El Hadj H. Kassé, ministre conseiller en communication de la Présidence: "L'ancien président est un chef de clan réactionnaire, revanchard, putschiste, extrémiste"


Le ministre chargé de la communication de la Présidence n'est pas un polémiste. dialecticien sur les bords, El hadj Kassé veut philosopher en politique. Le philosophe devenu expert en communication s'essaie ici dans les joutes verbales pour endiguer le flot de flèches contre son patron de Président. dans cet entretien, l'ancien directeur du quotidien "Le Soleil" décortique l'actualité avec les lunettes partisanes d'un gourou, défend le régime avec hargne, tacle l'opposition et dresse le cap de la majorité. 

"L'AS" : on est à trois mois des élections législatives et c'est la chienlit au sein de la coalition Benno Bokk Yaakaar. Vos alliés rencontrent énormément de difficultés. On peut citer notamment la Ld. comment analysez-vous cette situation ?

EL Hadj Kassé : Dans les périodes préélectorales, il est tout à fait normal qu'il y ait beaucoup d'agitations, de stratégies de positionnement. C'est dans l'ordre naturel des choses. Cela montre que la coalition est une diversité qui, depuis 2012, a su gérer cette diversité-là et qui est aujourd'hui en quête de plus d'harmonie. Cette quête d'harmonie n'empêche aucunement pas que les uns et les autres puissent afficher leurs ambitions.

Mais il est absolument sûr que la coalition sous la direction de son président, Macky Sall, va trouver le ressort interne pour parvenir à des consensus forts afin d'imposer une majorité aux prochaines élections législatives.Je ne suis pas au courant pour la LD, donc je ne peux pas me prononcer sur des questions internes à un autre parti. Au niveau de la coalition de façon générale, je constate que tous les partis acceptent d'aller ensemble. Maintenant, il peut y avoir des problèmes dans l'un ou l'autre parti. Mais ce qui est constant, c'est que personne ne remet en cause l'unité d'actions en direction des Législatives.

Avec tous ces problèmes, ne craignez-vous pas une cohabitation déjà agitée avec l'opposition ?

Ce terme est inapproprié. Je conseille même à tous les responsables de la majorité de ne pas répéter ce terme-là, c'est une sorte de piège. On veut nous installer dans un débat qui n'a pas de sens. L'essentiel pour la coalition est de mobiliser ses électeurs comme elle l'a fait jusqu'ici pour les inscriptions pour l'obtention de la carte d'identité biométrique. Je ne suis pas dans le débat sur des notions dont les auteurs savent que cela ne renvoie strictement à rien. L'enjeu pour la coalition Benno Bokk Yaakaar, c'est d'être  victorieuse aux prochaines élections, de confirmer et de conforter la tendance depuis 2012, puisque nous avons gagné la présidentielle, les législatives, les locales, le référendum, l'élection des hauts conseillers des collectivités territoriales. Il faut confirmer cette tendance pour permettre à la coalition, sous la direction du Président Macky Sall, de continuer les vastes chantiers de transformation du pays.

L'opposition est en train de réfléchir sur une liste unique et pourrait faire de Me Abdoulaye Wade tête de liste. cela ne vous fait-il pas peur ?

Cela ne nous fait pas peur. L'opposition a sa stratégie que je ne commente pas, parce qu'il ne m'appartient pas de commenter. Ce qui m'intéresse, c'est ce que la majorité est en train de faire pour imposer une majorité à l'Assemblée nationale et permettre la poursuite des immenses chantiers en cours. L'ancien Président dont vous parlez est un chef de clan. Même à l'intérieur de son parti, c'est un chef de clan. C'est notamment le clan que j'appelle réactionnaire, revanchard, putschiste, extrémiste et très violent qui a cherché à déstabiliser ce pays depuis 2012 et qui n'y est pas parvenu.

Et aujourd'hui, Abdoulaye Wade a fait en sorte que son parti vole en éclats. Qu'est-ce qui reste autour de lui ? Il est très facile d'être à Doha, à Versailles pour faire dans l'agitation et l'intimidation en disant, par exemple, qu'il était capable de renverser le pouvoir de Macky Sall etc. Celui dont vous parlez sait qu'il n'a plus aucune capacité politique. C'est un extrémiste qui, de toutes les façons, sera confronté demain à la vérité des urnes. Donc, ce n'est pas notre souci. On n'en parle pas d'ailleurs. On est concentré de façon maximale sur notre objectif de reconduire une majorité confortable à l'Assemblée nationale pour poursuivre les chantiers lancés par le président de la République.

Il y a des leaderships émergents comme Abdoul Mbaye, Ousmane Sonko, Malick Gakou qui s'organisent …

Le 30 juillet 2017, les pendules seront remises à l'heure et chacun reverra ses prétentions. En dernière analyse, est-ce que c'est l'agitation politico-médiatique qui importe ? Ou est-ce que c'est le travail qui se fait sur le terrain qui nécessite beaucoup d'organisation, de mobilisation sur la base de trois exigences  très chères au Président Sall : l'unité, la discipline et la mobilisation ?

S'agissant de discipline, c'est au sein de l'Apr qu'il y a eu récemment des affrontements.

C'est une optique de ne voir que l'aspect spectaculaire dans la majorité. Ce qui importe le plus, c'est qu'il y a aujourd'hui une dynamique. Nous avons de bons résultats, personne ne peut le nier. Nous ne sommes plus dans les délestages de 2011. Nous avons réglé le problème de l'énergie, de l'approvisionnement, de la production. Nous avançons à grands pas dans l'autosuffisance alimentaire, dans les besoins de base comme l'accès à l'eau potable. Nous avons connu des périodes où on construisait 30 forages par an, ensuite 60 forages par an.

Et aujourd'hui, nous sommes montés en puissance avec plus 120 forages par an. Et dans deux ans, la question liée à l'accès universel à l'eau potable sera définitivement réglé au Sénégal. "Moody's" vient d'augmenter la note du Sénégal. Nous ne disons pas que tout marche, mais les éléments de bilan que nous avons, l'élan unitaire au sein de la coalition et les bonnes investitures sous l'impulsion du Président Sall vont dicter le comportement des électeurs.

On a l'impression que ce sont les mêmes tares à l'origine de la défaite de l'ancien régime qui se reproduisent actuellement. Et c'est ce qui a, peutêtre, motivé le rassemblement de "Y en a marre" qui a été un énorme succès….

Il ne faut pas faire dans des comparaisons qui ne sont pas appropriées. Nous sommes en démocratie, tous les citoyens qui en manifestent le désir peuvent manifester. C'est tout à fait normal. Cela ne peut pas être le symbole de quoi que ce soit. (…) L'essentiel, c'est que nous allons vers des échéances électorales et on verra bien où sont la force et la puissance des citoyens. Nous ne sommes pas dans l'agitation. Nous sommes dans l'action et nous nous organisons pour reconduire une majorité plus que confortable à l'Assemblée nationale. Tout le reste, c'est des commentaires.

L'opposition vous accuse de chercher à éliminer progressivement ceux qui peuvent vous empêcher de gagner. En attestent l'incarcération de Khalifa Sall et les démêlés judiciaires d'Abdoul Mbaye

Il y a des faits qui sont reprochés aux uns et aux autres. Certains par rapport à la gestion des ressources publiques. C'est des faits, pourquoi vous n'en parlez pas ? Pourquoi seuls les profils de ceux qui sont mis en cause vous intéressent par rapport aux faits qui leur sont reprochés. Que ce soit à un an des élections, à sept ans ou dix ans des élections, cela importe peu. La logique de la justice ne saurait être subordonnée aux profils des mis en cause. Mais il y a d'autres à qui l'État ne reproche rien. Il est quand même irrespectueux de penser que dans une histoire de couple, l'État peut s'impliquer au point de condamner qui que ce soit. L'État n'est pas partie civile. L'État n'est pas dans l'acte d'accusation. C'est une affaire  strictement privée. Et on ose faire de l'amalgame au point de penser que l'État est derrière tout ça ; il faut être sérieux.

Que répondez-vous à ceux qui soutiennent que le Sénégal recule au plan diplomatique en se fondant sur ses échecs successifs à l'Ua et à l'Uemoa ?

A l'Union Africaine (UA), il ne  faut pas confondre le fait que notre candidat ne soit pas élu avec des questions diplomatiques. Il y a des pays plus grands que le nôtre et dont les candidats n'arrivent pas à être élus. Ce n'est pas le signe de quoi que ce soit par rapport à la diplomatie sénégalaise. C'est juste qu'en la matière, il y a des intérêts, des stratégies. (…) C'est un épisode tout à fait ordinaire. Pour l'Uemoa, il faut rappeler que c'est l'ancien Président que Macky Sall a remplacé qui a acté le fait que le Niger soit à la tête de la Commission pour un mandat et que le Sénégal ne présenterait pas de candidat. Cela a été acté et c'est une décision.

Donc le Président Sall a bien négocié, Parce qu'il a dit qu'il n'est pas question que le Sénégal en tant que deuxième économie de l'Uemoa ne dirige pas une Institution. Cela a coincé avant qu'un accord nettement favorable au Sénégal ne soit trouvé. De ce fait, le Niger préside la Commission pour un mandat  unique et le Sénégal reprend le poste à partir de 2021. Les gens qui parlent de cette affaire sont de mauvaise foi pour la bonne et simple raison qu'ils auraient carrément capitulé s'ils étaient à la place du chef de l'État.

Ensuite, en octobre 2018, le Sénégal va occuper le poste de vice gouverneur de la Bceao. Et au mois de mai, le Sénégal va prendre la tête du conseil de régulation des marchés financiers de l'Uemoa. Maintenant sur la diplomatie, tout le monde a constaté les différentes visites du chef de l'État partout dans le monde. Le président de la République est régulièrement invité au G20, G7, le Sénégal préside le comité des chefs d'État d'orientation au Nepad. Le Sénégal a présidé la Cedeao etc. Nous sommes présents au Conseil de sécurité où face à de puissants pays nous avons eu le plus grand nombre de voix pour siéger.

Dans la lutte contre le terrorisme, le Sénégal est cité en exemple. Notre implication dans la crise gambienne a été un succès. Il y a l'axe Dakar Abidjan qui se porte à merveille. Le bon voisinage avec la Guinée Bissau, la Gambie, le Mali. Quelles que soient nos adversités en matière de politique étrangère, il doit y avoir un consensus et surtout la bonne foi. La mauvaise foi ne doit pas nous conduire à dénigrer notre pays, à raconter des contrevérités sur sa diplomatie. En Afrique, le Sénégal est l'un des partenaires stratégiques les plus sûrs en matière de paix et de sécurité dans le monde.

Bamba Toure

Mardi 25 Avril 2017 19:45

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