Le Président Macky Sall donne de la voix et ouvre la voie d’un tourisme prometteur.

Quelles orientations stratégiques pour relancer le tourisme ? Les attentes du secteur au prochain conseil présidentiel sur le tourisme.


S’il m’était possible de tourner le dos au tourisme, je ne serais plus tenter de revenir sur les récentes déclarations du Chef de l’état lors de son conseil des ministres du 13 juillet 2016, dont les bonnes intentions sur le secteur du tourisme ne souffrent d’aucunes confusions. Et, il est heureux, de constater qu’un léger mieux se dessine à travers des actions concrètes, à partir de manifestations d’intérêts publiées dans le site www.marchespublics.sn ; ou des cabinets spécialisés sont invités à postuler sur quatre offres : Les statistiques, Le classement de réceptifs, L’étude de mise en valeur de l’offre écotouristique et un dernier sur la conception et la réalisation de signalétiques sur les circuits et sites touristiques. Ces manifestations d’intérêts posent les véritables questions des prés requis, mais également du niveau d’implication du secteur privé, des universitaires, des experts et consultants sénégalais dans la formulation et la priorité des actions à mener ensemble. Je n’oublie pas, la mise en place du crédit de cinq milliards dont le comité de validation est installé.
 
Il est cependant important de noter que les choses commencent à bouger même si c’est de façon timide. A ce titre, je suggère une fois de plus, la mise sur pied d’un comité économique pour le tourisme, composé de l’ensemble de la chaine des valeurs du secteur. Ce comité permanent ou comité d’urgence se penchera sur les diagnostiques passés et sur les besoins pressants de l’heure, ou l’ordre mondial du tourisme est entrain de basculer, du fait de l’insécurité constante en Europe, au Moyen Orient, au  Maghreb, dans les régions du Sahel, et une partie de l’Afrique de l’ouest, ou nous sommes épargnés grâce à notre culture sociale de paix, de tolérance, de mesure, et d’un islam confrérique éclairé, respecté et écouté. Mais, il y a urgence à concilier la relance du tourisme par des corrections internes, et surtout par une attention externe. Être attentif au comportement du marché du tourisme, pour être réactif,  capable de se poser comme une alternative, non pas temporaire, mais de façon permanente et définitive, à travers des offres authentiques, accessibles à un niveau de prix raisonnable. Voilà de façon concrète et concertée l’une des missions du comité économique pour le tourisme. Insister sur la nécessité d’imprimer une porte d’entrée de la destination « Sénégal » qui serait choisi selon une étude avec des critères objectifs, riches à travers notre identité et la profondeur de notre culture et de nos valeurs. En un mot : Il faut une mise en avant par segment de nos produits et des marchés, avec le lancement impératif d’un projet national d’e-visa, de systèmes de promotion High Tech et d’informations touristiques interconnectés avec un intranet pour faciliter les communications et la coordination des calendriers et agendas internationaux.
Le tourisme est un secteur industriel à part entière qui doit offrir des débouchés professionnels pour les jeunes. (la majorité de la population sénégalaise est composée de jeunes et de femmes). La mobilisation des acteurs du secteur privé et la veille économique sur le tourisme doivent être inclusive, constante et régulière. Le Sénégal est un pays qui regorge de multiples opportunités d'investissements dans le secteur touristique et bien d’autres domaines dont la transversalité avec le tourisme ne souffre d’aucune ambigüité. L’intention du Président de la République, affiche une claire ambition de rendre le climat des affaires plus souple, plus attractif, plus rassurant, pour faciliter la vie aux entreprises, aux entrepreneurs et aux investisseurs.
Que dire du tourisme ? Notre ouverture d'esprit, de tolérance sur le plan socio-économique est un avantage considérable ajouté à notre stabilité politique et à notre sécurité intérieur. Ce facteur est devenu le principal critère de déplacements des touristes et des investisseurs, et le Sénégal reste l’un des rares pays d’Afrique et de l’UEMOA, à offrir à ses visiteurs étrangers, plus de sécurité, avec une facilité d’adaptation, d’acceptation et d’acclimatation unique grâce à son peuple, au leadership de son président dans le concert des nations, à son positionnement géographique, à la générosité de sa population, à son calme et à son sens du respect. Alors ! Pourquoi ça ne marcherait pas ?
Je souhaite à travers la tenue annoncée du conseil présidentiel sur le tourisme, qu’il y ait une innovation dans la gouvernance qui va dévoiler la stratégie de diversification par ciblage de nos territoires, aussi bien au niveau de la distribution, du produit, que des segments et des marchés. La stratégie va se baser sur un positionnement très dynamique des produits, mettant en avant l’authenticité et la culture vivante du pays. La gastronomie locale, empreinte de diversité culturelle, témoigne de la richesse de notre culture. Il faut  se donner l’image de ses ambitions par la promotion de nos valeurs pour un Sénégal émergent, à travers le tourisme. Il faut aussi  envoyer des messages forts pour reprendre la confiance perdue des professionnels du tourisme au premier chef les tours operators, les voyagistes, les agences de voyages, qui sont nos intermédiaires et interlocuteurs auprès des touristes.
Nous mesurons aujourd’hui plus que jamais, après les attaques terroristes à répétition dans le monde, l’importance de lancer, de construire et de valider des messages de paix, de confiance, et d’amour. Nous croyons en notre pays et nous travaillons fort pour véhiculer ces messages à travers tous les réseaux disponibles et accessibles depuis le Web. Le secteur du tourisme vit depuis 2012 une situation difficile, qui s’est amplifiée plus tard avec les épidémies, l’instabilité au niveau de la tutelle et les mauvaises politiques. Tout cela nous invite à travailler sur plusieurs axes.
Le premier est la reconsidération de la position du secteur du tourisme dans l’économie globale. La conception classique, qui consiste à considérer que le tourisme représente uniquement 7% du PIB est erronée. Sa contribution est beaucoup plus importante à travers ses effets induits, nous devons améliorer nos indicateurs de performances et mettre du sérieux dans les enquêtes et les études de statistiques. Il est important que toutes les forces vives du pays réalisent que l’un des principaux moteurs de la croissance devrait être, et de façon très forte, le tourisme. Cela suppose que nous ayons un tourisme intégré dans les cités et les villages, et que nous allions au-delà de la zone balnéaire où le touriste loge, consomme et passe la majeur partie de son temps. Il est important de privilégier le consommé local progressivement en aménageant nos villages, en y créant des animations et en élevant le niveau et la qualité de nos restaurants touristiques et espaces urbains. A cela s’ajoute un volet indispensable associé aux résultats et à la qualité ; c’est la formation professionnelle, ou le gouvernement du Sénégal, avec la Banque mondiale et l’Agence Française de Développement à travers le projet Formation Professionnelle Pour la Compétitivité « FPEC » viennent de lancer un appel à candidature dans sa phase opérationnelle pour un Coordonnateur de l'unité de mise en œuvre du Cluster Tourisme et Hôtellerie qui vise à améliorer les formations en hôtellerie et en Tourisme. Tout cela est nettement suffisant pour appliquer la vision du Chef de l’état, le Président Macky Sall pour relancer, accompagner et maintenir un bon niveau de compétitivité du secteur touristique sénégalais.
On ne le dira jamais assez, mais aujourd’hui, le touriste est en quête d’authenticité. L’authenticité … Un bon slogan de campagne, absolument attirant. C’est extrêmement important, et c’est ce que recherche le touriste à travers des prestations de qualités, que s’efforce malgré tout l’agence sénégalaise de promotion touristique (ASPT) à donner une présence et une vie du tourisme sénégalais dans les capitales Européennes..
Autres éléments et non des moindres, la revalorisation de la destination et la diversification du produit. Le tourisme de demain sera bâti autour d’infrastructures qui ne seront pas uni­quement hôtelières. Et à travers l’e-tourisme le client touriste désormais appelé consom’acteur a changé de visage, de raisonnement, d’envie et il devient très exigent parce que très bien informé et adepte des NTICS à travers les tablettes et les téléphones mobiles. Il y a nécessité de travailler davantage avec les applications mobiles, pour une économie numérique plus adaptée aux besoins des consom’acteurs. 
Il y a également un travail d’accessibilité, de revalorisation de la destination et de diversification du produit à mettre en place à travers les nouvelles technologies de l’information et de la communication appliqué au secteur du tourisme. Il y a une triple accessibilité à développer pour la destination. D’abord, l’accessibilité par voie aérienne, maritime, ferroviaire et routière. Sans l’avion, il n’y a pas de tourisme. Les tarifs sont le deuxième point d’accessibilité. Aujourd’hui, des compagnies low cost en Europe offrent en moyenne des allers-retours entre une ville européenne et une autre à 60 euros. Cela constitue pour un couple moyen, un avantage supplémentaire. Il nous faut aussi développer le trafic aérien domestique. Le troisième point d’accessibilité, c’est l’absence du Sénégal dans plusieurs marchés conséquents, tels le marché chinois ou encore le marché indien, russe ou du brésil. Le marché indien représente un milliard 300 millions d’habitants dont 300 millions appartiennent à la classe moyenne. Une classe moyenne qui a envie de voyager et de découvrir de nouvelles destinations.
Pour sa part, le marché chinois est un marché immense, ou il y a des opportunités que nous avons validées par le passé et qu’il faut aujourd’hui exploiter. Aussi, il devient impératif de lancer un projet national d’e-visa, pour que n’importe qui dans le monde puisse avoir un visa de façon électronique. Lorsqu’il arrive, il paie les frais ou les taxes y afférant et on lui accorde son landing visa. Ceci peut drainer un flux de touristes conséquent. Le fait de ne plus exiger de visa est devenu un avantage distinctif de taille et un élément de compétitivité et d’d'attractivité touristique, seulement, il faut des précautions d’anticipation dans le cadre d’un partage de données et de fichiers informatiques sur la mobilité des touristes.
Par ailleurs, il y a un travail de valorisation de notre environnement à faire. Une des premières raisons de voyager est de ramener des souvenirs et de faire du shopping. Est-ce que le Sénégal est une destination week-end pour la sous région et de  shopping pour ceux qui ont un pouvoir d'achat ? Est-ce le Sénégal est prêt à construire des villages de métiers et d’artisanats de standards internationaux, de villages d’expositions d’art, de culture, du livre et de la musique ? Je pense que OUI il faut y croire et ne jamais abandonné !
C’est la question qui se pose avec acuité. Il faut introduire des mécanismes courageux d’achats ou de ventes hors TVA pour les acheteurs internationaux, des centre de loisirs, de promenade, de shopping, de concerts et de recréations. Tous les pays le font et pour cela Il est important d’intégrer le tourisme dans l’esprit de n’importe quel décideur ou homme d’affaires sénégalais. Le tourisme doit être intégré dans toutes nos politiques de développement, y compris régional. Il doit être la priorité des maires, des chefs de villages et de régions également. Pour ce faire, il n’y a qu’une solution : le transfert de compétences du tourisme aux collectivités territoriales. L’état dans son rôle, les collectivités et les populations dans leur mission, le secteur privé également.
Le développement d’un environnement adapté à la nouvelle clientèle potentielle revêt une importance de taille qui passe par une politique décentralisée maitrisée avec des infrastructures reflet de notre identité propre. Il y a des opportunités dans la revalorisation du produit touristique par une mise à niveau intelligente et novatrice, une actualisation des normes et une revalorisation par le haut de notre produit. Le Sénégal a investi dans une première génération d’industrie hôtelière, aujourd’hui, il a la chance d’avoir une nouvelle génération d’hôteliers. Je rends hommage aux bâtisseurs et je fais confiance à la nouvelle génération sortie de nos instituts et universités pour accompagner le changement par l’homme qu’il faut à la place qu’il faut. Un marché comme la Chine, le japon etc… requiert une intelligence, une imagination, une restauration à la vapeur, une propreté et beaucoup d’espace. Dans tout cela, le maître mot est courage, engagement car les chantiers sont de taille et le gouvernement cherche à y faire face a travers ses différentes manifestations d’intérêts.

Nous avons d’excellents produits naturels qu’il faut maintenir à un haut niveau, en le valorisant. Les possibilités d’investissement doivent suivre. D’ailleurs, le secteur bancaire doit réaliser que le tourisme est un secteur porteur d’opportunités. Si tant est qu’on règle les contentieux, les arriérés bien évidemment. Il y a des possibilités dans la reconversion des unités hôtelières des premières générations, pour les transformer en écoles d’applications hôtelières, en résidences d’accompagnement médicalisé, en centre de vacances pour enfants. C’est un modèle économique qui se tient, avec un taux de remplissage de 100% sur toute l’année avec certains marchés émetteurs.
Il y a aussi le tourisme intérieur…Le tourisme intérieur est prépondérant et nous avons plusieurs moyens de repenser notre tourisme local, de façon à ce qu’il soit élargi et diversifié. Le ministère de l’Education peut être associé pour intégrer dans les programmes scolaires des visites de sites culturels pour les élèves de la 6ème année primaire. Des visites peuvent être organisées dans les sites, avec la présence d’un guide ou d’un enseignant, le ministère de la jeunesse et le comité de vacances citoyennes. Cela créera a fortiori une demande durable et consistante sur l’année, qui permettra de soutenir le tourisme intérieur. De nos jours, le tourisme s’est inscrit dans le monde comme une composante essentielle du progrès socio-économique des populations, notamment dans les pays en développement. Un phénomène économique rentable qui nécessite d’être encouragé, mais également maîtrisé. Au-delà de son apport économique, le tourisme s’est également inscrit comme un facteur de socialisation et d’échanges au service de la paix. Il implique une rencontre entre les peuples, des sociétés différentes. Dans les pays d’accueil, il opère de profondes mutations culturelles et sociales à travers le développement économique, transformant ainsi les habitudes des populations locales.
Et depuis son essor au début du 21e siècle, le tourisme a permis de développer considérablement les échanges économiques, sociaux et culturels qui ont lieu directement entre les touristes, les collectivités et populations d’accueil. Il a contribué, par  ailleurs à la création de milliers d’emplois, l’accélération de la socialisation des individus dans certains villages, tout en favorisant une redistribution des revenus et la lutte contre la pauvreté. A travers le tourisme, des amitiés se sont créés, des partenariats se sont établis entre différentes collectivités, associations et ONG. Le tourisme a donc des répercussions sur l’économie, sur l’environnement naturel et bâti, sur la population locale de la destination et sur les touristes eux-mêmes. Les régions touristiques, ainsi que les villages connaissent des mutations plus profondes qu’il n’y apparaît.  Ils s’ouvrent sur l’extérieur, ce qui élargit les champs du dialogue entre les cultures et ouvre de nouvelles perspectives à la coopération entre les hommes, les états et les institutions. Attention aux multiples « pièges ». Le progrès matériel (infrastructure) et social (bien être) qui accompagne habituellement le développement du tourisme a bien évidemment des retombées positives dans de nombreux domaines de l’économie, toutefois « le développement du tourisme peut avoir des effets sociaux et culturels négatifs lorsque les progrès économiques ou les exemples incitent les habitants à imiter les visiteurs étrangers dans leurs habitudes alimentaires, vestimentaires et autres. Ainsi, dans certains cas, l’arrivée massive de touristes peut désorganiser les habitudes quotidiennes, religieuse des populations. Même s’il convient de préciser que bon nombre de méfaits sociaux souvent imputés au tourisme tiennent peut-être tout autant à la modernisation, ou aux mœurs locales, il n’en demeure pas moins qu’il découle de nombreux phénomènes négatifs tels que la drogue, la toxicomanie, le travail des enfants, la prostitution, le petit banditisme, et parfois le proxénétisme et la pédophilie. C’est le cas dans de nombreuses zones balnéaires où on assiste à une acculturation des populations, ce qui est du par un manque de sensibilisation, d’information et d’éducation qui sont dans le périmètre régalien de l’état.
A quand le démarrage d’un tourisme sain, respectueux de nos valeurs, profitable aux populations et aux collectivités, qui garantit la sécurité, la paix, la propreté, le bon et mieux vivre ensemble !
 
Mouhamed Faouzou DEME


Vendredi 22 Juillet 2016 07:16

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