Lettre ouverte à Monsieur Moustapha GUÈYE dit « Petit GUÈYE », maire de la Commune de Sokone


 
Mon cher Moustapha, 

J’ai appris, avec beaucoup de peine, la nouvelle de ta démission à la tête de la municipalité de Sokone.  

Malgré l’important et immense programme que tu es en train de mettre en œuvre au profit des populations du Niombato après plusieurs décennies de privations, de réflexions et de conceptions, te voilà contraint de quitter une des stations d’exercice d’un pouvoir local à la fois difficile, compte tenu de la modicité des moyens, et exaltant au titre des services rendus à ton peuple.   

De loin, je comprends ta déception. Je la vois, même, très grande, aussi que grande que les ambitions nobles que tu as toujours nourries pour ton terroir et qui sont le déterminant de ton fort engagement en politique dont j’ai su mesurer la profondeur et la véracité depuis le début de notre compagnonnage. Je comprends également ses motivations. Je ne m’étendrai pas, outre mesure, sur la noblesse et l’exemplarité de cet acte que vous avez déjà annoncé à l’opinion nationale et qui ne manquera pas, certainement, de faire des émules dans la classe politique.  

Je sais, aussi, combien cette décision a été particulièrement difficile pour toi, eu égard à cet attachement viscéral, symbole d’un amour et d’une fidélité inaltérables, que tu as toujours voué à ton terroir et, surtout, à l’engagement dont tu as toujours fait montre pendant toutes ces années de plaidoyer, de militantisme, d’investissement et de recherches de solutions aux nombreuses difficultés qui asphyxient l’essor de ta région, tout comme le développement de toutes les localités de notre cher pays.   

Mon cher Moustapha,  

Il n’est nullement besoin de revenir sur les raisons de cette décision que vous allez soumettre au Conseil municipal, même si certains esprits, que je ne voudrais pas qualifier, trouveront, pour se donner bonne conscience, des justificatifs trop superficiels du genre « Sokone n’a pas simplement adhéré à son projet de société… que les populations sont beaucoup plus à l’aise dans les choix du camp adverse ». 

Au contraire, les sénégalais, dans leur diversité, ont été fascinés par le discours politique unique qui était le tien pendant ces législatives, discours principalement bâti autour d’un savoir et d’une science avérés, d’une volonté politique réelle et d’une détermination sans faille à transformer les conditions de vie de tes concitoyens. Tes compatriotes ont découvert que Petit GUEYE a été, le temps de cette campagne électorale, GRAND par ses idées, sa vision et son offre politique face aux grands symboles de la vie politique nationale qui ont offert leur service pour la représentation parlementaire.  

Mon cher Moustapha,  

Cela mérite, tant soit peu, un satisfecit et suffit amplement pour reprendre le flambeau même si je sais que tu n’abandonneras jamais. Cela renforce également notre admiration et notre estime pour toi. 

Cependant, ta démission, dans  ce contexte, interpelle directement le citoyen que nous sommes face aux nombreuses turpitudes des partis politiques qui visent et conservent le pouvoir par la fourberie, la mystification, la corruption et l’achat des consciences, parmi tant d’autres.  

Ce n’est point un secret d’affirmer, aujourd’hui, que l’exploitation de la détresse des populations a eu raison sur la pertinence des orientations politiques et des valeurs qui ont fondé tes actions quotidiennes au service de la communauté. Par ce terreau fertile à la manipulation et à la conspiration, nos populations ont, par faiblesse, simplement cédé à la tentation du diable en voulant, faussement, régler des questions ponctuelles de vie, dirai-je même de survie,  à la fois éphémères et vaines de par leur incapacité à satisfaire durablement leurs besoins fondamentaux.  

Cette stratégie honteuse d’affaiblissement de la condition humaine, conçue, financée et mise en œuvre au plus haut sommet pour s’accaparer vachement des ressources de la Nation, a encore triomphé ce 30 juillet 2017 en surfant, à coup de milliards de nos francs, sur les points les plus névralgiques et les plus déficients de notre société commune. 

Mon cher Moustapha,  

Ces goulots d’étranglement sont la gangrène de notre démocratie et le plus grand obstacle de nos projets politiques majeurs. Nous devons en prendre suffisamment conscience, aujourd’hui, et nous mobiliser, en conséquence, pour leur élimination, demain.  

Cet exercice sera difficile, périlleux à la limite. Mais, il est à portée de main. Il prendra également beaucoup de temps et exigera, en nous, de la détermination et de l’abnégation pour qu’enfin, les desseins communs puissent trouver des oreilles attentives et un écho favorable auprès des sénégalaises et des sénégalais.  

Toutes les forces vives de la nation, soucieuses du devenir de ce pays, doivent travailler, avec opiniâtreté, pour, à la fois, barrer la route aux marchands d’illusions et jeter les bases solides d’un développement socio-économique, nécessaires à la transformation qualitative du quotidien des populations.  

L’acuité du combat contre ces fléaux est beaucoup plus évidente aujourd’hui plus qu’hier et réclame encore chacun d’entre nous. Je sais  que tu n’as jamais quitté ce chantier de la libération de ton peuple et de la réhabilitation de la dignité du citoyen depuis des décennies. Mais tes concitoyens t’attendent davantage dans cette vaste et exaltante entreprise de protection, d’émancipation et de réalisation du citoyen. 

Voilà ton combat d’aujourd’hui, notre combat de demain !  

Il nous appartient alors de le préparer, dès à présent, avec tous les compagnons d’hier et d’aujourd’hui. Main dans la main et motivés comme un seul homme, nous soulèverons, bientôt, ce baobab rapace, démagogue, corrupteur à souhait et aux méthodes foncièrement ringardes pour que trônent, en définitive, la Citoyenneté et la République. 

Ton frère,  
Makhfou Mahécor DIOUF


Vendredi 4 Aout 2017 10:34

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