On connaissait depuis plusieurs années la volonté du président turc Recep Tayyip Erdogan de doter la fonction présidentielle de pouvoirs accrus à travers une modification de la Constitution. On connaissait aussi sa position rétrograde sur les femmes, la répression des Kurdes, de la presse libre et de tous ceux qui s’opposaient, d’une manière ou d’une autre, au régime islamo-conservateur. En 2016, les dérives autoritaires du président Erdogan ont pris de l’ampleur.
C’est le putsch manqué du mois de juillet dernier qui a permis aux autorités turques, sous la houlette du président Erdogan, de se livrer à une véritable purge dans l’administration et contre la presse d’opposition.
La plupart des militaires qui ont participé au coup d’Etat manqué étaient déjà sur les listes du gouvernement, qui voulait lancer une vaste épuration au sein de l’armée. Après le putsch, l’épuration a visé toute la société turque.
Près de 150 000 personnes ont été limogées dans l’armée, la police et dans la fonction publique. Près de 50 000 personnes ont été placées en détention, en attente d’être jugées pour leur rôle présumé dans le putsch manqué.
La presse également visée
La presse turque d’opposition a également subi les foudres du régime de Recep Tayyip Erdogan. Pas moins de 100 professionnels des médias sont incarcérés en Turquie, dont au moins une quarantaine le sont pour leur activité journalistique. Plus de 150 médias ont été fermés.
Pendant ce temps, la répression s’est amplifiée contre les Kurdes, avec l’arrestation des maires dans une cinquantaine de villes du sud-est du pays, l’arrestation de nombreux dirigeants du parti pro-kurde HDP, y compris des parlementaires, ainsi que la fermeture de nombreuses écoles enseignant en langue kurde.