L'importance de booster le secteur du tourisme!

Tout le monde reconnaît le fort potentiel de développement du secteur touristique au Sénégal. On sait que le gouvernement a longtemps nourri de grands espoirs sur le secteur, dont il a espéré porter la contribution au Pib, de 6 à 10%. Du fait d’un diagnostic insuffisant du secteur, des mesures inappropriées ont été pris, notamment la suppression de l’Agence nationale de promotion du tourisme (Anpt), la mise en place duvisa obligatoire aux ressortissants des pays qui demandent le visa aux Sénégalais, donc, quasiment à tous les pays émetteurs de touristes au Sénégal. Ces différentes mesures, ajoutées à des circonstances extérieures indépendantes comme l’érosion marine qui touche la Petite côte et devaste les belles plages de Saly Portudal et de Cap Skiring, et surtout, la fièvre à virus Ebola, qui a fait fuir la majorité des touristes de l’Afrique de l’Ouest, et donc du Sénégal, ne sont pas de nature à résoudre la crise dans le secteur du tourisme. Dans son document sur les objectifs de croissance et les orientations budgétaires, le cabinet d’audit et de conseil Grant Thornton,précise : «Avec la cascade d’annulations de réservations dans le secteur hôtelier, la baisse devrait atteindre 2,5% en 2014, après un recul de 5,3% en 2013. Cette tendance pourrait se poursuivre en 2015». Le gouvernement a finalement fini par prendre des mesures draconiennes, notamment, en rétablissant la promotion du secteur, pour la confier à une Agence sénégalaise de promotion du tourisme (Aspt). Ladite agence devrait se voir dotée d’un budget de départ de 4 milliards de francs Cfa, à en croire le chef de l’Etat Macky Sall. Mais ce qui est beaucoup plus rassurant, c’est le fait d’avoir porté à la tête de son Conseil de surveillance le plus grand défenseur du tourisme sénégalais, M. Mamadou Racine Sy, propriétaire de plusieurs grands hôtels à travers le pays, entre autres. Car en ce qui concerne le budget dont devrait être doté l’Aspt, le document de Grant Thornton nuance fortement en précisant : «Le montant des ressources prévues pour l’Aspt dans le budget 2015 est de 211 millions de Cfa, bien en-dessous de l’engagement initial de 4 milliards de Cfa.» Et même pour cette fameuse dotation de 4 milliards, le cabinet de conseil affirme : «Il convient de souligner que l’Organisation mondiale du tourisme recommande un budget de promotion compris entre 1,5% et 3% des recettes. A cet effet, le budget de promotion pour 2015 devrait être normalement compris entre 7,8 milliards et 15,6 milliards de Francs Cfa». C’est dire qu’il reste encore un long chemin à parcourir. Néanmoins, tous les acteurs ont tenu à louer les bonnes intentions et la bonne volonté manifestées au plus haut niveau de l’Etat, pour relancer le secteur. C’est ainsi que le 3 avril dernier, le président de la République a annoncé que «le visa payant pour l’entrée au Sénégal sera supprimé à compter du 1er mai 2015. La parafiscalité sur le billet d’avion sera réduite de 50%, pour baisser le prix du billet. Seront concernées la redevance passager et la taxe de sûreté, dont le cumul s’élève à 8,4 milliards par an. Ces mesures s’ajoutent à la suppression du droit de timbres sur les billets d’avion». Il semble que c’est là la méthode trouvée par les autorités pour essayer de réduire un tant soit peu le prix du billet d’avion au Sénégal. Sur ce point, le document de Grant Thornton faisait remarquer que la Redevance pour le développement des infrastructures aéroportuaires (Rdia) posait problème, au moment où l’on se dirigeant vers la fin des travaux de l’aéroport Blaise Diagne (Aibd) : «Il convient de souligner que la Rdia a été nantie au profit des bailleurs pour le financement de l’aéroport. Il faut constater l’impuissance des autorités face à une quelconque modification de la Rdia avant la fin du remboursement total du financement.» La brochure rappelait et constatait par ailleurs : «La recommandation du premier forum national sur la compétitivité consistait à considérer l’impact de cette redevance qui grève fortement les tarifs des billets d’avion, contribuant à renchérir la destination Sénégal. Les autorités devront procéder à des arbitrages qui pourront s’avérer difficiles, entre les préoccupations d’ordre budgétaire et les objectifs de relance d’un secteur pourvoyeur de devises et générateur d’emplois». Source : Grant Thornton