Le scrutin de dimanche a renforcé la démocratie sénégalaise, selon la presse internationale


De nombreux journaux étrangers, à travers leur site Internet, estiment que la démocratie s’est renforcée au Sénégal par le biais du deuxième tour de l’élection présidentielle de dimanche.

Le Sénégal a vécu une élection présidentielle sans violence —quelques échaufourrées mises à part—, remportée par l’ancien Premier ministre Macky Sall, selon les premiers résultats publiés par les commissions départementales de recensement des votes. Le président sortant, candidat à sa succession, Abdoulaye Wade, a appelé M. Sall à 21h30, dimanche, pour le féliciter d’avoir gagné l’élection.

‘’[...] Les Sénégalais ont eu, semble-t-il, à cœur de ne pas reproduire sur leur sol le scénario de la présidentielle ivoirienne ou encore celui plus récent du Mali qui, à quelques encablures de la présidentielle fixée à avril prochain, a enregistré un coup de force militaire plongeant le pays dans la confusion la plus totale quant à son devenir politique’’, écrit le quotidien algérien El Moujahid, dans une version électronique.

‘’Noyé par ce qui se dessine comme un véritable raz-de-marée électoral, le président sortant et candidat controversé à sa propre succession Abdoulaye Wade a finalement été beau joueur’’, lit-on sur le site du quotidien français Le Monde.

‘’Le Sénégal s’enracine dans la démocratie. Beaucoup redoutaient de voir M. Wade refuser d’admettre son éventuelle défaite et jeter de la boue sur l’image du pays, réputé être l’une des meilleures démocraties d’Afrique de l’Ouest’’, note The Daily Telegraph, un quotidien britannique.

Son confrère, The Guardian, y va de son commentaire : ’’C’est maintenant ce que redoutent les électeurs en Afrique : un président démocratiquement élu, qui viole la Constitution pour s’éterniser au pouvoir. Depuis deux mpois, les électeurs sénégalais ne cessaient de se demander si leur fière démocratie allaient subir le même sort.’’

Le Washington Post, un confrère américain, explique comment on a pu éviter cela : ‘’D’un coup de fil, dimanche soir, le président sénégalais, 85 ans, a finalement conforté la réputation du système politique sénégalais, en admettant la victoire du leader de l’opposition, Macky Sall, quand les premiers résultats ont montré la tendance des votes.’’

Mais, relève Le Monde, le vainqueur de cette élection a du pain sur la planche : ’’Le chantier économique et social est énorme dans ce pays où un habitant sur deux vit sous le seuil de pauvreté. Et sur le plan politique, Macky Sall a aussi des urgences. Il devra composer avec tous ceux qui lui ont permis de gagner - les libéraux, comme lui, mais aussi les socialistes, les Verts, la société civile...’’

’’Il lui faudra donc concilier les vues parfois divergentes de tous ses alliés de circonstance’’, note le même journal.

‘’[...] Cette élection a montré que les fondements de la démocrayie sont solides’’, affirme Goodluck Jonathan, le président du Nigéria, cité par l’agence de presse américaine Associated Press (AP).

L’issue de cette élection ’’augure quelque chose de bon pour le Sénégal, mais aussi pour notre sous-région, surtout à ces moment où l’ordre constitutionnel se voit confronté à des défis énormes’’, a encore dit M. Jonathan, qui fait allusion au coup d’Etat perpetré par des militaires la semaine dernière au Mali.

Ainsi, le chef de l’Etat nigérian rend hommage à Abdoulaye Wade d’avoir ’’accepté volontiers sa défaite, en démontrant sa maturité et son stature d’homme d’Etat’’.

Et le New York Times de rappeler que ’’la tentative de Wade de se maintenir au pouvoir a essuyé une farouche résistance, dans ce petit pays côtier d’Afrique où le jeu politique se fait avec des règles démocratiques’’.

’’Le Sénégal est l’un des quelques pays du continent qui n’ont jamais vécu un coup d’Etat. […] Des élections libres se tiennent dans ce pays depuis 1848’’, rappelle-t-il.

L’issue de l’élection présidentielle ’’confirme la maturité de la société sénégalaise et rejaillit sur tous les Africains, alors que le continent a tant de mal à apprivoiser la démocratie’’, lit-on sur le site Internet du journal français Le Figaro.

Il estime que ’’cette deuxième alternance était loin d’être assurée si l’on se souvient […] des violences qui avaient accueilli l’insistance [d’Abdoulaye Wade] à solliciter un troisième mandat’’.

Mais, ajoute Le Figaro, ’’finalement, le pays de Léopold Sédar Senghor a su se montrer à la hauteur de ses traditions démocratiques, qui se trouvent d’autant plus confortées qu’elles avaient été un temps menacées’’.


Bamba Toure

Mardi 27 Mars 2012 13:13

Dans la même rubrique :