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Pour la République, soyons tous liés par l'avis du Conseil constitutionnel

(Abdoul Azize KEBE Enseignant-chercheur/UCAD Coordonnateur du Groupe Rencontres et Études sur Islam et Société /GREIS)


Pour la République, soyons tous liés par l'avis du Conseil constitutionnel
Le projet de révision de la Constitution, depuis sa publication, suscite des débats  
passionnés. Ce qu'il faut retenir d'emblée pour le saluer, c'est le fait que le Président  
de la République a voulu s'en tenir à sa promesse. Cela montre qu'il y a là une  
démarche conforme à l'éthique, au plus haut sommet de l'Etat. C'est une belle décision  
qui nous réconcilie avec les pratiques de gouvernement articulés à la philosophie  
morale de notre société, dans un esprit républicain.  
Beaucoup parmi nos compatriotes, en particulier les acteurs politiques opposés au  
camp présidentiel, ont émis des doutes malgré la récurrence du discours du Président  
de la République, invariable sur la question. L'on peut comprendre cette incrédulité  
d'une frange de la classe politique et de l'opinion car habitués que nous étions aux  
promesses électorales le plus souvent trahies. Il y aurait même un théorème dans ce  
sens qui voudrait que "les promesses n'engagent que ceux qui y croient''.  
Aujourd'hui, avec le processus enclenché par le Président de la République, le débat  
s'est déplacé sur le caractère impératif ou non de l'avis du Conseil constitutionnel.  
Quelle serait la posture du Président de la République particulièrement sur le point  
concernant la rétroactivité de la réduction de son mandat? Je n'ai pas de prétention à  
entrer dans le débat juridique, (''lié'', pas ''lié'') qui a cours entre théoriciens du droit  
constitutionnel. Je situe ma contribution au niveau du citoyen ordinaire, qui croit à la  
République et qui milite pour sa consolidation.  
Ainsi, je pose le problème sous l'angle plutôt symbolique et moral. Sur ce plan, la  
problématique qui est devant nous est relative au caractère moral que peut revêtir cet  
avis par rapport au Président de la République face aux institutions dont il est le  
gardien et la clef de voûte. 
Autrement dit, est-il raisonnable, dans une perspective républicaine et non  
politicienne, d'entrainer le Président de la République à accorder plus de valeur à une  
promesse électorale au détriment d'une obligation constitutionnelle? L'on va me dire  
que la parole est sacrée; nul n'en disconvient. Mais la parole est-elle plus sacrée que le  
serment, prêté dans les termes suivants, les termes mêmes de la constitution?  
" Devant Dieu et devant la Nation sénégalaise, je jure de remplir fidèlement la  
charge de Président de la République du Sénégal, d’observer comme de faire  
observer scrupuleusement les dispositions de la Constitution et des lois, de  
consacrer toutes mes forces à défendre les institutions constitutionnelles,  
l’intégrité du territoire et l’indépendance nationale, de ne ménager enfin  
aucun effort pour la réalisation de l’unité africaine". Article 37. 
Or, jusqu'à preuve du contraire, la constitution actuelle que le Président a juré de  
défendre et de respecter dans ces termes, est prioritaire, de mon point de vue, sur une  
volonté exprimée, aussi noble soit-elle, alors qu'il était candidat.  
Rappelons, si cela est nécessaire, que la constitution est, entre autres, un instrument de  
régulation de l'action politique afin que l'on ne soit pas guidé par sa seule passion, ses  
seuls désirs et que les motifs de l'acte des gouvernants ne soient pas leur seul intérêt  
du moment. Elle est la norme supérieure qui s'impose à chacun et à chacune, en  
particulier à ceux qui en sont les gardiens ou qui aspirent à le devenir. Elle est l'outil  
qui permet à la vie politique d'être stable tout en étant dynamique, d'être saine,  
régulière et profitable aux citoyens. En effet, elle leur assure un environnement de  
légalité durable qui permet l'activité de production de richesse et de reproduction des  
valeurs dans le but d'une transformation positive de la société. C'est pour cela qu'elle  
gagne à être consolidée par tous, respectée par tous les acteurs et à être placée en  
dehors des malices des uns et des autres.  
Ceci dit, maintenant que le processus de révision est enclenché et que le doute est levé  
sur la  volonté de réduction du mandat, c'est l'applicabilité à ce mandat en cours qui  
est au centre des préoccupations. Cependant, même si cela rencontre nos propositions  
en tant que parties prenantes des Assises nationales, force est d'admettre que cela n'est  
pas du propre ressort du Président de la République. Cela relève de la compétence des  
sages du Conseil constitutionnel d'abord et la suite viendra. Et à mon humble avis,  
pour rester dans la perspective républicaine, il est préférable que nous soyons tous  
''liés'' par cet avis, y compris le Président de la République, sachant qu'il est la clef de  
voûte des institutions. Cela veut dire que son attitude par rapport à ces instituons a  
pour conséquence de les soutenir ou de les affaiblir pour ne pas dire les affaisser. Or,  
de la stabilité institutionnelle dépend celle de la société sans quoi l'on ne peut rêver de  
productivité ni de développement durable encore moins d'émergence.  
En sa qualité de gardien de la Constitution, aller à contre-courant de l'avis du Conseil  
pourrait signifier, en dehors d'une confirmation de sa volonté de respecter sa parole,  
deux à trois choses. 
1- Que cet avis ne soit pas assez motivé ni en droit ni par référence à l'histoire et à la  
sociologie de notre pays. Ce qui me semble être irréaliste puisque ce serait une sorte  
d'incompétence impardonnable et inimaginable pour une telle institution, devant une  
affaire si grave pour le devenir de la nation. Si le Président de la République est ''le  
gardien de la constitution'' sur le plan symbolique, le Conseil constitutionnel, chargé  
de veiller à la prévalence de ladite constitution, dans son esprit et dans sa lettre, en est  
aussi ''gardien'' et ''garant''. Et il n'y a pas de doute, à mon niveau, qu'il va y trouver,  
dans l'exercice qui lui est demandé, les faisceaux qui éclairent sur ce qui est conforme  
à la loi fondamentale et les outils qui militent en faveur de son respect.  
2- Que le Président de la République préfère sa propre parole, aussi séduisante soit- 
elle dans l'immédiat, aux conclusions des sages qui, en l'espèce, ne présentent pas une  
simple opinion, c'est bien plus que cela. Car même si l'on parle d'avis, prosaïquement,  
l'on pourrait voir au fond, en cela, une recommandation de fait. Ce, d'autant plus que  
dans la tradition, les autorités de la République ont toujours suivi la direction indiquée  
par le Conseil constitutionnel. C'est parce que, même s'il n'y pas une exigence  
constitutionnelle expresse, il y a, tout de même, une exigence morale vis à vis de la  
constitution et de ses garants qui, en la matière, en savent plus qu'elles. Dans tous les  
cas, cet avis est toujours fondé en droit, et comme on le sait le droit est éclairé par  
l'histoire et la sociologie politiques du pays.  
3- Cela exposerait plus facilement le Conseil constitutionnel à la défiance future des  
acteurs politiques qui manifestent souvent leur manque de confiance à l'institution. De  
ce point de vue, ne pas tenir compte des ''recommandations'' du Conseil pourrait  
réduire l'estime des citoyens aussi bien pour lui que pour le Président de la  
République qui serait accusé de ne pas lui accorder la considération qu'il mérite. Ce  
qui contribuerait à fragiliser davantage l'intuition constitutionnelle et à flétrir son  
prestige, en tant que responsable du respect de la Constitution et de l'Etat de droit. Or,  
cette même constitution fait du Président de la République '' le garant du  
fonctionnement régulier des institutions".  
Compte tenu de tout cela, je pense, en tant que simple citoyen, que l'avis du Conseil,  
quel qu'il soit (je souligne), doit être respecté par nous tous. Ceci pour signifier notre  
attachement, en tant que républicains, aux institutions et notre désir de les conforter  
dans leur rôle normatif et régulateur. En le faisant, malgré la diversité partisane,  
j'allais même dire grâce à cette diversité, nous consolidons les bases de notre cohésion  
en tant que nation et le consensus autour des institutions que nous nous sommes  
librement choisies.  


Abdoul Azize KEBE 
Enseignant-chercheur/UCAD 
Coordonnateur du Groupe  
Rencontres et Études sur Islam et  
Société (GREIS)


Jeudi 28 Janvier 2016 - 18:39





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