Triomphe de la banalité dans les émissions matinales des télévisions sénégalaises

J''aimerais simplement donner mon opinion en tant qu''éducateur sur les émissions matinales de deux chaînes de télévision sénégalaises : 2stv et Tfm. 
L''émission de la première, dénommée "good morning" comporte à mon sens beaucoup d''incohérences de nature à rebuter sinon décevoir les téléspectateurs. La première remarque porte sur la pauvreté intellectuelle du plateau journalistique. 
Je sais bien que la chaîne dispose de spécialistes de valeur comme Cheikh Diaby ou Fatou Touré si j''ai bien retenu les noms. Cependant, l''animatrice principale Fily Seck se complaît dans la médiocrité. Sur les sujets les plus brûlants et d''une très grande acuité elle ne travaille jamais avec des analystes de valeur (la chaîne n''en manque pas) mais préfère plutôt éviter les débats enrichissants sur les questions d''actualité qu''auraient certainement bien traitées les journalistes qualifiés ou les experts si jamais ils invités en la circonstance, et qu''elle veuille bien leur laisser la parole ou poser les questions cruciales auxquelles s''attend si justement l''opinion. 
Elle cherche souvent à faire diversion avec un comédien de circonstance (un bouffon serait plus exact) et une femme bien en chair, exposée plutôt pour faire valoir son charme de grande dame de la société et de temps en temps exposée avec une alter ego, moins belle pour ne pas frustrer celle qui se croit attirer tous les regards du Sénégal et d''ailleurs sur ses toilettes et ses interventions d''une insoutenable banalité. Je sais qu''elle appelle souvent des invités de valeur, mais là où le bât blesse c''est le survol déguisé des questions principales et la mise en valeur de la présence de l''invité pour faire diversion sur l''essentiel. 
Quelque fois même ses co-animateurs sont manipulés dans ce jeu de banalités et oublient leurs marques où n''osent peut-être pas mettre en valeur leurs compétences professionnelles d''analystes politiques ou de commentateurs. Il serait utile que le comité de rédaction réexamine les contenus de l''émission, son plateau technique, les reportages-cibles et élimine sinon réduit les bouffonneries ubuesques qui n''ont vraiment pas leur place dans ce genre d''émission. J''en viens maintenant à l''autre chaîne, la télévision futur média (tfm). 
Au début, la présentation était fonctionnelle avec des images de fonds d''écrans suffisamment expressives, ouvertes sur le monde et bien par un éclairage et une sonorisation qui laissaient entrevoir une conscience professionnelle et une compétence technique indiscutable même si les excentricités vestimentaires et les parures trop baroques de certaines animatrices étaient à déplorer. puis arriva un changement brutal, incohérent que rien vraiment ne semblait justifier. Aujourd'hui, l''émission nous offre un fond d''écran baroque, anonyme, sans originalité, une ergonomie approximative, et encore ce qui p)lus insupportable un changement d''acteurs (d''amateurs est plus exact) et de profil médiatique particulièrement rebutant. la médiocrité, les hâbleries, les facéties désobligeantes et déplacées, le harcèlement sexuel à peine déguisé de l''animateur sur certaines animatrices, la discourtoisie, la pusillanimité, le manque de professionnalisme ont pris la place des analyses cohérentes d''antan, de ses alternances médiatiques bien rythmées sur les reportages, de la valeur du plateau technique et aussi et surtout des discussions et débats d''une haute facture technique avec des invités bien ciblés en congruence les questions d''actualité. 
Qu''il s''agisse du français ou du wolof, indépendamment de la langue utilisée, l''émission était bien menée et donnaient satisfaction à la majorité des téléspectateurs. Il est triste de constater que ce qui était une bonne revue de presse devient aujourd''hui une farce d''illettrés agitant des quotidiens qui semblent plus être pour eux des dépliants publicitaires que de véritables organes de presse permettant de comprendre l''actualité. Je terminerais pour dire qu''une émission a une âme, un profil intellectuel, une identité médiatique, des animateurs permanents qui lui impriment une marque, bref toute une particularité spécifique qui fait que même si les amateurs en ont raté le début, ils savent à quoi s''attendre, les idées essentielles convergentes ou contradictoires, les questions d''actualité ou de spécialité qui y seront traitées. 
Elle porte la trace indélébile du journaliste qui l''a conçu ou en est resté longtemps principal animateurs. 
Dans les chaînes françaises, celui qui regarde Apostrophes ou Télé matin sent l''influence de l''animateur principal, ce par quoi il accroche le public et influe sur les débats d''opinion. Au Sénégal tel n''est pas le cas. Aucune émission n''a une âme, un profil médiatique, un style communicationnel, un animateur permanent. La valse des journalistes est permanente, ou encore s''ils sont apparemment inamovibles comme Fily de 2s tv, leur permanence s''est enkystée dans une gangue d''immobilisme et de banalité. Il faut du métier, un certain professionnalisme, les patrons de presse doivent laisser travailler les journalistes qui en ont et leur laisser la possibilité et le temps de le prouver pour imprimer à leur groupe un profil sociologique et culturel qui ne peut en aucune façon faire défaut à une grande chaîne de télévision. 
Sinon,on aura des chaînes de télévisions dont les émissions semblent être une chaîne de festivals et une compilation de faits divers glanés par-ci par là pur divertir des téléspectateurs sénégalais ou africains de la diaspora obligés de regard"r ailleurs pour être à jour sur certaines questions techniques et l''analyse éditoriale de l''actualité nationale et internationale. Au moins pour tfm, on peut s''attendre à ce qu'ils reviennent à leur bon vieux temps qui n''est pas si loin mais tellement regretté par un changement brutal d''orientation tout aussi regrettable qu''il est difficilement supportable. Rendez-vous sur le petit écran pour nous répondre