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Le rêve brisé de la rupture


Le rêve brisé de la rupture
La première alternance réalisée en 2000 et tant souhaitée par les Sénégalais s’est vite émoussée à l’épreuve des pratiques politiques désuètes et dévastatrices pour les maigres ressources publiques. Elles ont conduit les citoyens à se détourner d’un pouvoir dont les dérives manifestes constituaient une menace pour l’équilibre social du Sénégal et les fondements de cette démocratie exemplaire en Afrique de l’Ouest. Face à cette situation et aux velléités de dévolution monarchique du pouvoir, cette page fut tournée, le 25 février 2012, avec l’élection de M. Macky Sall à la tête de l’Etat, marquant ainsi le « désir de République » dont parlait, avec pertinence, mon collègue et ami Amadou Kah dans l’un de ses ouvrages. Il était impératif de procéder à un aggiornamento dans l’art de gérer les ressources publiques. Le climat délétère aussi bien dans le domaine social que politique permettait de dire que la politique n’était plus ce qu’elle était. Celle-ci a perdu son sens et acuité en termes d’engagement, de projets de société susceptibles de répondre aux nombreuses demandes sociales, particulièrement à l’endroit des jeunes afin de relever les défis de la lutte contre la pauvreté et la misère, bref du développement. Pendant ce temps, une poignée de personnes, parvenues, abusent de leur position de pouvoir pour s’enrichir rapidement et honteusement sur le dos d’un Etat qui peine à remplir ses responsabilités cardinales vis-à-vis des citoyens, attendant tout de lui.
Dans ce contexte, tout discours ou toute initiative s’inscrivant dans le tropisme du changement à l’égard du politique et de sa représentation trouvent un répondant dans un espace public saturé par la personnalisation du pouvoir à travers une gestion néo patrimoniale tirant l’Etat vers le bas. Ce dernier est évoqué par sa signification juridique et politique sans verser dans le débat sur sa nature en Afrique et le choix d’un système politique en conformité avec les réalités socio-culturelles. Cela dit, l’arrivée de Macky Sall au pouvoir était perçue comme une opportunité pour une transformation politique par le renouvellement d’une classe politique vieillissante et le changement de méthodes dans la gouvernance démocratique et économique. Les promesses de campagne et certains engagements sont restés dans l’air du temps des discours volatiles dont on se garderait de rappeler les souvenirs, tellement ils symbolisent un écart important entre l’énoncé et la traduction au concret. Comme illustration, on peut se référer à ces propos édifiant de Benoît Hamon, candidat à l’élection présidentielle française : « la parole donnée, la parole signée, devant le peuple, doit être scrupuleusement respectée ».
 Alors, il convient de se demander les raisons profondes d’un renoncement politique et ses effets sur les représentations du politique, la perte du sens et de la crédibilité des hommes habilités à diriger le pays.
Le refus du changement
L’envie des délices du pouvoir et la découverte de la complexité du jeu politique peuvent-elles suffire pour justifier une forme de résistance à tout bouleversement incontrôlable de la realpolitik ? En tout cas, la reproduction des pratiques peu orthodoxes en démocratie et fondamentalement la reconduite ou légitimation de la vieille garde peu encline aux mutations politiques et institutionnelles afin de pérenniser ses intérêts personnels démontrent la timidité de l’action dans le sens d’un renouveau en matière de gouvernance politique. Qui plus est, de nouvelles institutions (Haut Conseil des Collectivités Territoriales) et des structures à l’image de la Commission nationale chargée du dialogue des territoires sont confiées à des « dinosaures » qui redoutent la retraite politique, fermant la porte aux jeunes élites marginalisées par manque de ressources et de perspectives. En fait, tout semble indiquer que nous sommes en présence d’un cercle fermé qui gère les affaires de la République et qui s’autorise une circularité limitée d’une élite dont les valeurs référentielles paraissent s’écarter des vertus tant vantées par Max weber : l’éthique de la conviction et celle de la responsabilité. Aujourd’hui, les accusations réciproques de pillage des ressources du contribuable donnent l’image négative de certains gouvernants et de leur moralité. Cela se traduit in fine par l’éloge de la transhumance politique qui devient un moyen de recycler ceux qui étaient politiquement recalés, en raison de leur mauvaise gestion et comportements inadmissibles dans un pays aux ressources très limitées, même si certaines découvertes récentes font renaître l’espoir d’une prospérité dans le long terme.
Le non respect des engagements plombe naturellement la crédibilité que l’on pourrait accorder à la communication institutionnelle, particulièrement à l’institution présidentielle. En effet, ce qui est admis maintenant dans le vocabulaire politique sénégalais, à savoir le fameux « waax waaxet » : dire et se dédire, accentue la méfiance aux déclarations officielles car il a semé le doute dans l’esprit des Sénégalais qui s’évertuent à les prendre avec réserve. Cette nouvelle attitude n’est-elle pas à l’origine des malentendus persistants entre syndicats de l’éducation nationale et pouvoirs publics ?
Le manque de dialogue sincère et l’absence de climat serein ne favorisent pas le rapprochement entre la majorité et l’opposition qui se regardent comme des chiens de faïence. Ce bocage inflige un coup dur à la démocratie qui a besoin d’un minimum de consensus pour que les questions essentielles soient l’objet de débats contradictoires sous-tendus par l’intérêt général et la préservation des fondements l’Etat de droit.
Ce faisant, est-il possible de redresser la barre et de restaurer la paix politique ?
Des ajustements indispensables
Il n’est jamais trop tard pour bien faire surtout concernant le champ politique, même si l’on ne perd pas de vue que le temps politique s’illustre par son agenda qui doit néanmoins tenir compte de la réalité du terrain et maintenir l’équilibre national. Certes, des obstacles existent sur la voie du changement dans les habitudes politiques et des rapports au politique mais, avec la volonté et la concertation périodique, il est possible d’y parvenir en s’appuyant sur le courage, l’imagination et la mobilisation de toutes les forces vives de la nation, aux fins de réaliser les objectifs dans tous les secteurs. Cela suppose que le Président soit au-dessus des partis, en sa qualité d’arbitre, impulse une dynamique claire ouverte à toutes les compétences du pays plutôt que se replier sur un groupe restreint, dont l’expertise n’est pas toujours avérée.
Pourtant dans le domaine de l’énergie (pétrole et gaz), le chef de l’Etat a bien précisé qu’il s’en tiendra aux avis des experts avant de prendre sa décision en la matière. Cette procédure louable devrait s’étendre à d’autres domaines, notamment en ce qui concerne les politiques publiques pour éviter des contestations, des supputations et spéculations. Les enquêtes d’utilité publique pourraient aider à surmonter les oppositions à l’endroit des projets comme la future centrale à charbon de Bargny et l’usine de dessalement d’eau de mer.
D’autres mesures équitables et sans arrière-pensées s’avèrent importantes : la rationalisation des partis politiques, la reddition des comptes et par rapport à la limitation de la présence des membres de la famille élargie du Président, avec le risque de les exposer à des attaques démesurées. Ajoutons à ce registre le phénomène déplorable de responsables d’établissements publics qui, sous prétexte de soutenir l’action du président de la République, s’adonnent impunément à une redistribution ostentatoire des ressources publiques au moment où des Sénégalais n’assurent pas ou difficilement les trois repas quotidiens. N’oublions pas le cumul des mandats, de Maire d’une grande ville et des fonctions de Ministre, qui ne contribue guère à une bonne gouvernance politique et économique.
Enfin, il faut une communication politique renforcée et permanente pour éviter le pourrissement des situations et s’engager profondément dans une politique nouvelle, avec des axes précis, dans un souci de soulager les souffrances multiformes des populations. Faut-il gagner aussi la bataille de la confiance en la classe politique dans son ensemble, et protéger les acquis démocratiques de la République quel qu’en soit le prix ?
Moussa DIAW, enseignant-chercheur en science politique, Université Gaston Berger de Saint-Louis (UGB).


Vendredi 7 Avril 2017 - 07:12





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