- A la veille de l’ouverture de la présente session unique de l’Assemblée nationale en octobre 2015, la presse nationale nous a appris que le Président Sall a convoqué les députés du groupe parlementaire Bennoo Bokk Yaakaar (majoritaire à l’Assemblée nationale) et leur a demandé de respecter les choix qu’il a faits pour les différentes responsabilités à assumer à l’Assemblée nationale : Présidence de l’Assemblée, membres du Bureau, présidents de commissions, etc. avant de les mettre en garde contre toute velléité de protestation. ‘Que personne ne vienne ici se plaindre’ leur aurait-il dit. Et, effectivement, l’on n’a pas encore été au courant du moindre remous dans les rangs.
- De l’autre côté, le groupe de l’Opposition, initialement composé exclusivement de députés du Parti démocratique Sénégalais (PDS), a recueilli la décision du Président Wade, leader de ce parti, consistant à changer la tête du groupe pour confier celui-ci à une dame en la personne de Madame Aïda Mbodj.
3.Entre temps, les discussions et concertations au sein de l’Opposition ont connu des avancées appréciables qui ont permis à celle-ci d’envoyer 9 députés supplémentaires dans le groupe libéral et démocratique. La vraie raison de la crise qui sévit à l’Assemblée nationale vient de cette nouvelle réalité. Tout le reste n’est qu’habillage. Le pouvoir a décidé de nier cette réalité mais n’en a pas les moyens juridiques. Il ne lui reste alors que la forfaiture c'est-à-dire utiliser la force brutale contre la loi pour faire passer ses désirs dans la réalité. Il a donc décidé de choisir, lui-même, celui qui doit diriger le groupe de l’Opposition.
- Tout cela obéit à une stratégie très claire au vu des enjeux majeurs qui se profilent à l’horizon. L’Année 2016, veille d’élections présidentielles et législatives, verra passer des textes de portée majeure à l’Assemblée nationale et les Sénégalais doivent en être très conscients. On parle de référendum ; on parle de réduction du mandat du Président de la République ; des conclusions de la Commission nationale de réforme des institutions qui sont sur la table du peuple tandis que le Président promet de n’en prendre que ce qui l’intéresse ; du processus électoral qui commence à susciter les plus grosses inquiétudes avec les démarches exclusivistes du ministre de l’Intérieur dont on a même cité le nom dans les tentatives de retourner des députés de l’Opposition en faveur du pouvoir. Ce ministre de l’Intérieur qui a récemment organisé un atelier d’évaluation des élections locales en excluant l’Opposition sans aucune gêne tandis que le chargé des élections de son parti était bien présent ; de la question des cartes d’identité (obligatoire pour le vote) dont plusieurs millions expirent dans quelques mois et des cartes d’électeurs que l’on envisage de faire confectionner en catimini en en Malaisie à l’insu de l’Opposition et tant d’autres sujets essentiels liés aux conditions de vie du peuple, à la gouvernance, etc.
- Le Président Sall et ceux qui le soutiennent ne souhaitent pas qu’une Opposition avisée, opiniâtre et ferme puisse leur faire face au parlement. Mais en démocratie l’on est obligé d’accepter souvent ce qui ne nous convient pas.
- Le Secrétariat d’And-Jëf/Pads condamne avec la dernière énergie les agressions barbares perpétrées par certains députés (pas tous) de la Majorité contre les parlementaires de l’Opposition qui n’ont fait que résister contre la forfaiture, contre l’oppression.
- Nous demandons à Macky Sall d’écouter toutes ces voix - dont beaucoup ne lui sont pourtant pas hostiles – qui lui demandent de respecter et faire respecter les droits de l’Opposition de s’organiser en groupe parlementaire à l’Assemblée nationale. Cette Assemblée a cessé d’être monocolore depuis 1978. Elle ne le redeviendra jamais plus du moins aussi longtemps que des patriotes seront en vie sur cette terre de résistance.
- Nous soutenons l’Opposition parlementaire et demandons à tous les militants, à tous les sympathisants d’AJ/Pads et à tous les Sénégalais épris de paix et de justice de se préparer à venir prendre part à l’occupation de la place Soweto lorsque la date et l’heure en seront fixées.
Dakar le 04 novembre 2015
Le Secrétariat Permanent
Ousmane Sonko : ”Nous transformerons ce pays’’
