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Les enjeux de développement que posent le PDEC et le PSE pour la Casamance


Les enjeux de développement que posent le PDEC et le PSE pour la Casamance
Par Mamoudou Daffé[[1]]url:#_ftn1
 
La présente contribution vise à introduire le débat sur les conditions et les chances de succès du Projet Pole de Développement Économique de la Casamance (PPDC) que vient de lancer le Président MackySall le 18 Mars dernier à Ziguinchor.
 
L’objectif de la contribution sera atteint si à la prise de conscience de certains citoyens, née progressivement depuis quelques années, s’ajoute celle d'une proportion plus importante d’autres citoyens, ceux de la région de Casamance en particulier. Il s’agit d’accentuer le devoir de mémoire et de vigilance citoyenne.
 
Le lancement du PPDC, en présence de son principal bailleur de fonds actuel, la Banque Mondiale, des autres partenaires techniques et financiers, des membres du gouvernement, des Présidents des collectivités locales, des autorités politiques et religieuses et des représentants des populations, a été un moment très fort de l’actualité nationale et régionale
 
Il a, en effet, mobilisé les populations apparemment très enthousiastes et adhérant totalement aux différents discours prononcés. Il faut dire que les populations sénégalaises en général et celles de la région de Casamance en particulier se mobilisent très souvent à l’occasion de ce type d’événement, du fait probablement de l'espoir qu'il suscite chez elles, mais aussi et surtout en raison des rivalités politiciennes locales. Les leaders politiques locaux,  soit pour garder leurs positions de pouvoir soit pour y accéder, se font en effet un point d’honneur à montrer au Président qu’ils ont un maximum de militants et de sympathisants et se mettent en compétition entre eux pour le démontrer, en mobilisant des moyens financiers importants à cet effet.
 
Les questions qu’il faut se poser à travers les manifestations de ce type sont les suivantes: quels sont les objectifs recherchés? Quelle pertinence dans le contexte de la région ?Quelle efficacité et efficience revêtent-elles ?Quels sont leurs impacts sur la marche et le développement des régions ?
 
Rappelons nous, en 2001/2003, juste avant la signature du dernier accord dit de paix, le gouvernement précédent a mis en place l’Agence Nationale pour la Relance des Activitéséconomiques et sociales en Casamance (ANRAC). Cette agence a été créée en lieu et place d’une structure de pilotage et de coordination proposée dans le cadre du Programme de Relance des Activités Économiques et Sociales de la Casamance (PRAESC) dont la formulation a été pilotée par le Ministère de l’Économie des Finances sur les ressources de la Banque Mondiale, de l’Union Européenne, du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) et dans une moindre mesure de l’USAID.
 
Le PRAESC était conçu comme un programme de référence de l’ensemble des intervenants de la Casamance. A côté d'un comité de pilotage, qui devait être composé de représentants de plusieurs ministères, du Mouvement des Forces Démocratiques de Casamance (MFDC), de la société civile et du secteur privé, un secrétariat exécutif (SE) devait être érigé comme organe de coordination et de suivi de la mise en œuvre cohérente de toutes les actions qui devaient émaner du PRAESC. Le SE devait s’appuyer sur des structures pérennes pour la réalisation des actions du programme.
 
L’ANRAC qui avait été créée d’autorité par le Chef de l’État à la place du SE, sans concertation avec les partenaires qui ont financé la formulation du Programme, a quelque peu bouleversé le schéma défini.
 
N’ayant finalement pas réussi à être un programme de référence, le PRAESC, bien que lancé en même temps que l’ANRAC en 2005 par le Premier Ministre de l’époque et actuel Président de la République, n’a,en définitive, pu enregistrer de financement que celui de la Banque Mondiale au travers du Projet d'urgence de l'Appui a la Reconstruction de la Casamance  (PARC) conçu comme  plan d’urgence du PRAESC.
 
Ignorant le PRAESC, les interventions des autres partenaires  se sont très souvent faites suivant leurs propres orientations et leurs propres cadres de planification et de mise en œuvre. L’ANRAC elle même, censée jouer le rôle du SE tel que défini ci-dessus, a finalement fonctionné comme un simple organe d’exécution des actions définies par l’État et par certains bailleurs ponctuels.
 
Appelée ANRAZ (Agence Nationale de Reconstruction de Ziguinchor) par certains, à cause e son parti pris manifeste pour la seule région de Ziguinchor, l’ANRAC n’a pas su répondre aux besoins pour lesquels elle a été installée. Les directeurs généraux successifs désignés, n’ayant jamais compris la mission de l’agence, n’ont pas su incarner ses orientations et surtout convaincre les partenaires et les autres acteurs de son bien-fondé et de sa pertinence. Cela n’est pas très surprenant puisque le principal critère  qui a déterminé leur choix a été leur appartenance au parti au pouvoir.
 
Le nouveau programme PPDC, dans sa vocation et sa dimension zonale (étendue de toute la région naturelle) est assimilable au PRAESC version 2014. Mais, à la différence du PRAESC (aussi bien dans sa version phase 1 en 2001/2003 que phase 2 en 2010/2012) dont la formulation a fait l’objet de concertation et de partage entre les acteurs et institutions en place et les représentants des populations de toutes les trois régions, le PPDC semble être un programme «d’experts» très peu connu des acteurs essentiels.
 
Dès lors, malgré son emballage, il manque au PPDC la dimension essentielle de son appropriation par les acteurs et les populations. Logiquement un tel programme a peu de chance d’atteindre les résultats escomptés. Ce risque est d’autant plus grand que le Programme n’a reçu à ce jour que le  seul financement de la Banque Mondiale d’un montant de 20 milliards. Il est exactement à l'image du financement du PARC par la Banque Mondiale.
 
Quand on connaît les résultats très mitigés du PRAESC, programme conçu de façon concertée, on peut s’interroger sur ceux que pourraient donner le PPDC. Cette interrogation est d’autant plus légitime que, si le positionnement du Coordinateur du Comité de pilotage à la Présidence de la République n’est pas à titre transitoire, son accessibilité risque d'être problématique.
 
Au niveau régional, le Programme est actuellement abrité par l’Agence régionale de développement (ARD) de Ziguinchor. Cette tutelle est difficilement compréhensible quand on sait que chacune des deux autres régions dispose d’une agence indépendante. Si ce choix est dicté par les facilités qu’offre la ville de Ziguinchor à l’équipe du projet, il se pose dès lors un problème d’approche, car celle-ci devrait être basée sur la nécessité de s’attaquer à tous les problèmes de développement des régions concernées et de leur trouver des solutions.
 
Il s’y ajoute qu’avec l’acte III de la Décentralisation, ce sont les départements qui seront érigées en Collectivités Locales. Comment dès lors, comprendre le rôle de l’Agence Territoriale du Développement de la Casamance – ATDC» que le Président vient d’annoncer et qui est appelée à prendre en charge le « Plan d’Actions Stratégiques de l’Étaten Casamance-PASEC ».
 
Ainsi, en si peu de temps, la réorganisation institutionnelle s’accélère pour la Casamance considérée comme pole pilote. Mais ne faut-il pas d'ores et déjà clarifier les rôles et prérogatives des différentes institutions en place en vue d’éviter les conflits qui peuvent naître de leur coexistence, mais aussi de dissiper toute confusion au niveau des populations.
 
Pour notre part, nous pensons que 54 ans après l’accession de notre pays à l’Indépendance, au vu des faibles impacts des projets successifs, il est nécessaire d’observer une rupture dans la démarche. Celle qui nous paraît la plus cohérente et la plus efficace est d’appuyer les activités et les projets pensés et initiés par les acteurs eux mêmes.
 
Autrement dit, les projets bénéficiant de l'appui des bailleurs devraient être articulés aux initiatives citoyennes locales. Ils devraient  aussi être domiciliés au niveau des structures pérennes pour assurer leur durabilité. Pour finir, les responsables des projets, des agences et autres programmes devraient être choisis sur la base de leurs compétences et non de leur appartenance partisane.


[[1]]url:#_ftnref1 Militant de la citoyenneté, adepte de l’aménagement et du développement équilibré des territoires Coordonnateur du «Mouvement Initiative Citoyenne pour le Changement/ Sénégal (MICC/S)».
Le MICCS a organisé un Forum sur la promotion et le développement des PME dans la région de Sédhiou les 29 et 30 mars derniers à Sédhiou.


Bamba Toure

Vendredi 18 Avril 2014 - 07:43





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