Conflit foncier avec l'état : Serigne Mansour ressort un dossier gênant pour Wade

Le Khalife général des Tidianes saisit le prétexte de la mise en demeure servie à l’Etat restée sans suite, pour constituer un pool d’avocats. Objectif ? Préparer une plainte suite au refus de la signature du décret d’attribution de terrains à Pout qu’il sollicite depuis 2003. Borom Daradji s’offusque du fait que des parcelles du même site ont été attribuées à d’autres personnes et entreprises.


Le 06 février 2012, les avocats du Khalife général des Tidianes, Serigne Mouhamadou Mansour Sy, servaient une mise en demeure à l’Etat du Sénégal par le biais de son agent judiciaire. Une interplellation restée sans suite pour expliquer la non-signature du décret d’attribution des terrains à Pout (région de Thiès). Or, la loi dispose que, passé un délai de deux mois, la non-réponse de l’administration est constitutive de rejet implicite. Ainsi, Wal Fadjri a appris, hier, de sources proches du dossier qu’un collectif d’avocats vient d’être constitué par le dignitaire de la communauté des Tidianes au Sénégal. Tout est parti de la lettre du khalife général des Tidianes adressée au gouverneur de la région de Thiès par laquelle il sollicitait, en tant qu’exploitant agricole, l’octroi d’une superficie de cinq mille hectares dans la forêt de Pout. Ce, pour y installer une agro-foresterie moderne. La Commission régionale de conservation de Thiès avait donné un avis favorable pour l’octroi de trois parcelles de terre. D’abord pour Serigne Mansour Sy, 1 905 ha en forêt classée de Pout plus la partie nord de la zone de chevauchement moins les emprises. Ensuite, pour le défunt khalife des Mourides, Serigne Saliou Mbacké, l’octroi de 362 ha en forêt classée de Pout plus 43 ha en forêt classée de Thiès ainsi que la partie sud de la zone de chevauchement en défalquant les emprises. Et enfin, au village de Daral Peulh situé dans la forêt classée de Pout, 110 ha. Après étude des conclusions, le ministère de l’Environnement adresse une correspondance au président de la République, accompagnée des trois projets de décret de déclassement de parties de forêts. Pour sa part, le ministère de l’Environnement qui confirmait l’avis favorable de la commission d’attribution concluait que le projet respectait les normes environnementales et socio-économiques. Par conséquent il proposait au président de la République le déclassement.

Le veto des bailleurs de fonds est passé par là

Seulement voilà : le président de la République n’a pas satisfait à la demande de Serigne Mansour Sy. Comme il l’a fait pour les deux autres demandes. Ainsi, le khalife des Tidianes le saisit pour avoir des explications à cet ‘octroi sélectif’ de parcelles de terre. Alors, l’Etat évoque la protestation des bailleurs de fonds qui menaçaient de suspendre toute aide au Sénégal pour ‘atteinte au droit international à l’environnement’. Il évoquait aussi la prévention de l’environnement pour justifier la signature du décret d’application.Dans ce contexte électoral, cette affaire tombe mal pour le président sortant qui était chez ‘Borom Daaradji’ avant-hier, ‘solliciter des prières’ pour sa réélection.

BOROM DARADJI RECLAME SES TERRES DEPUIS 2003 : Ses avocats parlent de ‘rupture d’égalité entre les citoyens’

Les avocats de Serigne Mansour Sy accusent l’Etat du Sénégal de faire dans la ‘rupture flagrante d’égalité entre les citoyens sénégalais par le président de la République’. Pour eux, les arguments évoqués pour écarter la demande de leur client sont contredits par des actes ultérieurs d’attribution de terrains à des personnes physiques et à des entreprises. Notamment Dangotte. Au contraire, selon les conseils de ‘Borom Daaradji’, ce riche industriel nigérian a bénéficié de la quasi-totalité de la zone sollicitée à l’autorité administrative depuis 2003, par Serigne Mansour Sy. Les ‘robes noires’ indiquent que Dangotte a implanté sur le site une usine de cimenterie ‘manifestement polluante qui porte gravement atteinte à l’environnement et aux droits fondamentaux des populations’.

Une menace d’extinction de plusieurs villages

Cette unité industrielle menace d’extinction certains villages riverains dont ceux de Galaan, Seun, Ndeuye et Ndikhip.‘C’est plutôt à Dangotte qu’il fallait refuser ce site. La cimenterie exploitée est un facteur de pollution permanente qui affecte l’environnement et la santé des populations. Ce qui est tout le contraire de l’exploitation agricole à laquelle Serigne Mansour Sy destinait le site. L’exploitation agricole, tout à fait adaptée à la protection de l’environnement, constitue un motif supplémentaire d’une attribution du site au premier demandeur qu’est Serigne Mansour Sy’, pestent les avocats.

Pape NDIAYE
Source: Walfadjri

Bamba Toure

Samedi 10 Mars 2012 10:03

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