Batailles autour du sénat et inondations : Exit les préoccupations populaires : place à la lutte des places.


La marmite Bokk yaakaar ne peut plus contenir le bouillonnement des conflits d'intérêt. Elle laisse désormais échapper les plaintes, complaintes et récriminations dont le cœur reste, encore une fois, le partage des "parts" ou postes (pour parler poliment). Certains de ceux qui tiraient à boulets rouges sur le Président Sall dès après son installation, ont disparu de la scène des récriminations parce qu'ils ont été servis de façon satisfaisante à leur gré. D'autres, qui sont pourtant déjà servis, sous-estiment leurs parts et rouspètent plus ou moins bruyamment, tandis que ceux qui sont encore dans la queue ruent sans retenue dans les brancards. "lu defu, waxu" disent les wolofs (ce qui se fait se commente forcément). Or ce qui se fait, chaque jour qui passe, c'est la course aux postes de la part des dignitaires du système. Pour l'heure, c'est cela les urgences.
Les urgences, ce ne sont pas les inondations ravageuses dont ils avaient pourtant fait un axe stratégique de campagne et qui avait accroché les populations. Ils ne peuvent pas se prévaloir du peu de temps de présence au pouvoir car gouverner c'est prévoir. Depuis avril, ils n'ont rien prévu pour les inondations. Ne serait-ce que le curage des fosses et canaux de drainage des eaux avant les pluies. Ils ont promis aux populations, qui ont espéré . Ils n'ont rien fait. Celui qui n'a pas où dormir le soir , ne peut attendre des solutions à venir...
Les urgences, ce n'est pas l'insécurité des personnes et des biens avec la recrudescence spectaculaire des agressions de toutes sortes débouchant de plus en plus sur la mort des personnes agressées.
Les urgences, ce ne sont pas les problèmes de la prochaine campagne de commercialisation agricole.
Les urgences, ce ne sont pas les crises scolaires et universitaires qui menacent la rentrée prochaine.
Non ! Les urgences ne portent pas sur les 100.000 emplois/an promis aux jeunes pendant la campagne présidentielle. En bouclant les 5 premiers mois du mandat, nous devrions déjà enregistrer en fin août, 30.000 emplois créés au minimum.
Non et non! Les priorités et les urgences portent sur la lutte des places au sénat entre ceux-là qui avaient proclamé urbi et orbi, l'inutilité de l'institution. On en voit même qui tentent de renier leur signature ( ñàkk daal la ñuy bañ).
Jusqu'où ira-t-on dans cette dérive déstructurante ? Dieu seul sait car les protagonistes ne semblent même pas se poser la question. En effet, pour être en mesure de se poser cette question, il faut avoir le loisir de lever un tant soit peu la tête pour scruter l'horizon plutôt que d'avoir l'oeil rivé sur le bol du partage. Et le drame, il est là. Pendant que le peuple juvénile espérait accéder aux emplois promis, eux voulaient accéder aux ressources. telle est la nuance ! Et elle est de taille. Tandis que, d'un côté, le M23 saluait l'unité et la cohésion pour construire le pays, de l'autre, chacun, dans son écurie, se préparait pour ravir le maximum de positions susceptibles demain de servir de places fortes pour tirer sur la forteresse et s'en emparer. Donc la logique du peuple et la leur ne sont pas les mêmes. Mais la machine à promesses a fonctionné à plein régime. En veux-tu, en voilà !
Les emplois ? Pas'd soucis ! 100.000 par an !
Le coût de la vie ? No problem. Réduction drastique des prix !
Inondations et délestages ? Vieux souvenirs ils seront !
Mais où prendre l'argent se demandent ceux qui restent dubitatifs. Par la réduction du train de vie de l'Etat bien sûr ! comme la suppression du sénat. Encore et toujours promettre... jusqu'au jour où le peuple les prend la main dans le sac du partage pour savoir qu'en réalité, entre eux et lui, on ne disait pas du tout la même chose. Et bonjour les dégâts.
Le pays mérite mieux que le spectacle qui lui est servi par ceux-là qui promettaient pourtant de, je cite : "créer les conditions de la pratique des valeurs et comportements vertueux de la part... d'abord des dirigeants". Fin de citation. Et tutti quanti.

Rupture ? Silence ! On fabrique le nouveau type de Sénégalais (NTS).

Ce 27 août 2012 

Contribution Sg /AJ-Pads
Député à l'assemblée nationale.

Bamba Toure

Lundi 27 Aout 2012 20:52

Dans la même rubrique :