CONTRIBUTION : RUPTURE! (par Amadou Tidiane WONE)


La présente réflexion découle du constat suivant: au Sénégal comme dans la plupart des pays africains post-indépendance il existe des dizaines de partis se réclamant de la Gauche et je n'en connais pas un seul se réclamant de la droite! En tous cas au Sénégal,  les plus téméraires se réclament du Centre et c'est un phénomène plutôt récent. Cela tient certainement à l'Histoire car, dans l'atmosphère post guerre froide, les mouvements de libération engagés dans la lutte pour l'indépendance trouvaient leurs meilleurs soutiens dans le bloc dit de l'Est regroupant les pays dits de Gauche. Il en était honteux de se réclamer du contraire. 
Mais la Gauche c'est quoi même ? Comme dirai le cousin Koffi! Il se trouve qu'en recherchant une définition des origines de cette nomenclature gauche/droite je suis tombé sur celle-ci: 
" L'origine historique de ce clivage se trouve dans la position géographique des différents partis politiques dans l’assemblée nationale d'août-septembre 1789. Lors d'un débat sur le poids de l'autorité royale face au pouvoir de l'assemblée populaire dans la future constitution, les députés partisans du veto royal (majoritairement ceux de l'aristocratie et du clergé) se regroupèrent à droite du président de l'assemblée constituante (position liée à l'habitude des places d'honneurs). Au contraire, les opposants à ce veto se rassemblèrent à gauche sous l’étiquette de «patriotes» (majoritairement le Tiers état)." 
Ainsi donc, une simple répartition spatiale dans une Assemblée...française de 1789 (!) est devenue une norme régissant des clivages politiques qui sont autant de barrières infranchissables pour qui rêve d'une ambition collective pour nos pays et nos Peuples. Il n'y a, en fait, aucun sens à se réclamer de la Gauche la ou il n'y a pas de droite! 
En vérité, pour transformer le modèle colonial, il nous fallait remettre en question, profondément, les fondements culturels et socio-politiques de son projet de domination. Aussi, pour déconstruire le modèle post-colonial, il faut aujourd'hui remettre en cause les paradigmes fondateurs de l'action politique de nos élites. Il apparaît en effet,  de plus en plus incongru, de perpétuer un "jeu" politique si éloigné de nos réalités sociales et culturelles. En fait, depuis nos "indépendances", aucun travail de fond sur nos valeurs à partager n'a été mené sérieusement.  Des malentendus idéologiques persistants sont entretenus par des intérêts étranges et souvent...étrangers! Nos intellectuels, ou qui se prétendent tels, tiennent des monologues parallèles dans une langue minoritaire, le français, imposée à la majorité comme langue officielle! Cette langue de l'administration et d'exercice du pouvoir consolide l'aliénation mentale des élites et leur assujettissement au mode de vie occidental. Ainsi, les générations qui se succèdent depuis nos "indépendances" n'ont pas encore entamé le chantier de la restauration des dynamiques de nos trajectoires historiques initiales déviées par le colonialisme. Ce chantier reste ouvert. À moins que nous n'acceptions d'être des peuples définitivement voués au mimétisme et à la servitude, incapables de produire du sens, il serait temps de reprendre la parole et l'initiative en vue de changer de cap! Et d'abord, rompre avec tous ces mots qui sont a la source de tous nos maux! 
Les temps actuels de violence planétaire commandent une nouvelle prise de conscience de leurs responsabilités des élites sénégalaises et africaines. Le monde impitoyable dans lequel nous vivrons, de plus en plus, ne fera aucun cadeau à ceux qui n'ont ni ambition ni courage. Les puissants asserviront, de plus en plus, les plus faibles pour se servir de leurs ressources et garantir à leurs peuples le confort et la joie de vivre. Qu'attendons-nous pour transformer ce rêve en réalité pour nos frères et sœurs du Continent africain? C'est la seule question qui vaille au seuil de la nouvelle année et du prochain cinquantenaire! 
Amadou Tidiane WONE 
woneamadoutidiane@gmail.com


Mardi 29 Décembre 2015 05:20

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