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Le procès Karim Wade et l’image du Sénégal : Indignons-nous ! Par Mamadou Diop ‘Decroix’ Député non inscrit à l’Assemblée nationale


Le procès Karim Wade et l’image du Sénégal : Indignons-nous ! Par Mamadou Diop ‘Decroix’ Député non inscrit à l’Assemblée nationale
Au rythme où vont les choses à la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI), le Sénégal va sortir du procès Karim Wade très affecté dans sa notoriété, sa respectabilité et sa crédibilité dans le monde. Pour l’essentiel des sénégalais qui suivent de près ce procès, les faits qui s’y déroulent sont si graves que personne ne veut y croire. Chacun d’entre nous se murmure à soi-même que tout ceci n’est pas vrai ; qu’il s’agit plutôt d’un vilain cauchemar que le réveil va chasser dans l’instant suivant. Hélas nous ne sommes pas entrain de dormir et ce que nous voyons au tribunal correspond exactement à la réalité, à l’état actuel de notre pays en matière de droits et libertés. En effet, dès l’entame du procès il y a un mois, alors que le cas Bibo Bourgi, l’un de principaux prévenus,  gravement malade, était sur toutes les lèvres,  le président de la CREI s’est dépêché d’annoncer la couleur – afin que nul n’en ignore – en nous rappelant qu’en Egypte, Hosni Moubarack a comparu devant le tribunal sur une civière. Fermez le ban ! Bibo Bourgi comparaîtra donc puisque nous ne sommes pas différents de l’Egypte qui sortait à peine d’une dictature pluri décennale. Bibo a été effectivement transporté sur une civière devant la cour et, en dépit des avis de ses médecins, il reste maintenu au Sénégal où, hélas tout peut lui arriver dans les conditions actuelles de son environnement médical. Pourtant les organisations de défense des droits humains ne cessent de tirer la sonnette d’alarme sur ce cas Bibo Bourgi mais celles-ci sont déjà clouées au pilori par les thuriféraires du pouvoir. Comme dans les dictatures fascistes, il en existe ici qui intiment l’ordre à ses organisations de se taire après avoir taxé leurs leaders de vulgaires politiciens embusqués. Les mêmes qui, il y a à peine deux ans, tressaient à ses mêmes organisations de défense des droits humains des lauriers pour « leur courage dans la dénonciation des dérives du régime de Wade ». 
  
Dans la même veine, la déposition devant la cour de Monsieur Pape Mamadou Pouye présumé complice de Karim Wade, m’a rappelé les années de braise dans notre pays lorsqu’on torturait au vu et au su de tous. Oui ! Monsieur Pouye a déclaré avoir été torturé pour l’obliger à dire ce que les enquêteurs souhaitaient qu’ils disent.  « On m’a torturé pendant 4 mois pour que je dise des choses sur Karim, soit disant que je cache son magot… ». Sa comparution devant la cour alors que d’autres ont été libérés semble conforter la suite de sa déposition : «Jamais je ne ferai une chose pareille. Jamais je ne mentirai pour salir quelqu’un. Si c’est pour cela que je suis toujours en prison, je pense que j’y resterai encore longtemps. Je ne mentirai jamais pour me sauver et couler quelqu’un… ». La torture, on l’aura noté, semble être encore une pratique courante au Sénégal et apparaît même comme un fait tout à fait ordinaire. 
Pour finir, l’un des plus sombres moments de ces quatre premières semaines de procès semble être cette sortie catastrophique du président de la cour s’adressant aux avocats non sénégalais de la défense notamment français : « Vous n’êtes pas chez vous ici ». Cette énormité, qui a suscité le brouhaha dans la salle d’audience, est passée elle aussi comme un fait divers dans notre opinion publique parce que la presse sénégalaise elle-même ne s’y est pas beaucoup intéressée (par gêne ?). Supposons un instant qu’un juge français, en pleine audience à Paris, tienne exactement les mêmes propos que ceux du magistrat sénégalais, s’adressant à des avocats africains en audience publique. Que ce serait-il passé ? Une vague planétaire d’indignation assurément et, à n’en pas douter, la démission, dans les heures  qui suivent, du juge en question après avoir exprimé ses regrets. L’on s’attendra même,   sans doute, cerise sur le gâteau, à des excuses exquises de l’autorité de tutelle. Ici rien de tel ! Ça ne traverse même pas l’esprit des concernés. Ils ne s’indignent pas. D’ailleurs, hormis les organisations de défense des droits humains – qui mènent un travail remarquable en dépit de conditions extrêmement difficiles – peu de voix s’élèvent pour s’indigner y compris contre les tortures que l’on a fait subir à Monsieur Pouye. 
  
Pourtant demain, les mêmes qui détournent honteusement le regard aujourd’hui et se bouchent les oreilles pour ne rien voir ni entendre, se retrouveront demain avec les apprentis fascistes pour bomber le torse et prétendre (avec leurs airs de colonisés) que « le Sénégal est une démocratie majeure où les libertés individuelles et collectives sont épanouies » et tutti quanti. Pour parler comme David Diop*, ils me font pitié. 
  
Mais, pour dire vrai, la dégradation vertigineuse de nos fondamentaux démocratiques et éthiques est difficilement détachable de ces propos de Macky Sall en 2010 aux USA, alors qu’il n’était qu’un aspirant à la magistrature suprême de notre pays : « J’ai un problème personnel à régler, et, je vais le régler avec le Pds. Après tout ce qu’ils m’ont fait endurer, au-delà du désir de rétablir la vérité et de sauver le Sénégal, je dois solder des comptes ». Fin de citation. Il justifiait alors sa posture dans l’Opposition. Et le commentateur du journal d’ajouter : « Les propos se sont échappés de la poitrine de Macky Sall, ancien Premier ministre et président de l’Assemblée nationale du Sénégal, sous Abdoulaye Wade. Bien avant, il fut directeur de Petrosen, puis ministre de l’Energie et de l’Intérieur. Ce n’est donc pas par conviction politique et engagement aux côtés des populations, seulement, qu’il est devenu opposant. Ses propos peuvent amener d’aucuns à l’indexer, comme un dictateur potentiel. Sa «vengeance», si l’occasion lui est donnée, risque de faire basculer le Sénégal dans des règlements de comptes. Or, les populations ont besoin d’emplois, de toits, de politiques de santé et d’éducation efficientes et efficaces, d’infrastructures, de paix, etc. Cent commentaires ! 
  
Le temps de l’indignation n’est pas fini. Au Sénégal, nous en sommes plutôt à son printemps. Alors, indignés de tous bords unissons-nous pour faire barrage aux dérives qui conduisent notre pays tout droit vers des difficultés de grande ampleur. 
  
  
Ce jeudi 4 septembre 2014 
  
  
  
Le Renégat (David Mandesi Diop) 
Mon frère aux dents qui brillent sous le compliment hypocrite 
 Mon frère aux lunettes d’or 
Sur tes yeux rendus bleus par la parole du Maître 
Mon pauvre frère au smoking à revers de soie 
Piaillant et susurrant et plastronnant dans les salons de la condescendance 
Tu nous fais pitié 
Le soleil de ton pays n’est plus qu’une ombre 
Sur ton front serein de civilisé 
Et la case de ta grand-mère 
Fait rougir un visage blanchi par les années d’humiliation et de Mea Culpa 
Mais lorsque repu de mots sonores et vides 
Comme la caisse qui surmonte tes épaules 
Tu fouleras la terre amère et rouge d’Afrique 
Ces mots angoissés rythmeront alors ta marche inquiète : 
Je me sens seul si seul ici ! 
  
  


Samedi 6 Septembre 2014 - 07:41





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