Le Message abstentionniste



Le 1er juillet 2012, cent jours juste, après l’accession de Macky Sall au pouvoir, les sénégalais ont été une fois de plus appelés à se rendre aux urnes pour choisir leurs « ndawou askan wi » : Députés. Parmi ces partis et coalitions de partis au nombre de 24 en lice, s’est ajouté un 25e qui se réclame le « PAS » autrement dit le Parti Abstentionniste Sénégalais.

Dans une analyse plus scientifique fondée sur les déficits systémiques cyndinogènes, beaucoup de défaillances organisationnelles ont été notées. Des sénégalais fustigent le manque d’informations concernant ces élections. En guise d’exemple, la majorité des sénégalais vivant dans l’Hexagone, des franciliens pour la plupart, ignoraient complètement la tenue de ces élections en France.

Du point de vue politique voire sociétale, nous analysons ce phénomène des abstentions en faisant la différence entre : des abstentionnistes de l’indifférence, des abstentionnistes de la méfiance et des abstentionnistes contestataires. Après le succès de la révolution démocratique du 23 Juin 2011 qui s’est soldé par l’alternative à l’alternance du 25 Mars 2012, les sénégalais avaient lancé un message fort à toute la classe politique actuelle. Un message plein d’enseignements pour qui sait le décortiquer. Malheureusement cette classe politique ne semble pas avoir l’intelligence citoyenne et la finesse politique de rendre « la monnaie » au Peuple sénégalais. Aujourd’hui le champ politique n’est composé que des « has been » de la politique. Entre des leaders qui sont sur le terrain politique depuis plus de 40 ans, jusqu’aux nouveaux politiciens dépourvus de l’éthique et de la morale sans conviction sincère et qui érigent la transhumance en doctrine, il y a de quoi être déçu de ces ATS (Anciens Types de Sénégalais). Au-delà de cela, le discours de ces politiciens est dans le classeur du « déjà entendu ». Sans pouvoir parler de désintérêt réel, les citoyens sénégalais ont parfois du mal à percevoir la pertinence d’une élection, l’intérêt de se motiver pour faire leur propre choix politique. Et cela car ces politiciens, à quelques exceptions près, ont le même comportement sur la scène politique. Pour ces élections législatives de 2012, on peut estimer un éventail trop large d’options proposées au scrutin avec un ‘trop de candidats’ qui a apporté son soutien au phénomène abstentionniste. Le nombre pléthorique de candidats est un problème. Il complique le vote et donc n’incite pas le plus grand nombre d’électeurs à se rendre aux urnes. Nombreux sont les candidats à la députation qui ignorent royalement le rôle et/ou la fonction d’un député. Certains ont profité de la loi sur la parité pour se figurer sur les listes ; d’autres de la dislocation de certaines coalitions. La fonction de député n’a plus de valeur ni celui de ministre, au Sénégal. Les électeurs sénégalais souffrent de plus en plus d’un sentiment de non-représentation politique et les politiciens manquent de crédibilité. Le comportement dans les partis politiques demeure indigne : entre querelles de chefs, affrontements de tendance, tout ceci éloigne les politiciens des problèmes de la réalité du quotidien sénégalais et de ce fait éloigne les électeurs des urnes. Aujourd’hui le PAS, Parti Abstentionniste Sénégalais est sorti vainqueur de ces élections. Moins de 30% d’électeurs se sont rendus aux urnes avec une percée historique de certains partis religieux déguisés et qui s’excellent dans le mélange de genre. Ce qui soulève moult questions de société. Mais en tout état de cause, le silence des abstentionnistes reste la seule voie légitime puisqu’il demeure majoritaire…
Au travail…
 
Lamine GAYE siki

AB

Lundi 2 Juillet 2012 00:46

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