« BENNO BOKK YAAKAR » Ou le retour du -Benno- originel





Le Rassemblement des forces du changement, « Benno bokk Yakaar » qui porte le combat de Macky Sall pour le second tour de la présidentielle du 25 mars prochain, a-t-il cloné le « Benno Siggil Senegaal originel », fruit des Assises nationales ? On y retrouve en tout cas les mêmes forces unies qui avaient remporté la quasi-totalité des centres urbains et plusieurs autres collectivités lors des élections locales de 2009. Idrissa Seck et son Rewmi et les jeunes du Mouvement « Y'en a marre » sont venus certes renforcer le regroupement, eux qui n'étaient pas de la partie en 2009


A-t-on tiré les enseignements du premier tour de la présidentielle du côté de l’opposition ? Celle-ci semble en tout cas se rendre compte que son émiettement lui a été préjudiciable au premier tour. Est-ce la raison pour laquelle, pour faire groupe derrière celui qui est devenu par la force des choses le « candidat » de l’opposition au second tour, elle a mis sur les fonts baptismaux : « Benno Bokk Yakaar » qui semble n’être autre que « Benno Siggil Senegaal originel ». Comme pour les élections locales de 2009, l'opposition mutualise ses efforts pour venir à bout du candidat de la majorité actuelle à l’occasion du second tour de la présidentielle. Selon certains de ses membres interrogés, «aucun candidat, sous sa bannière propre ne peut venir à bout du président Wade, l'adversaire à abattre pour nous tous».

Benno Bokk Yakaar est enrichi par l’apport du mouvement politique du maire de Thiès, candidat de la coalition « Idy4président » et par celui du Mouvement des jeunes de « Y’en marre », de Ibrahima Fall de la coalition « Taxaw Tem », de la styliste Diouma Diakhaté, du Pr. de Droit, Amsatou Sow Sidibé, de l’avocat Doudou Ndoye, de l’expert-comptable, Mor Dieng qui n’étaient pas de la partie en 2009. Idrissa Seck et le Rewmi avaient fait cavaliers seuls pendant ces élections, tandis que les autres n’avaient pas participé sous leurs couleurs actuelles en tout cas. A rappeler que plusieurs coalitions ont vu le jour au sein de l’opposition qui ne cessait de s’enrichir des départs de la majorité entre 2002 à la naissance de Benno Siggil Senegaal.

C’est ainsi qu’a la suite du Cadre permanent de concertation de l’opposition (Cpc) qui avait été mis en place essentiellement par les bannis de l’alternance parmi lesquels, l’Alliance des forces de progrès (Afp) de Moustapha Niasse,-ils étaient en fait 10 partis politiques à créer ce cadre-, naquit une nouvelle coalition dénommée Coalition populaire pour l'alternative (Cpa) composée des partis d'opposition regroupés au sein du (Cpc), du G10 et de la Ligue démocratique alors Ld/Mpt. Objectif : faire face à Wade « et lancer deux mois de lutte contre les dérives du régime de l'alternance ». C'est un Abdoulaye Bathily qui dirige cette nouvelle ligne de front de l'opposition.

Un remake de la Coalition alternance 2000 (Ca2000 ?). La Coalition populaire pour l’alternative (Cpa) a été portée en tout cas sur les fonts baptismaux au domicile du leader du Parti de l’indépendance et du travail (Pit), Amath Dansokho. Elle était composée des partis membres du Cadre permanent de concertation (Cpc), du Groupe des dix (G10) et de la Ligue démocratique/Mouvement pour le parti du travail (Ld/Mpt). Comme aux heures chaudes d’avant 2000, l’opposition scellait ainsi une nouvelle unité « stratégique » et se disait se mettre en ordre de bataille. C’est sous cette bannière en effet, qu’elle entendait participer à la présidentielle et élections législatives de 2007 couplées puis finalement découplées.

Le jeudi 23 novembre 2006 au complexe Terrou Bi à Dakar, la CPA avait déclinait son programme constitué de 11 engagements fermes véhiculant autant de pactes avec les citoyennes et les citoyens du Sénégal et garnis de 77 mesures phares, extraites des propositions consensuelles issues des travaux des différentes commissions. Engagements et mesures citoyennes qui ressemblent étrangement à ceux contenus dans les conclusions des Assises nationales de juin 2008 à mai 2009 présidées par le Pr. Amadou Makhtar Mbow et sa charte de bonne gouvernance. Des Assises nationales qui avaient regroupé plus de 140 acteurs de la vie publique sénégalaise et qui ont engendré « Benno Siggil Senegaal ».

Entre 2006 à 2009, date de naissance de Benno Siggil Senegaal, on a eu droit également à Idewa : Initiative pour le départ de Wade où on avait remarqué l’activisme d’un tonitruant actuel ministre de Wade.

Gagnante en 2009
La coalition Benno Siggil Senegaal » s’était révélée elle, la vraie gagnante des joutes des élections locales de 2009, notamment dans plusieurs centres urbains d’importance, comme la capitale et des villes à l’intérieur du pays. C'est ainsi qu'au niveau de Dakar, 16 sur 19 communes d’Arrondissement avaient basculé dans le camp de Benno, tandis que sa grande rivale, la Coalition Sopi 2009 ne gagnait que dans trois localités: Yoff, Parcelles Assainies et Gueule Tapée-Fass-Colobane. « Benno Siggil Senegaal » remportait 13 communes d’arrondissement, gagnant du coup la mairie de la ville de Dakar. Les trois communes d’arrondissement restantes Ouakam, Gorée et Ngor étaient tombées respectivement dans l’escarcelle du Bloc pour la démocratie et solidarité (Bds), Augustin Senghor, maire sortant de Gorée qui rempilait avec le Rassemblement des écologistes du Sénégal, et la liste « Jowal Ngor » de Ngor sous la bannière du Fsd/Bj. Un coup dur pour le Parti démocratique sénégalais (Pds). Benno siggil Senegaal qui a bénéficié de la dynamique unitaire et de l’élan et de l’allant des Assises nationales remporte la mairie de Dakar où sa tête de liste était le socialiste Doudou Issa Niasse. Le chargé des élections de l’époque du Parti socialiste, (Ps), Khalifa Ababacar Sall, membre de la liste sera porté par la suite à la tête de la ville en regroupant autour de sa personne la majorité des élus. Sa liste Benno étant majoritaire, la tâche semblait aisée.

Pour le second tour de cette présidentielle, l'objectif demeure le même. En soutenant ensemble le candidat le mieux placé en son sein pour le second tour, l’opposition entend faire crédit au souci de l’électorat pour une union sacrée, union sacrée sanctionnée positivement en 2009, alors que l’émiettement au premier tour de la présidentielle suite aux querelles de leadership qui s’étaient fait jour au sein de Benno Siggil Senegaal avec la validation de plusieurs candidatures au premier tour a été sanctionné négativement. Ceux qui n’avaient pas pu s’entendre sur la question de la candidature de l’unité qu’ils avaient pourtant vendu à l’opinion, Moustapha Niasse et Ousmane Tanor Dieng principalement en ont fait les frais en devenant respectivement 3ème avec seulement 13% des voix même si cela a représenté plus du double de ses voix obtenues en 2007 et 4ème à l’issu du scrutin du 26 février dernier. Ousmane Tanor Dieng de troisième en 2007, recule d’un rang cinq ans après. Les résultats du premier tour ont été décevants pour eux.

Au premier tour du fait de sa dispersion, l’opposition a perdu la ville de Saint Louis qui est retournée au Pds. En sera-t-il de même au second tour ? «Benno Bokk Yakaar » veut inverser la tendance et récupérer l’ancienne capitale de l’Afrique occidentale française (Aof).

A la différence cependant de Benno Bokk Yakaar qui porte un candidat à la présidentielle, Benno Siggil Senegaal aux élections locales de 2009 réunissait tous les fanions des formations politiques et membres de la société civile qui le composaient au niveau des collectivités locales. Les populations se sentant concernées au premier chef ont exercé un contrôle plus strict du scrutin et ont encadré le vote. Alors, Benno Bokk Yakaar qui entend ainsi le cloner sera-t-il aussi efficace le 25 mars prochain? Ses initiateurs, souteneurs du candidat Macky Sall n’en attendent pas moins.
Mais, même si l’opposition au décompte final du premier tour, a engrangé 65% des suffrages valablement exprimés, elle qui disposait de 13 candidats qui faisaient face au sortant à la candidature jugée anticonstitutionnelle, aucun de ses postulants n’avait devancé cependant celui de la majorité. L’émiettement de son électorat semble entre autres raisons, une des causes de cette situation.

On notera par ailleurs, que si le fichier électoral de 2012 renferme plus d’électeurs inscrits, plus de cinq millions selon les chiffres de la Direction de l’automatisation des fichiers (Daf) du ministère chargé des Elections, on a voté moins lors de ce premier tour comparativement aux élections locales de 2009. Tout juste un peu plus de la moitié des électeurs dits inscrits se sont rendus en effet le 26 février dernier aux urnes, soit 55% des 5.101.OOO inscrits


Bamba Toure

Mardi 13 Mars 2012 08:08

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