N'dèye Sagar Tall sur l'extrêmisme : «La femme intuitive et préventive peut jouer un rôle contre le terrorisme »

Militante du développement des communautés à la base, N'dèye Sagar Tall, a un cursus exceptionnel dans tous les établissements. Forte de plusieurs centaines de membres et d’une expérience de 13 années dans le développement communautaire, l'association Entente féminine des Sicap pour le Développement du Sénégal qu’elle dirige veut jouer le 28 mai prochain jouer sa partition dans la lutte contre l’extrémisme violent. Dans cette interview, Mme Tall dit en quoi il est important d’interroger notamment le rôle des femmes dans ce combat contre le terrorisme.


Quelles sont vos domaines d’intervention ?  
Dans le cadre de l'éveil citoyen, nous avions pris une part active dans la sensibilisation contre l'émigration clandestine et aussi dans l’accompagnement socioéconomique des familles touchées par ce fléau. Dans ce même REGISTRE et face aux phénomènes djihadistes, l'Entente Féminines a vite pris conscience que la lutte contre l'extrémisme violent ne peut seulement pas être militaire à travers l'armée, la police et les services de renseignements l’implication des femmes pour une sensibilisation et ainsi susciter l'éveil citoyen des communautés à la base constitués un maillon important dans la chaîne de prévention.  C'est ainsi que nous nous sommes engagées depuis  juin 2014, avec un lancement au théâtre national Daniel Sorano le 21 du même mois, de nos séries  de conférences autour de panels hybrides, composés d'universitaires, d'autorités religieuses et coutumière,  de géopoliticien et de sociologue. 
Nous nous engageons par ailleurs à jouer notre rôle d’accompagnement de l’Etat du Sénégal dans la  Sensibilisation des populations sur l’importance de la présence du Sénégal au Conseil de Sécurité des Nations-Unies. Cette nouvelle posture du Sénégal au sein de l'instance internationale constitue un honneur pour Tous les Sénégalais et mérite une vulgarisation car permettant à notre chère Nation de donner des idées et par conséquent d'avoir voix au chapitre.
Par exemple le plaidoyer sur  l'hydro-diplomatie que notre Ministre des Affaires Étrangères est en train de faire concerne les femmes à plus d'un titre. C'est en cela que nous offrons une tribune à son Excellence M. Mankeur Ndiaye de venir nous expliquer afin que nous puissions jouer notre partition dans ce qu'il fait, les femmes ayant un grand rôle à jouer dans cette diplomatie qui rentre dans la PRÉVENTION des conflits et des menaces. 
  
Comment est née l’idée de vos conférences annuelles et pourquoi ? 
L'idée des conférences a été lancée et adoptée de manière collégiale pour clôturer notre plan d'action annuelle. Elle constitue la plateforme de détente, après une année de DURE labeur, un lieu donc où l'utile est jointe à l'agréable.  EN EFFET il est important de marquer un temps de pause pour s’évaluer après une année d'activités et de relation du groupe. LA conférence nous offre une récréation mais aussi LE MOMENT PRIVILÉGIÉ DE METTRE À JOUR NOS CONNAISSANCES DE LA RELIGION MAIS AUSSI DE REVISITER LES CONDITIONS DE MISE EN ŒUVRE DE NOTRE COHESION SOCIALE POUR SON AMELIORATION EN PERSPECTIVE DU PLAN D’ACTION DE L’ANNÉE À VENIR. Pour votre information, cette édition constitue la 13eme et les précédentes nous ont permis, grâce à la cotisation des membres et de l'appui de bonnes volontés et messaines, à une cinquantaine de membres d'effectuer le pèlerinage aux lieux saints de l’Islam. 
Pourquoi avoir choisi « Femmes préventives face aux défis sécuritaires » ? 
De plus en plus d’attentats-suicides sont perpétrés par des jeunes filles ou des fillettes, dans le nord du Nigeria. Ces attaques, pas toujours revendiquées, portent la signature de Boko Haram, qui inaugure une pratique sur le continent africain. 
Le 22 février, une fillette de 7 ans tue sept personnes en se faisant exploser à Potiskum, dans le nord-est du Nigeria. Une semaine avant, une kamikaze utilise le même procédé à la gare routière de Damaturu , dans le nord toujours. Bilan : sept morts et 32 blessés. Le 10 janvier, une bombe explose sur un marché de Maiduguri, faisant 20 morts et 18 blessés. 
Cette liste morbide pourrait être allongée. Les femmes sont devenues la nouvelle arme de guerre de la secte islamiste Boko Haram
La première attaque attribuée à une femme remonte au 8 juin 2014, dans l’État de Gombe. Depuis, les attentats sur ce mode opératoire se sont multipliés et la pratique semble s’instituer. 
Voulez-vous donc inverser la tendance ? 
Les femmes attirent, a priori, moins la méfiance des militaires et autres agents de sécurité. Le hijab, porté par la majorité des femmes dans les états du nord du Nigeria, où la charia est appliquée, permet de dissimuler plus facilement une bombe. En novembre dernier, deux femmes tuaient 45 personnes sur le marché de Maiduguri , capitale de l’État du Borno. L’une d’elles, 20 ans à peine, avait placé la bombe dans son dos, là où traditionnellement elles portent les enfants. 
Si la participation des femmes à des actions terroristes n’est pas un phénomène récent, leur utilisation comme bombes humaines reste un phénomène rare. Des femmes kamikazes ont été identifiées parmi les Tigres Tamouls au Sri Lanka, les séparatistes kurdes du PKK en Turquie ou dans le conflit tchéchène, où les "Veuves noires" attaquaient des intérêts russes dans le Caucase pour venger des membres décédés de leurs familles. Mais l’attentat-suicide reste le plus souvent le fait des hommes. 
Et il y a une forme de contradiction à voir celles qui donnent la vie répandre la mort. Dans les sociétés musulmanes, les femmes sont encore considérées comme des mères à qui les hommes doivent non seulement la vie, mais le respect. L’impact psychologique est donc beaucoup plus fort. Pour nous, il y a urgence à recréer cet impact. 
C'est en cela que l'Entente Féminine des Sicap pour le Développement du Sénégal s'est engagée à dérouler des conférences religieuses autrement, c’est-à-dire susciter l'éveil citoyen, permettre aux citoyens de comprendre ce qui se passe non seulement dans le pays mais également et surtout dans le monde. Le but de la manœuvre est qu'une personne avertie en valant toujours deux, c’est en comprenant les choses que nous parviendrons à les apprécier et par conséquent à se les approprier.  Et si nous partons du fait que sans appropriation, point d'engagement, alors ce combat contre l'extrémisme violent étant universel  (personne n'étant à l'abri), la vigilance est de rigueur.  La femme intuitive et préventive constitue par conséquent un maillon FONDAMENTAL dans la chaîne de la prévention. 
En quoi pensez-vous que la femme peut contribuer à freiner l’extrémisme violent ? 
La femme incarne la force de transmission du pouvoir (52 % de la population) et des valeurs et tradition. Il est de notre devoir de transformer ces forces en outils au service des peuples. La femme intuitive et préventive donc, constitue également un outil efficace de médiation et est incontournable dans la sensibilisation.


Samedi 28 Mai 2016 09:23

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