a pas plus Casamançais que moi, à tel point que certains de mes collègues à l’Assemblée, ils me disent toujours : +Huchard, toi, tu es un rebelle caché, parce que quand on t’entend parler de la Casamance, c’est tout juste si tus ne nous rentres pas de dedans+’’, indique-t-il avant d’ajouter : ‘’Je dis : + non. Moi, je suis un Sénégalais. Je suis même un panafricaniste. Je suis plus que ça donc on ne peut pas me taxer de rebelle+’’.En vérité, relève-t-il, ‘’j’aime ma région et personne ne l’aimera mieux que moi. Donc, nous nous battrons pour que cette région relève la tête, trouve la paix pour qu’elle redevienne le grenier du Sénégal’’.En fait, Ousmane Sow Huchard se présente avant tout comme un homme du monde dont l’histoire familiale se rattache, du côté de sa mère, à l’élite créole qui a longtemps marqué l’histoire politique, économique et culturelle du Sénégal.
Dans l’avant-propos de son livre ‘’La culture. Ses objets-témoins et l’action muséologique’’ (Le Nègre international, 2010), il témoigne ainsi ‘’de la petite histoire de la grande famille +Huchard+, dont l’ancêtre Nicolas Huchard, fondateur de la branche familiale au Sénégal, né le 20 novembre 189 à Neuvy-Sautour 89 570 Yonne en Bourgogne (France) est arrivé à Gorée au Sénégal en 1830’’.
’L’implantation au Sénégal de la famille Huchard nous mène de Gorée, en passant par Dakar, Joal, Carabane, Ziguinchor jusqu’à Cachéo en Guinée-Bissau’’, écrit-il, non sans mentionner ‘’les rapports lointains ou de proximité que quelques membres de la famille Huchard ont eus avec le président Léopold Sédar Senghor et l’histoire’’ du Sénégal.Né le 5 décembre 1942 à Ziguinchor, où il compte de son propre aveu se retirer dans trois, quatre ou cinq ans au maximum, pour y mourir, Huchard, comme bien de cadres casamançais, se réclame naturellement d’un particularisme quasi inné à sa région natale.Ce qui n’enlève rien à son culte suprême pour la République, comme le prouvent sa trajectoire, son profil, peut-être même ses rêves, qui rendent compte d’une longue pratique de l’Etat sous la protection du premier président sénégalais Léopold Sédar Senghor.Anthropologue, muséologue, musicologue, critique d’art, conservateur de musée, consultant international, Ousmane Sow Huchard a comme un destiné lié avec le premier président sénégalais dont il est l’un des fils spirituels, avec Pierre Goudiaby Atépa, Amadou Lamine Sall, entre autres.
Après une formation technique en pratique d’électricité, Ousmane Sow Huchard a pu entamer en 1978 des études universitaires à l’université de Laval, au Québec, grâce à une bourse de Senghor. Il revient de cette institution universitaire auréolé d’un B.A en histoire de l’art et archéologie classique et d’un Master of Science en anthropologie, option muséologie, en 1980. Il parachève sa formation à l’université de Laval en 1985, par un Ph.D. en anthropologie sociale et culturelle.Il a été successivement conservateur en chef du Musée dynamique, de 1983 à 1988, conseiller technique au cabinet du ministre de la Culture entre 1986 et 1988, commissaire aux expositions d’art à l’étranger du Sénégal de 1989 à 1990, président du Conseil scientifique de DAK’ART (Biennale de l’art africain contemporain), de 1993 à 1999. Il a été aussi Administrateur général adjoint de la Fondation Youssou Ndour.Ousmane Sow Huchard entame, à partir de 1999, son engagement en politique avec d’autres Sénégalais en mettant sur pied le Rassemblement des écologistes du Sénégal (RES-Les Verts), dont il devient le porte-parole.Le parti écologiste engage sa première bataille politique en participant aux élections législatives de 2001, mais n’obtient pas de siège à l’Assemblée nationale à l’issue de ce scrutin.Suivent les locales de 2002 qui ouvrent les portes des collectivités locales aux écologistes lesquels remportent une cinquantaine de sièges d’élus locaux, dans plusieurs localités, notamment à Gorée ; et Ngor, deux îles au large de Dakar où ils arrivent en tête.Cinq ans plus tard et après une crise majeure qui l’a notamment opposé à Ali Haïdar, un autre écologiste de référence, Ousmane Sow Huchard fait son entrée à l’Assemblée nationale à l’issue des législatives de 2007, avec un engagement dicté par la volonté de mettre en pratique les principes de l’écologie : la protection de l’environnement et donc du cadre de vie, l’accès à l’éducation, au travail et à la santé pour tous, la sécurité individuelle et collective, la paix et l’harmonie sociale.Ousmane Sow Huchard occupe actuellement les fonctions de directeur du Cabinet d’ingénierie culturelle ‘’CIWARA...Arts, Actions’’, une structure d’études, conseils, réalisations et productions qui s’occupe des questions de muséologie générale, de décoration artistique, de courtage en œuvres d’art, de management d’artistes et d’artisans.Dans une autre vie, la tête de liste nationale a eu une carrière artistique aboutie. D’abord avec le ‘’Dakar université Sextet (un orchestre universitaire) dont il est un des membres fondateurs en 1964, ensuite au sein du ‘’Merry Makers’’, groupe musical qui interprétait des variétés africaines, françaises et le Rythm And Blues des Noirs américains.A cause d’une rupture intervenue au sein de groupe, il crée avec d’autres, en 1970, le ‘’Waato Sita’’ (il est temps, en mandingue), un groupe de recherches musicales implanté au Centre culturel Blaise Senghor de Dakar.Le ‘’Waato Sita’’ était spécialisé dans le mariage des instruments occidentaux avec des instruments africains.Ousmane Sow Huchard a obtenu plusieurs distinctions dont celles de Chevalier de l’Ordre national du Lion et Chevalier de l’Ordre des arts et lettres de France et du Sénégal.Huchard est par ailleurs l’auteur de nombreux essais, notamment ‘’La Kora : objet témoin de la civilisation mandingue’’, édité par les Presses universitaires de Dakar.Il est aussi l’auteur-compositeur de l’hymne de l’Organisation de l’Unité africaine (OUA), qui fut utilisé pendant dix ans par le Conseil supérieur du sport africain pour les équipes sportives africaines, et de l’hymne ‘’Jeunesse sans frontières’’ de la Semaine nationale de la jeunesse.Huchard démissionne de son poste de Secrétaire national mais veut ‘’rester un militant actif’’ du RES Les Verts et ''se mettre désormais à la disposition du parti pour travailler activement au sein de son Conseil scientifique’’.

Bamba Toure

Samedi 26 Janvier 2013 17:16

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