CAN – Sénégal | Les confidences de Franck Bulleux

A quelques jours du début de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) à Alger, les sélections africaines répètent leurs gammes. Derrière le pays hôte, la Tunisie et l’Egypte, le Sénégal compte bien créer la surprise lors de la compétition continentale. Son sélectionneur français, Franck Bulleux, ne manque pas d’ambitions pour les Lions.


La préparation se passe bien. Elle se déroule en deux parties : la première au Sénégal à Thies pendant 8 jours, à raison de deux entrainements par jour. L’engagement des joueurs est totale et l’ambiance très bonne. Nous avions 13 expatriés et 7 locaux. A partir de lundi commence à Serris en Seine-et-Marne un deuxième stage de 9 jours jusqu’au commencement de la CAN. 17 joueurs sont convoqués. Au programme, 11 entrainements et 4 matches. Malgré une organisation tardive, la préparation est conforme à mes attentes et aux moyens du Sénégal.

L’objectif du Sénégal à la CAN

L’objectif est de faire mieux qu’à Rabat en 2012, soit rester devant le Gabon, la RDC, le Cameroun et l’Angola, faire mieux contre la Tunisie et l’Egypte (lourdes défaites à Rabat) et finir 4ème (5ème à Rabat) ou mieux, soit se qualifier au Mondial.

L’apport des joueurs évoluant en France

Les joueurs qui évoluent en France forment 80% de l’équipe. Effectivement, leur connaissance du haut-niveau nous fait gagner du temps. C’est aujourd’hui la 4ème campagne que nous faisons ensemble avec la plupart de ces joueurs. Là aussi, c’est un plus.

Les moyens alloués au handball au Sénégal

Le problème des moyens est un problème chronique au Sénégal. Nous ne nous sommes pas entrainés ensemble depuis deux ans, faute d’argent. Malgré un engagement total de notre président, M. Diouf (rencontre avec le président Sall, Madame le Premier ministre et les ministres de l’économie, des sports et de la justice) pour trouver les fonds nécessaires à la préparation des deux équipes, l’argent tarde à venir. Cela nous cause des soucis d’organisation de la logistique.

La popularité du handball au Sénégal

 Le handball n’est pas le sport le plus populaire. Bien sûr, il y a le football mais aussi la lutte et le basket. Mais notre sport est pratiqué dans les écoles et le championnat de 1ére division intéresse toutes les régions. Un travail de fond a été initié par la fédération pour développer les pratiques du handball limitées par des moyens restreins.

Un développement du handball en Afrique subsaharienne plus rapide chez les filles que chez les garçons ?

Je ne suis pas persuadé que le handball féminin se développe plus vite au sud du Sahara que le handball des garçons. C’est juste une question de moyens. Il en faut moins pour les filles et l’Angola cache un peu la forêt de beaucoup de pays d’Afrique Noire. Néanmoins, si toutes les franco-sénégalaises jouaient pour le Sénégal nous aurions une sacré équipe, avec Koumba Cissé, Mariama Signate, Claudine Mendy, Awa Diop, Adja Cisse, et toutes les autres.

Ce qui manque au handball africain pour se développer

Il manque beaucoup de moyens pour des gymnases, des cadres, de l’argent. Et un peu de vision de nos dirigeants à l’IHF à l’heure où la participation de notre sport aux JO est en suspens. L’internationalisation de nos pratiques est la réponse à donner au CIO. L’Afrique, et notamment au sud du Sahara, est un continent ou la jeunesse est prête à faire du handball de haut-niveau. Nous avons besoin d’aide.

Les conflits au sein des fédérations africaines

Les conflits des dirigeants ne m’intéressent guère. J’ai besoin de toute mon énergie pour avancer avec mes Lions. J’ai juste envie de dire que ces histoires ne font pas une bonne publicité au handball africain.

Qui derrière la Tunisie et l’Egypte à la CAN ?
Vous n’allez pas vous faire que des amis en oubliant nos amis et « cousins » algériens. Ils organisent et ont une sacré équipe, avec des supers joueurs et un super public. J’aime beaucoup les angolais, nos amis camerounais et bien sur la RDC de Ned. Je n’oublie pas les fiers marocains qui avaient montré beaucoup de valeurs d’engagement et d’agressivité à Rabat en 2012. J’ose un tiercé de raison mais surtout du cœur, avec l’Algérie, l’Egypte ou Tunisie, puis le Sénégal, Cameroun, Angola, Maroc ou RDC pour la troisième place. Pour devenir une nation qui puisse rivaliser avec les autres sélections et notamment les pays européens, il nous faudrait un peu d’aide en retour de toute l’aide qu’a donné l’Afrique au handball à travers ses enfants qui abondent nos championnats et nos équipes nationales.


Bamba Toure

Lundi 6 Janvier 2014 10:32

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