Malick Konté maire socialiste de Pikine Est : «Macky Sall n’est entouré que de borgnes, de gens assoiffés de pouvoir»

Socialiste jusqu’à la moelle épinière, Malick Konté n’en n’est pas pour autant un béni-oui-oui qui obéit au chef au doigt et à l’œil. Dans cet entretien accordé au journal «Le Pays», il appelle le Chef de l’Etat à plus de respect et de considération vis-à-vis des élus locaux. Non sans décocher des flèches assassines en direction de l’entourage de celui-ci.


Au lendemain de la Déclaration de politique générale (DPG) du Premier Ministre, quelle lecture faites-vous du discours en tant que élu local, en clair, êtes-vous satisfait ?

Vous savez, nous avons écouté ensemble la Déclaration de politique générale du Premier Ministre. Idrissa Seck en avait fait de même que  Moustapha Niasse etc. Mais après, ils n’ont pas respecté leurs engagements. A chaque fois qu’il y a un nouveau Premier Ministre, on va étaler beaucoup de problèmes et ce sont les mêmes, depuis Senghor, Abdoulaye Wade en passant par Diouf, qui continuent. Et sur les 100, on n’arrive toujours pas à régler le 1/10. Donc ce n’est pas du tout normal. Il faut qu’on respecte la population sénégalaise. Ce sont des êtres humains, des intellectuels qui sont là et qui comprennent mieux qu’eux ce que c’est l’administration, son cheminement. Faire des promesses aux populations, faire des discours kilométriques et qu’on ne réalise absolument pas au bout du compte, je dis que c’est la catastrophe. Par exemple pour les inondations, les maires sont responsables. A Pikine et Guédiawaye, il faut 450 milliards pour faire les canalisations, le Fesman a coûté plus de 150 milliards, le monument de la renaissance, les terrains des maires que nous sommes et qui sont vendus par nos prédécesseurs, autant de crimes qui restent non élucidés. On serait tentés même de se demander à quoi bon servent les audits. Ce sont ces mêmes gens coupables de toutes ces dérives qui sont en train d’aller rallier Macky Sall pour transhumer. Et l’Etat aussi, sur nos neuf domaines de compétences, ils ne nous ont jamais accompagnés. En rien je vous dis. Donc nous ne sommes pas satisfaits du tout. Ce qui pourrait nous satisfaire, c’est que l’Etat s’engage à accompagner les élus locaux que nous sommes dans nos neuf domaines de compétences. Mais actuellement, il y’a des responsables de l’APR qui sont en train de distribuer du riz, des matelas et de l’argent à la population et on laisse les maires en rade. 

Le Sénat a été supprimé ainsi que le poste de vice-président de la République. Le Conseil économique et social en Conseil économique et social va connaître une mutation avec l’introduction du volet environnement. Quelle appréciation en faites-vous ? 

En tant qu’élu, je me sens frustré et même triste. Parce que le Sénat, c’était pour les élus locaux. Si Macky Sall devait supprimer le Sénat, il aurait dû nous consulter par respect et par courtoisie. Je n’ai rien contre la décision en tant que telle car nous sommes des personnes responsables. Mais, c’est la méthode qui pose problème. Mais débarquer à l’aéroport  de Dakar-Yoff, en annonçant la suppression du  le Sénat par une proposition de loi à l’Assemblée nationale, cela relève de la dictature. Nous sommes d’accord pourvu qu’on nous propose quelque chose de concret pour l’intérêt des Sénégalais. 

Mais le Président de l’Assemblée nationale naturellement ? 

Au niveau de l’Assemblée nationale, on n’a pas encore voté les cinq ans. Donc Moustapha Niasse n’est qu’un simple figurant. Donc on ne comprend pas. On est dans l’obscurité et je dirai à Macky Sall et aux sénégalais, que je remercie au passage pour leur élan de solidarité en faveur des sinistrés, que c’est manquer de respect aux élus locaux que faire venir le Chef de l’Etat dans les communes sans aviser le maire qui est là et qui n’est que son subordonné. Madame la première Dame débarque aussi dans le département sans prévenir le maire d’arrondissement, ce n’est pas courtois non plus. Donc, ils sont en train de défoncer les portes. Ils sont en train de violer les lois et ils sont en train de nous les imposer. Macky Sall n’est entouré que par des borgnes, des gens assoiffés de pouvoir. Des gens qui ne sont là que pour leur propre intérêt. 

Vous faites allusion particulièrement à qui, est-ce que les alliés sont aussi concernés ? 

A tout son entourage. Je ne fais pas dans le distinguo. Mais les alliés doivent jouer le premier rôle. Mais c’est Macky Sall, à qui les Sénégalais ont tout donné, de traiter tout le monde au même pied d’égalité. Les gens de l’APR, ils n’ont que 26% je le réitère. Donc le Sénégal nous appartient à nous tous, nous ne sommes pas des Burkinabés, ni des Togolais que Macky nous respecte. Mais s’il vient à Pikine-Est et qu’il prévient le maire que je suis. Je vais porter mon écharpe et avec les populations. Nous allons l’accueillir avec tous les honneurs. Donc on exige un peu de respect. Nous souhaitons qu’il termine son mandat en 2017, qu’il s’en aille et  que le Parti socialiste revienne au pouvoir. 

Parlant du PS, ça boue partout et dans tous les sens, récemment d’ailleurs, il s’est dit Malick Noël Seck et Barthélémy Dias ont failli en venir aux mains, c’est quoi le mal de votre parti ? 

Il y’a des gens qui veulent succéder au Secrétaire général, d’aucuns disent qu’il faut une alternance générationnelle, on est d’accord. Mais quand le Ps a coulé comme le «Djola» en 2000, combien d’éléphants ont quitté le parti. Ces gens qui s’agitent aujourd’hui quand l’hémorragie a éclaté sur le corps du Ps, ils se sont tous taillés. Pourtant, beaucoup parmi eux se disent milliardaires. Ils n’ont jamais apporté un franc au parti. Seul Ousmane Tanor Dieng était là pour soutenir le parti et l’accompagner. N’eût été lui, le bateau allait couler comme le Titanic. Il s’y ajoute que Ousmane Tanor Dieng a été le seul à avoir gagné chez lui, lors du premier tour de l’élection présidentielle. Les législatives également, il a gagné, c’est comme Aïssata Tall Sall, c’est comme Aminata Mbengue Ndiaye. 

Vous faites allusion à Khalifa Sall ?

Je parle de nous tous qui avons perdus. Et puis l’aura de Ousmane Tanor Dieng au plan international, personne ne l’a dans le parti. Ni Aminata Mbengue Ndiaye, ni Aïssata Tall Sall, ni Khalifa Sall, n’ont cet aura. Je vous dis si Moustapha Niasse avait soutenu Ousmane Tanor Dieng, on en serait pas là et vice-versa parce que le PS est majoritaire. C’est ma conviction. L’héritier légitime du PS, c’est Ousmane Tanor Dieng. Donc, je dis que cela relève de la haine. Ce n’est plus un problème d’ambition ou autres. Je dis qu’il est temps que l’on arrête. 

DJIM MOMATH KIDIERA

Le Pays au Quotidien


Abdou Khadre Cissé

Samedi 15 Septembre 2012 12:40

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